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    iris
     
     
     
    CHAPITRE 19




    Cela faisait maintenant un an que toute cette histoire s’était passée. Est-ce que j’étais heureuse ? Je pouvais dire avec certitude que non. J’avais le cœur qui battait mais il n’était plus avec moi, il était parti il y a de cela plusieurs mois.

    J’avais un travail et je poursuivais encore mes études. Encore quelques semaines et j’en aurais terminé.

    Lorsque je n’étais pas en cours j’étais chez Blaise, un mec sympa, mon patron. Il avait la quarantaine, n’était pas d’une beauté fulgurante et commençait à prendre un peu de ventre sous l’œil attendri de sa femme. Il avait deux garçons, des jumeaux, Maxime et Grégory âgés d’une dizaine d’années.

    J’étais devenue experte dans la vente de maison. Ah oui je ne vous avais pas dit que je travaillais dans une agence immobilière. Pas trop ce que j’aurais voulu mais il fallait bien se nourrir et payer les factures. Et puis faire visiter des biens me laissais du temps pour aller en cours. Sans compter que j’étais en contact avec des gens ce qui me permettait de me sortir de ma solitude.

    Je n’avais pas beaucoup d’amis et le si peu je ne les voyais qu’à l’université, en dehors, ça ne m’intéressait pas plus que ça. En fait je croyais que je faisais fuir les personnes qui s’approchaient de moi.

    L’été dernier j’étais partie aux Etats Unis, j’avais besoin de revoir mes parents, besoin de me rendre compte par moi-même que je n’étais qu’une étrangère à leurs yeux. Ils avaient l’air heureux, travaillaient beaucoup et ils avaient une vie sociale….. Sans moi. Je n’étais qu’une étrangère pour eux, une gentille fille qui a demandé un jour son chemin. J’avais mis deux mois à m’en remettre.

    Mais je m’en suis sortie, encore. Ma vie se résumait à peu de choses mais je m’accrochais.
    Les hommes et moi étions ennemis. Je n’en voulais pas ! C’était un choix ! Je préférais être seule plutôt que mal accompagnée, c’est ce qui se disait je crois ! J’étais froide à leurs avances, je n’étais la femme que d’une seul personne et je l’avais perdu.


    Je n’avais jamais eu de nouvelles. Au début je regardais de temps en temps sur le net mais plus rien. C’était comme si le groupe s’était dissous. Il avait dit à Hector qu’il partirait loin et je me rendais compte qu’il avait tenu parole. Qu’est-ce qu’il devenait ? Où était-il ? Ces questions me revenaient souvent en tête. Je suis passée devant chez lui une fois ou deux par la force des choses à cause de mon travail mais rien. Ça n’avait pas l’air d’être habité et pourtant elle n’avait jamais été mise en vente. Etait-ce que je devais garder l’espoir de le revoir ? Il m’a écrit qu’il reviendrait mais quand ? Lorsque je serais vieille et toute ridée. Une vieille fille acariâtre et seule, terriblement seule. Je préférais ne pas y songer pour l’instant et continuer à regarder défiler les jours et les années.

    Et pourtant ce matin là lorsque je suis sortie de mon immeuble j’ai vu une ombre. Une ombre qui m’épiait, j’en étais certaine. Je croyais en avoir fini avec tout ça. Pendant six mois j’ai été sous surveillance vampirique comme j’aimais me le dire. Et puis un jour plus rien. Mais là, de l’autre côté de la rue, il y avait quelqu’un et ce sentiment d’insécurité est revenu me frapper.

    J’essayais de ne rien faire paraitre et j’avançais d’un pas sûr vers ma voiture. Pourquoi n’avais-je pas trouvé de place plus près hier soir ?

    Toute la journée je n’ai pas eu l’esprit tranquille. J’avais dit à mon patron que j’avais un truc urgent à faire et qu’il fallait que je rentre tôt. Ce soir je devais rentrer avant la nuit, j’en étais certaine.

    Je savais au plus profond de moi que si c’était Raphaël qui avait été tapi dans l’ombre je l’aurais su. J’ai toujours ressenti sa présence autour de moi. Il m’aurait comme à son habitude enveloppée de cette chaleur, de son intimité, de ses pensées pour moi. Et là il n’y avait que froideur et désespoir.

    La route m’a paru longue et j’ai eu la chance de trouver une place juste devant l’entrée de chez moi. J’étais rassurée et préparais mes clefs afin de ne pas perdre de temps alors que je faisais mon code.

    J’étais dans le hall, la porte s’était refermée et je me suis tout de suite sentie à l’abri. Un grand souffle de soulagement a percé le silence. Je suis montée à mon étage, les clefs dans mes mains, tremblante pour ouvrir la porte de mon appartement. Puis j’ai claqué la porte de tout mon poids, me mettant à l’abri pour la nuit.

    Mais je n’avais pas eu le temps de faire un pas que des bras m’encerclèrent et qu’une main s’abattait sur ma bouche. Un souffle froid me chatouillait les oreilles et je sentais la fin de ma vie approcher à une vitesse inimaginable.

    - Chuuuutt ! me dit la voix. C’est moi Calum. Si je te lâche promets-moi de ne pas crier.

    J’avais peur mais je lui ai fait un oui de la tête. Il m’a lâché et s’est reculé pour atteindre l’interrupteur. C’était bien lui, l’ami de Raphaël. Il avait changé. Il n’était plus aussi arrogant et pourtant n’est-ce pas lui qui s’était amusé de mon amie avant qu’Hector ou ses sbires ne la tue en la vidant de son sang ? M’en voulait-il pour Raphaël et le fait qu’il n’y avait plus de groupe ? Etait-il là pour se venger ? Je n’arrivais pas à prononcer quoi que ce soit tellement je tremblais encore de cette agression.

    - Viens t’assoir, tu es toute pâle. Je suis désolée mais il ne fallait pas que je me fasse remarquer. Je devais t’empêcher de crier. Les humains sont assez forts pour cela dans des moments d’angoisse intense.

    - J’en ai vu d’autre ! répondis-je simplement en m’écroulant sur mon canapé.

    Il ne s’est pas assis à côté de moi, mais en face de moi, dans l’unique fauteuil qui trônait dans la pièce.

    - Tu te sens mieux ? demanda-t-il.

    - Un peu oui ! Mais laisse-moi encore quelques minutes s’il te plait.

    - Je ne suis plus à ça près ! ça fait des heures que j’attends ici.

    - Quoi ? Tu es dans mon appartement depuis combien de temps ?

    - 5 heures à quelques minutes près.

    - Tu …. Mais …. Comment es-tu rentré ?

    - J’ai les clefs.

    - Quoi ?

    Cette fois j’étais en colère et me suis relevée brusquement. Mais Calum m’a attrapé le bras et m’a forcé à m’assoir.

    - Si j’avais voulu te faire du mal je crois que j’aurais agi depuis longtemps non ?

    Il avait raison. Mais je me sentais violer dans mon intimité. Jamais je n’aurais pensé qu’ils avaient la possibilité d’entrer ici comme ils le voulaient. C’était justement le seul endroit où je pouvais respirer librement et maintenant même ça on me l’avait enlevé.

    - Je n’aurais pas utilisé ce moyen si ça n’avait été urgent. Crois-moi bon sang ! Je pourrais suggérer à ton esprit de me suivre ou de faire ce que j’ai envie mais comme tu le vois je ne suis pas là pour ça. Je veux que tu aies toute ta tête pour entendre ce que j’ai à te dire. C’est grave Léna !

    - Raphaël ? demandais-je brusquement.

    - Oui. Je vois que tu es toujours liée à lui, même si ça fait plusieurs mois que vous ne vous êtes pas vu. Les autres ne voulaient pas me croire. J’avais raison, tu es la seule solution.

    - Parle bon sang ! Tes énigmes m’ennuient et m’inquiètent.

    - Raphaël est en train de mourir Léna.

    Je restais bouche bée, impossible de réagir à cette phrase qui se répétait comme dans un écho dans ma tête. C’était impossible. Un vampire ne pouvait pas mourir sauf si un autre vampire le tuait. C’est ce qu’il m’avait dit, j’en étais sûre.

    - C’est Hector qui lui a fait ça ? Il l’a attaqué ? Blessé ? Où est-il ?

    - Ohhhh ho ! Arrête avec toutes tes questions. Je vais répondre mais une seule à la fois.

    - Ok !

    - Alors non ce n’est pas Hector qui l’a attaqué. D’ailleurs personne ne s’en est pris à lui. Blessé ? oui et non. C’est plus compliqué que ça. En fait il se meurt.

    - Je ne comprends pas. Comment un vampire peut mourir comme ça ?

    - Au début nous non plus on ne comprenait pas et puis on s’est souvenu des paroles du seigneur d’Ecosse, tout part d’une légende. Seulement il y avait un problème, Raphaël ne voulait pas être sauvé, il ne voulait pas nous parler de cette fameuse légende, cette malédiction pour les vampires. Pendant des mois il a tenu le coup, se concentrant un maximum et dépensant très peu d’énergie. Nous ne comprenions pas pourquoi il ne voulait plus se nourrir. Nous l’avons questionné mais rien à faire il restait muet. Et puis les autres en ont eu marre et sont partis refaire leur vie ailleurs. Moi aussi je suis partie, le laissant seul. C’est vrai que nous pensions qu’il lui fallait une bonne leçon et surtout qu’il arriverait à dire adieu à celle qu’il avait perdu.

    - Moi ?

    - Oui. Evidemment ! Tu sais tout ce qu’il a dit ce soir là dans le château était faux. Il savait ce qu’Hector faisait et il ne voulait pas de ça pour toi. Sans compter qu’il se sentait coupable de t’avoir aimé, de t’avoir mêlée à sa vie, à sa condition.

    - Il m’a aimé ? me dis-je comme à moi-même.

    - Eperdument et il t’aime encore.

    - Alors pourquoi n’est-il pas venu me rejoindre ?

    - Tous les deux vous êtes sous surveillance. Encore aujourd’hui il faut se montrer prudent. Tu me permets de continuer ?

    - Oui.

    - Où est-il ? Tout près d’ici. Il y a six mois lorsque je suis retourné le voir il était devenu très faible mais m’a demandé de le ramener dans sa maison, ici. Depuis je lui tiens compagnie. Il ne voulait pas que je vienne te le dire. Il avait peur pour ta vie. Mais depuis ce matin il ne réagit plus et surtout il ne se réveille plus.

    - Il…. Est….

    - Non pas encore ! C’est nouveau pour moi. Jamais je n’avais entendu pareil cas. Mais une chose est sûre il a besoin de se nourrir.

    - Comment ? Il ne se nourrit plus ?

    - Plus rien depuis l’Ecosse.

    - Mais c’est impossible. C’est vital pour vous et surtout c’est dans votre nature. ça veut dire qu'il n'a rien bu depuis plus d'un an ?

    - Oui. Mais il a une force impressionnante. Et le pire c’est qu’à chaque fois que j’ai essayé il a été malade, rien n’y fait, il ne supporte plus de boire du sang.

    - Je l’ai vu au château lorsqu’il s’est nourri de cette fille. Il a vomi et s’est plié de douleur. Comment lui venir en aide ?

    - D’abord je pense qu’il faut que je l’amène ici. Il a besoin de toi Léna. Je ne sais pas par quel moyen tu peux le sauver mais cette malédiction est liée à l’amour que vous éprouvez l’un pour l’autre.

    - On va vous voir ?

    - Non. J’ai tout préparé dans le moindre détail. Je sais que je peux y arriver. A une condition !

    - Laquelle ?

    - Que ça se fasse cette nuit.

    Je n’arrivais pas à croire que j’allais le revoir, seules les larmes qui coulaient le long de ma joue et les battements de mon cœur précipités me donnaient la certitude que je réagissais à la situation.

     

     

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    iris

     

    CHAPITRE 18



    Je longeais la rue depuis de longues minutes cherchant le numéro 356 lorsqu’enfin je m’arrêtais devant un immeuble particulier possédant à mon avis deux ou quatre appartement seulement.

    Pour entrer il fallait un numéro que je trouvais dans mon enveloppe. Je tapais le 1729 sur le petit clavier gris et froid et la porte s’est ouverte automatiquement.

    J’entrais dans le hall sans grande conviction de peur de m’être trompée d’endroit. Le hall était lumineux et je trouvais l’ascenseur rapidement. J’étais passée devant les boites aux lettres mais j’avais tout le temps de m’y intéresser plus tard. Pour l’instant le plus urgent était de me réfugier quelque part. J’avais besoin d’évacuer mon chagrin qui restait pour l’instant au fond de ma gorge.

    L’appartement était au premier étage et mon nom était inscrit sur la plaque à côté de la sonnette. Etais-je prête à franchir le seuil ? Sur le moment j’essayais de ne pas trop réfléchir. J’ai pris la clef que j’avais glissé dans ma poche. Heureusement pour moi, j’avais réussi à me changer avant de partir d’Ecosse. Je me serais fait passer pour une folle si les gens m’avaient vu débarquer en ville habillée d’une robe d’un autre temps. Je tournais deux fois le verrou et appuyais sur la poignée me laissant apercevoir mon nouveau chez moi.

    Je fermais la porte sans prendre le temps de regarder autour de moi. Je tournais le verrou deux fois et j’ai mis les clefs dans ma poche. Je soufflais un grand coup et je me suis retournée. Stupéfiant ! j’étais éblouie par tant de luxe. Si je n’avais été au pied du mur je serais repartie au plus vite. Mais voilà je n’avais plus de chez moi. Ma maison avait été vendue et mes parents ne savaient plus qu’ils avaient une fille.

    C’est là que ça m’a pris. En pensant à eux, en voyant leurs visages. Je me suis laissée glisser sur le sol et j’ai pleuré, j’ai crié, j’ai jeté ce qui me tombait sous la main. J’avais mal, très mal. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça ? Etait-ce parce que j’étais tombée amoureuse de la mauvaise personne que je devais expier mes pêchers ?

    Non ! Je ne le croyais pas ! Je ne suis pas très croyante ! Enfin mes parents ont été tenté dans leur vie de tester plusieurs sortes de religions. Mais ils ne se sont jamais attardés assez longtemps pour que moi-même je sois la femme d’un seul dieu. En fait j’étais plutôt la femme d’un seul démon, d’un esprit du mal, non ?

    Enfin les larmes ont cessé et je me suis relevée. J’ai posé l’enveloppe sur le meuble de l’entrée et j’ai avancé pour découvrir où j’allais vivre maintenant.

    La cuisine ressemblait à celle de Raphaël. Je l’avais trouvé belle chez lui, maintenant ça me faisait penser à de mauvais souvenirs. Malgré ça il ne manquait rien, les placards étaient pleins, le frigo aussi, j’avais tous les électroménagers les plus modernes. Je m’approchais de la fenêtre et je me trouvais sur le devant de l’immeuble avec une vue discrète sur la rue.

    Derrière un petit bar se trouvait le salon/salle à manger. Cette pièce était spacieuse mais pas trop. Chaleureuse à souhait avec tout le confort. Je passais ma main le long du canapé, des meubles, du fauteuil et des meubles en bois clair.

    J’avais même le droit à une TV à écran plat d’une dimension impressionnante et d’un lecteur dvd.

    Je continuais mon exploration et prenais le couloir qui me menait très certainement vers la chambre. En fait il y en avait deux. La première était simple, lumineuse et sans vie. La deuxième me fit reculer légèrement. C’était ma chambre ! Celle que j’avais chez mes parents. Rien ne manquait. Tout était à sa place comme si on avait pris une photo avant de les emporter pour faire en sorte de tout remettre à sa place exacte.

    Sur le lit un album photo. L’album photo de ma vie. On avait pris la peine de trier les photos de mes parents ceux qui faisaient mon histoire, des photos où j’étais seule ou avec mes parents. J’étais touchée par ce geste, c’était ma vie qui se trouvait dans ce livre.

    Lorsque je l’ai pris dans mes bras, une enveloppe est tombée.

    Je l’ai pris, tremblante je l’ai ouverte. J’ai pris fébrilement la feuille qui se trouvait à l’intérieur et je me suis mise à la lire à voix haute.

     

     

     

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    J’avais enfin un début d’explication mais ce n’était pas suffisant. Pas suffisant pour l’instant, pour que je puisse totalement lui pardonner. Parce que si ce n’est pas lui qui m’a fait du mal c’est ce qu’il est qui en est la cause et j’avais besoin de temps pour l’assimiler.

    J’ai relu plusieurs fois la lettre comme si j’attendais quelque chose sans savoir ce que c’était. Peut-être que cette lettre était comme l’album une attache à mes souvenirs, histoire de ne rien oublier.

     

     

     

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    iris
     
     
     
    CHAPITRE 17




    Je n’osais pas regarder ce qui se passait dans la salle et pourtant je savais que la fête allait débuter d’un instant à l’autre. J’entendais le brouhaha des voix qui me parvenait du haut de mon perchoir.

    La musique était en fond, douce et mélodieuse. Puis elle s’est arrêtée et la voix de l’homme en costume gris a percé le silence.

    - Bonjour mes amis, mes frères, mes enfants. Encore une fois je vous remercie pour votre fidélité et votre loyauté envers moi et mon royaume.

    J’étais écœurée, son royaume. Il se prenait pour qui ? Mais en fait qu’est-ce que je savais du monde des vampires ? Il y avait certainement une hiérarchie autre que le fait des liens qui unissaient le créateur à sa progéniture. Je me disais que j’aurais dû me renseigner, je n’avais vraiment pas été curieuse sur le sujet. Si je pouvais revenir en arrière je poserais des questions à Raphaël.

    Raphaël ! Rien que son nom me faisait frémir d’une étrange douleur.
    Etait-il déjà là ? Savait-il que j’étais enfermée dans cette cage ?
    Certainement oui car jusqu’à présent il avait toujours senti ma présence.

    Le discours continuait faisant le bilan de je ne sais quelle situation dans un monde qui m’était inconnu. Puis la musique reprit alors qu’il souhaitait à tout le monde de passer une bonne soirée.

    Je n’osais pas remuer sachant que la cage bougerait également et me donnerait très certainement la nausée. Je n’avais jamais aimé les manèges alors me retrouver dans un endroit instable à plusieurs mètres au dessus du sol m’effrayait au plus haut point.

    Mais alors que j’avais décidé de ne pas me montrer afin de passer inaperçue j’ai senti cette chaleur m’envahir, m’envelopper, ce sentiment qui m’avait tant manqué. Je me suis mise debout doucement et me tenant aux barreaux j’ai scruté la salle à la recherche de celui que je désirais voir. Je l’ai repéré au fond près du buffet, il regardait autour de lui, il cherchait quelque chose. Puis j’ai vu Calum lui serrer l’épaule et me montrer du doigt, nos regards se sont croisés enfin et j’ai ressenti toute la douleur qu’il avait en lui. Ses yeux étaient à la fois apeurés et en colère.
    J’aurais pu rester ainsi si un rire n’avait pas surgit à ce moment.

    Je regardais en dessous de moi. L’homme au costume gris avait vu la scène et il s’amusait beaucoup de la situation. Il fit signe à Raphaël pour qu’il vienne le rejoindre. C’est ce qu’il a fait alors qu’il ne me regardait plus. Mais la chaleur qui entourait mon corps était toujours présente, m’enveloppant afin de me rassurer.

    Tout le reste de la soirée Raphaël était assis à côté de son créateur et moi au-dessus d’eux ne sachant comment réagir. Pas un seul instant il n’a tourné son regard vers moi. Pas un seul instant il n’a dit un mot. Ils étaient là tous les deux regardant la foule se trémousser au son de la musique. Puis l’homme au costume gris a claqué des doigts et des femmes vêtues de bouts de tissus transparents comme on pouvait se les imaginer dans les harems d’un émir se sont installées à ses pieds.

    Il en a pris une par les cheveux afin qu’elle vienne un peu plus près et d’un seul mouvement il a enfoncé ses crocs dans son cou, se délectant d’un met succulent. Puis il l’a jeté à ses pieds la laissant reprendre sa place à côté des autres. Il en a choisit une autre qu’il a montré à Raphaël et qui s’en un regard vers moi s’est lui aussi nourrit à son cou.

    J’étais désespérée et j’aurais voulu crier ma colère mais aucun son ne sortait de ma bouche, juste des larmes encore une fois. Je m’agrippais au niveau de mon ventre, je serrais le tissus de la robe jusqu’à ce que mes doigts blanchissent. Je souffrais de tout mon cœur de toute mon âme de ce que je voyais mais c’est alors qu’une chose incroyable est arrivée. Raphaël s’est mis à vomir, ses mains se crispaient au niveau du ventre, au même endroit que moi d’ailleurs. Il était à quatre pattes sur le sol et avait l’air de souffrir.

    Calum et les autres membres du groupe sont venus l’aider mais ils ont été stoppés net par l’homme qui se trouvait sur son grand siège rouge.

    Je serrais maintenant les barreaux de la cage et je regardais Raphaël tousser et essayer de se relever.

    Le silence était dans la pièce, il n’y avait plus la musique et tous les regards étaient tournés vers la scène qui se passaient sous leurs yeux. Certains avaient le regard brillant et moqueur, d’autres avaient le regard indifférents, et enfin il y avait ceux qui étaient si étonnés par ce qu’ils avaient sous les yeux.

    Je m’inquiétais pour l’homme que j’aimais. Car oui il m’avait laissé mais je l’aimais encore. Enfin il s’est levé et a essuyé d’un revers de la main le sang qui coulait le long de sa bouche. Calum m’a regardé d’un air désespéré. Qu’est-ce qu’il se passait ? Que lui était-il arrivé ? Est-ce que son créateur l’avait empoisonné ?

    L’homme au costume gris s’est levé.

    - Mes amis. Continuez à vous amuser. Je dois me retirer avec mon « fils ».

    Il a fait signe aux deux vampires qui étaient venus me chercher et ils se sont dirigés vers moi afin de me faire descendre de mon perchoir. Ils ont ouvert la cage et j’ai voulu me précipiter vers Raphaël mais c’était sans compter les sbires de monsieur le roi du château pour m’en empêcher. J’ai voulu me débattre mais la chaleur m’a enveloppé me calmant instantanément.

    Suivaient derrière moi l’homme au costume gris suivi de Raphaël.

    Nous nous sommes tous retrouvés dans une pièce, un mélange de bibliothèque et de bureau. Une odeur âcre se dégageait et me faisait grimacer. J’avais moi aussi envie de vomir mais rien ne sortait vu que je n’avais pas mangé depuis un certain temps. J’avais juste des nausées.

    - Alors Raphaël, n’as-tu rien à me dire ?

    - Non. Rien ! C’est pour m’empoisonner que tu m’as fait venir ici Hector ?

    - Non c’est juste pour avoir une confirmation.

    - Et je peux savoir laquelle ?

    - Son sang ! dit-il en me montrant du doigt.

    - Je ne comprends pas.

    - Oh si tu comprends très bien ce que je veux dire. Tu as certainement entendu parler de cette légende.

    - Quelle légende ? demandais-je soudain.

    Hector, dont je venais d’apprendre son nom, me frappait du revers de la main me faisant tomber lourdement.

    Raphaël s’est écroulé en même temps que moi. Je le regardais ahuri ne comprenant pas ce qui se passait. J’avais mal et je me tenais la joue qui me chauffait inévitablement.

    - Toi, femme, tu n’as pas le droit à la parole, et se tournant vers Raphaël, tu ne vois pas de quoi je parle et pourtant tu dois sentir ce changement en toi. Comment as-tu trouvé cette humaine ? Explique-moi !

    Raphaël s’est redressé, se tenant non loin de moi. J’avais envie de le toucher, de me blottir dans ses bras mais je le sentais distant et froid.

    Il a raconté notre histoire sans entrer dans les détails de notre intimité.

    Il lui a expliqué les sentiments qui s’étaient bousculés lorsqu’il m’a vu la première fois et qui l’avaient bouleversé le poussant à me connaitre.

    Puis j’ai enfin eu l’explication de sa disparition le matin où il avait bu mon sang. Mais ce n’était pas ce que j’aurais voulu. Il disait qu’il avait compris qu’il ne voulait plus cette vie là, qu’il voulait retrouver sa liberté et son goût pour la chasse et la luxure. Je venais de recevoir une autre claque et celle-ci me faisait beaucoup plus mal que la première, mon cœur s’était brisé en mille morceaux et je sentais le vide qui se trouvait à sa place. J’écarquillais les yeux car Raphaël avait l’air de souffrir et sa main était posée au niveau de son cœur.

    - Tu veux jouer encore longtemps les imbéciles ou bien tu ne comprends vraiment pas ce qui t’arrive ? Ressent-elle aussi tes humeurs, tes sentiments les plus intimes ?

    Je savais qu’il parlait de la chaleur qui m’envahissait lorsqu’il pensait à moi. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Je voulais moi aussi des explications mais je n’osais plus dire un mot de peur de me prendre encore une fois un coup.

    - Je ne sais pas, dit-il dans un souffle.

    - Je ne te crois pas. Mais peu importe je vais te libérer de son emprise et de cette malédiction. Je vais être obligé de la passer au pouvoir de l’iris pour te sortir de cette impasse. Je voulais te donner une leçon car je croyais que tu étais amoureux d’elle et que tu voulais faire avec elle le lien du sang afin de te libérer de mon emprise.

    - Je n’aurais jamais fait ça, père ! Je vous suis reconnaissant pour ce que vous voulez faire pour moi mais je ne crois pas que ce soit nécessaire. Je vais partir, m’éloigner d’elle, de son attraction. Dans quelques années elle ne sera plus un problème pour moi et je reviendrais.

    - Et si tu n’arrives pas à t’éloigner ?

    - Alors vous pourrez faire ce que vous vouliez au départ. La soumettre à votre pouvoir ou la tuer.

    Je n’arrivais pas à croire à ses paroles. Mes larmes étaient encore là, d’ailleurs depuis le temps que je pleurais je me demandais comment je pouvais y arriver encore. Il ne m’aimait pas ! Voilà ce que je retenais et ma souffrance était si forte que je voyais Raphaël tituber légèrement serrant ses poings contre son corps.

    - Est-ce que je peux partir maintenant ? demanda-t-il.

    - Tu ne veux pas lui dire adieu ? répondit Hector avec un sourire.

    - Non, pourquoi ? Elle a gâché ma vie et m’oblige à partir loin d’ici donc je n’ai rien à lui dire.

    - Et pourtant tu choisis pour elle la liberté.

    - Oui. C’est juste pour la remercier des bons moments que j’ai passé en sa compagnie. Elle a été une bonne distraction. Puis-je compter sur vous pour la ramener chez elle ?

    - C’est une faveur ?

    - Oui.

    - Soit ! Adieu jeune demoiselle. Je suis désolé. En fait non, je ne suis pas désolé. J’espère que vous allez souffrir de cette séparation tout le reste de votre vie. Et si d’une manière ou d’une autre vous essayez de reprendre contact avec mon fils vous savez que je ne vous donnerais pas une autre chance. Je voulais juste vous dire que j’ai été stupéfait par le sang froid que vous avez eu en notre compagnie ces derniers jours. Vous avez beaucoup de caractère et beaucoup de courage.

    - Si j’avais eu du courage j’aurais essayé de vous tuer.

    - Peine perdue !

    - Oui. Mais j’aurais pris un plaisir immense à essayer.

    En riant il a fait signe à ses deux gardes du corps qui m’ont poussé vers la sortie. Cependant avant de franchir la porte je me suis retournée et j’ai enfin croisé le regard de Raphaël.

    - De mon côté je t’aimais d’un amour pur et véritable.

    Je suis partie rapidement ne m’attendant pas à avoir une réponse de celui qui m’avait fait vibrer des nuits entières. Et surtout je redoutais que son maitre ne change d’avis à mon égard.

    Le chemin de retour m’a paru très long pourtant souvent lorsque l’on rentre chez soi les trajets nous paraissent plus courts. Cette fois-ci ce n’était pas le cas. Les deux vampires me regardaient encore avec envie comme lorsqu’ils sont venus me prendre de force devant chez Raphaël.

    Ils m’ont laissé là devant la maison de mes parents. Mais là un autre choc m’attendait. Sur la pelouse un panneau « vendu » s’y trouvait. Je courais vers la maison, la porte était ouverte et je me précipitais à l’intérieur.

    La maison était vide, totalement vide. Plus rien, plus de meubles. Mes parents avaient eu aussi disparu. Je les appelais de toutes mes forces mais il n’y avait que l’écho de ma voix pour me répondre.

    Je me suis rendue à l’hôpital, là où ils étaient sensés travaillés. J’ai été reçu par le supérieur de ma mère qui n’a pas compris pourquoi je les cherchais. Je ne comprenais plus rien. Je me suis excusée et suis partie vers le centre de la ville.

    Je regardais autour de moi et j’ai vu le nom de l’agence qui était inscrit sur le panneau devant chez moi. Je suis entrée et j’ai demandé des renseignements sur la maison. Apparemment la maison s’est vendue très rapidement et mes parents sont partis le matin même de ma disparition.

    - Melle Davis ? dit une voix derrière moi.

    - Oui. Vous me connaissez ? demandais-je d’un air ahuri.

    - Je connais vos parents. Ils m’ont donné des instructions pour vous. Si vous voulez bien me suivre dans mon bureau.

    Je me laissais faire.

    - Est-ce que vous savez où ils sont ?

    - Oui bien sûr. Vous étiez en voyage c’est ça ?

    - Si on peut dire. Mais assez parlé de moi, où sont mes parents ?

    - A Los Angeles !

    - Los Angeles ? Qu’est-ce qu’ils font là-bas ?

    - On leur a fait une superbe proposition dans une nouvelle clinique et ils devaient prendre leur poste rapidement.

    - Ça n’a pas de sens, ils ne seraient jamais partis sans m’en parler avant. Je n’y comprends rien.

    - Est-ce que vous connaissez un certain Calum ?

    - Oui, lui dis-je le cœur battant. Qu’a-t-il à voir avec mes parents ?

    - Rien. Sauf qu’il m’a demandé un service.

    - Vous…

    - Si je sais ce qu’ils sont ? Bien sûr ! Ils ont besoin de nous pour certaines choses vous savez.

    - Non justement je ne sais rien, et je ne veux rien savoir. Je ne veux plus avoir à faire avec eux. Je veux savoir la vérité sur mes parents et tout de suite.

    - Ça va ! Ne vous énervez pas ! Hector a fait en sorte que vos parents oublient votre existence. Vous n’étiez pas sensé revenir.

    - Merci ça fait plaisir.

    - Comprenez-moi. Je sais ce que fait ce personnage et je ne suis pas très fier de le connaitre. Mais heureusement pour moi il n’a aucune affaire dans le coin. Mais vous avez malgré tout des amis dans le monde des vampires je me trompe ?

    - Oui vous vous trompez encore une fois. J’avais des amis, je n’en ai plus.

    - Laissez-moi terminer s’il vous plait. Donc je disais que vos parents ne savent plus qui vous êtes. Mais avant leur départ une autre personne a pu leur faire admettre de mettre de l’argent sur un compte. Voici votre carte, vos papiers d’identité, et tout ce que vous aurez besoin pour justifier qui vous êtes.

    Il me tendit une grande enveloppe épaisse que je pris en la serrant contre mon corps.

    - Vos objets personnels, vos vêtements sont à cette adresse. L’appartement en situé dans un quartier très tranquille et sécurisé. Voici votre titre de propriété.

    - Un appartement ? On a forcé mes parents à m’acheter un appartement ?

    - Non. C’est un achat de l’autre personne.

    - Je n’en veux pas alors.

    - Je vous en pris réfléchissez. Vous ne connaissez plus personne, vous êtes seule au monde. Et puis pour être franc j’ai reçu des menaces. Ils s’en prendront à moi si vous n’acceptez pas. S’il vous plait ?

    - D’accord ! dis-je d’un air las.

    - Merci, me répondit-il d’un air soulagé.

    Au bout d’un quart d’heure je quittais l’agence et me dirigeait vers l’adresse que m’indiquait le bout de papier que je tenais dans ma main.

    Je n’arrivais pas à croire à cette histoire. Il fallait que je rentre quelque part. Je voulais évacuer mon chagrin mais sans témoin cette fois-ci.

     

     

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    iris
     
     
     
    CHAPITRE 16




    Le soleil qui se répandait dans la pièce me faisait mal aux yeux alors qu’ils étaient encore fermés. Je m’étirais et ouvrait un œil constatant la dure réalité, je n’avais pas rêvé. J’étais bien dans un château au milieu de nulle part avec des vampires dont un qui voulait me posséder.

    Je me tournais regardant autour de moi un plus intensément que la veille.

    Il y avait deux portes qui j’en étais sûre étaient verrouillées. Je me suis levée et je me suis dirigée vers les grandes fenêtres à petits carreaux pour essayer de savoir où je me trouvais. A l’extérieur du vert partout, une étrange sensation de déjà vu. Mouis peut-être l’Irlande ou l’Ecosse mais vu que j’étais dans un château je pencherais plus sur l’Ecosse.

    Mes parents devaient s’inquiéter. Ils avaient sans doute appeler la police.
    Ils étaient à ma recherche et donc à la recherche de Raphaël par la même occasion puisque mes parents étaient au courant de ma relation avec lui.

    J’étais seule dans ce monde hostile. Je me permettais à penser à l’amour que j’avais perdu. En fait je n’aurais voulu aucun autre homme que lui. Je pensais à la chaleur qui m’entourait lorsqu’il était à proximité ou qu’il pensait à moi. Mais depuis qu’il était partie aucune sensation, rien. Que des souvenirs de nos soirées, de nos nuits. Tous ces instants où j’ai cru qu’il m’aimait, tous ces instants où j’avais été si heureuse, si comblée.

    Je lui en voulais maintenant d’être parti sans aucune explication, ni même une lettre. Il était sorti de ma vie comme il en était entré. Allait-il venir ? Quelque part je le souhaitais mais de l’autre non. Toujours ces mêmes questions qui envahissaient mon esprit.

    Je voulais m’enfuir d’ici. Je voulais revoir mes parents, revoir une dernière fois Raphaël….

    La porte de la pièce s’est ouverte et je me suis retournée brusquement regardant autour de moi ce qui pourrait me servir d’arme si on s’approchait trop près de moi. A ma droite une petite statuette qui ferait peut-être l’affaire.

    Ce n’était qu’Abigail, celle qui m’avait apporté le plateau.

    - Bonjour, lui dis-je essayant de paraitre sûre de moi.

    - Bonjour, me dit-elle sans un regard d’une voix monotone.

    - Est-ce que vous savez ce qui va m’arriver ?

    - Vous allez servir le maitre.

    - Et si je ne veux pas.

    - Le maitre est bon.

    Je m’approchais de la jeune femme. Elle ressemblait à un automate sans vie et surtout sans âme. Je reculais en prenant conscience de ce qui pouvait m’attendre. Mon dieu non ! Je vais devenir comme elle, je n’aurais plus aucun souvenir de ma vie passée, il va faire en sorte que je le serve jusqu’à la fin de mes jours. La peur m’envahissait et mon cœur battait de plus en plus fort.

    Je regardais Abigail reprendre le plateau sans un mot, et fermer derrière elle la lourde porte qui m’emmènerait vers la liberté ou la soumission.

    Je n’avais pas eu le temps de m’apitoyer sur mon compte qu’une toux s’élevait derrière moi. L’homme en costume gris se tenait dans la pièce alors que je ne l’avais pas vu ni entendu entrer.

    - Bonjour Léna !

    - Qu’est-ce que vous voulez ? Vous voyez bien que votre « fils » n’est pas là donc tout votre stratagème ne sert plus à rien. Je vous demande, non je vous supplie de me laisser partir. Je ne suis pas celle que vous pensez. D’ailleurs je ne comprends rien à votre histoire. Je ne sais pas pourquoi je suis là et pourquoi vous faites ça à Raphaël.

    - Tu t’inquiètes pour lui n’est-ce pas ? me dit-il d’une voix mielleuse.

    - Non ! Je suis juste curieuse.

    - Je sais qui tu es Léna. Je sais beaucoup de choses, plus que ce que les gens pensent. Tu veux vraiment savoir de quoi il s’agit ?

    - Oui. Si je dois mourir ou … je préfère savoir pourquoi même si c’est la dernière chose que j’aurais apprise.

    - Tu es plus sereine sur ton sort que je ne le pensais.

    - Je vais être franche, je suis morte de peur. Vous êtes content, c’est ce que vous vouliez ?

    - Si tu savais comme je me moque de ta petite personne. Je veux juste donner une leçon à Raphaël.

    - Mais pourquoi ? Que vous a-t-il fait ?

    - Il a connu l’amour et moi non. Tu comprends je suis son créateur et il n’a pas à me surpasser en quoi que ce soit. Il doit toujours m’être soumis.

    - En quoi est-ce mal de connaitre l’amour ?

    - Le pouvoir jeune Léna. Le pouvoir du sang. Si un vampire et un humain mélange leur sang, c’est à dire si l’un et l’autre boivent respectivement leur sang et bien un lien magique et indestructible les uni. Un lien qui remplacera celui que le vampire a avec son créateur.

    - C’est ça ! Vous ne voulez pas perdre Raphaël, vous le voulez encore à votre merci.

    - Bien sûr. Tu te crois tellement irrésistible qu’il me faut t’avoir comme maitresse et servante ? Tu te fais des illusions ma petite, j’ai de bien plus belle pouliche dans ma demeure.

    - Ça tombe bien je ne veux pas vous appartenir alors laissez moi partir.

    - Non ! Encore une fois tu te berces d’illusions et puis je venais t’annoncer que Raphaël est en chemin. Abigail te préparera pour ce soir, j’organise une grande fête et je suis curieux de voir vos réactions.

    - Et si je ne veux pas y assister ?

    - Tu n’as pas le choix, tu seras en première ligne d’ailleurs et tu auras le privilège d’avoir la plus belle vue de la soirée.

    Je n’avais pas eu le temps de répliquer qu’il avait déjà disparu. Je m’écroulais sur le parquet afin de me calmer. J’avais fait preuve de courage me semblait-il mais maintenant je tremblais de partout et j’avais du mal à retrouver une respiration régulière.

    Raphaël était en chemin. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Venait-il pour me sauver ou pour montrer à son maitre qu’il était obéissant ? Comment je vais faire pour le regarder en face maintenant qu’il m’a laissé tomber ?

    Je restais là pendant des heures sans voir personne. La fin de la journée approchait et le temps m’avait paru interminable. Enfin la porte s’est ouverte sur Abigail suivie de deux autres jeunes femmes plus jolies les unes que les autres. Mais en les regardant bien elles avaient la même expression sur leur visage, enfin elle n’avait plus aucune expression, ni joie, ni tristesse, rien. Pour elles aussi leurs âmes avaient disparues.

    Elles ont tourné autour de moi, me déshabillant, me lavant, m’enfilant une robe d’outre-temps, oui une qui allait avec ce château comme dans les anciennes histoires d’Ecosse. J’avais l’impression de remonter le temps de quelques siècles et j’aurais apprécié ce moment si je n’avais pas su ce qui m’attendait dans le futur. Elles finirent par me faire une de ces coiffures sophistiquées et tenues par d’innombrables pinces.

    Elles n’ont pas dit un seul mot pendant tout le temps des préparatifs. Mon cerveau ne s’en préoccupait pas, il était en ébullition, cherchant un moyen de profiter de la situation pour m’échapper. Il fallait que je sois vigilante et sur le qui-vive pour sauter sur la moindre occasion si elle se présentait.

    Je me demandais si il aurait des humains enfin des êtres tout à fait normaux à cette soirée afin que je puisse au moins faire passer un message. Bref je passais en revue toutes mes possibilités.

    Enfin deux hommes sont venus me chercher, deux vampires à toute évidence. Chacun me tenait fermement de chaque côté et m’ont emmené dans la grande pièce éclairée où tout le monde s’affairait aux préparations afin que tout soit parfait.

    Puis au fond de la pièce j’ai vu un énorme siège de velours rouge, on aurait dit le trône d’un souverain. Et en fait c’est ce que l’homme en gris devait être dans la société vampirique. A côté quelque chose qui me fit m’arrêter brusquement, une cage dorée. Les deux hommes m’ont poussé à l’intérieur avant de fermer la porte à clef. Puis ils ont soulevé la cage me laissant tanguer au dessus de la salle. On me traitait comme un animal et la seule chose à laquelle je pensais c’était que je n’avais plus aucune chance de m’échapper.

    Mes larmes ont coulés longtemps le long de mes joues mais je ne leur montrais pas. J’étais recroquevillées mes bras se joignant sous mes jambes alors que ma tête était posée sur mes genoux.

     

     

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    iris
     
     
     
    CHAPITRE 15




    J’ai attendu toute la journée mais il n’est pas rentré. Qu’est-ce qui c’était passé ? Etait-ce de ma faute ? Je n’aurais pas dû le laisser boire mon sang, c’est ça qui avait déclenché sa fuite. Pourquoi étais-je aussi conne ?

    Et pourtant je n’avais jamais rien connu de tel ! Je touchais l’endroit où ses crocs s’étaient enfoncés. Rien que ce geste me donnait encore des frissons. Et puis il y avait cette histoire, celle que j’avais entendue. Je n’avais pas eu le temps de lui poser des questions. Tout ce que je savais c’est qu’il était en colère après moi lorsqu’il a su que j’étais derrière la porte.

    Je n’arrêtais pas d’envoyer des sms et d’essayer de le joindre sur son portable mais rien. Toujours cette boite vocale à mon oreille. Je n’arrivais pas à me calmer faisant les cent pas dans cette maison vide et silencieuse.

    Je ne voulais pas dormir dans la chambre alors je me suis installée sur le canapé avec une couverture. Je zappais sans grande conviction, rien ne m’emballais. J’ai trouvé sur le meuble le dvd du dernier concert à Berlin. Je voulais le voir, entendre sa voix.

    Il était magnifique sur scène, je ne me lassais pas de le regarder, jusqu’à ce que je finisse par m’endormir.

    A mon réveil je me suis précipitée dans la chambre, elle était vide. Complètement vide. Les armoires étaient ouvertes, ses vêtements avaient disparus.

    Je m’écroulais au sol pleurant à chaudes larmes.

    Il m’avait quitté et je ne comprenais pas pourquoi.

    Je rassemblais mes affaires et prenais mon sac pour me diriger vers la porte d’entrée. Je m’arrêtais pour prendre le dvd et le mettre dans mon sac avant de déposer sur la table de salon mon pass. Je n’en aurais plus jamais besoin. Je regardais encore une fois la pièce avant de sortir le cœur brisé.

    Je n’avais pas fait deux mètres que j’étais entourée de plusieurs personnes. Je reculais machinalement mais mon dos est entré en contact avec quelque chose, enfin quelqu’un. Je n’osais pas me retourner.

    Je savais à qui j’avais à faire, j’avais appris à les reconnaitre. C’était des vampires ! Ils étaient six autour de moi, me fixant mais disant aucun mot. Puis une voix a retenti quelques mètres plus loin leur demandant de s’écarter.

    Un homme d’une quarantaine d’années s’avançait d’un pas léger et mondain vers moi. Il avait un costume gris qui visiblement devait couter très cher.

    - Bonjour ! me dit-il.

    - Bonjour, lui répondis-je peu rassurée.

    - Tu dois être le nouveau pot de miel de Raphaël ? me demanda-t-il en regardant mon cou.

    Mince j’avais oublié de mettre un foulard.

    - Non, répondis-je sèchement. Si vous voulez voir Raphaël il n’est pas là et je ne sais pas quand il réapparaitra. Excusez-moi mais je suis pressée.

    - Et bien ça attendra. Emmenez-la dans l’antre tout de suite.

    Je n’ai pas eu le temps de m’enfuir, on m’emportait déjà. Allais-je subir le même sort qu’Ashley ?

    On m’engouffrait de force dans un véhicule sombre aux vitres fumées. Je ne pouvais pas m’enfuir à cause des deux molosses qui m’encadraient me laissant peu de place pour respirer d’ailleurs.

    La peur était là, bien présente. Je n’allais plus revoir mes parents et je sentais mes larmes sur mes joues. J’avais essayé d’être forte et arrogante mais en faite je n’étais qu’une toute petite humaine insignifiante qui avait aimé un être hors du commun. On m’emmenait vers un lieu inconnu où l’on allait probablement me tuer, me vider de mon sang et me jeter quelque part comme un vulgaire déchet. Mais bizarrement je ne regrettais rien enfin je ne regrettais pas d’avoir rencontré Raphaël. J’avais connu l’amour, le véritable amour et sur ce plan je me sentais chanceuse. Je jurais silencieusement que lors de mon dernier souffle c’est à lui que je penserais.

    Un de mes deux gardes du corps me regardait avec envie et prenait régulièrement mes cheveux pour les respirer et se lécher les babines comme si j’étais une friandise. Je me sentais prise dans un étau et je n’aimais pas ça.

    Je regardais devant moi essayant de me repérer. Je me demandais où ils pouvaient m’emmener mais nous étions déjà sortis de la ville et je n’arrivais pas à me repérer. Je ne connaissais rien des environs, juste quelques endroits à Londres. J’étais déprimée et quelque peu désorientée.

    Comment me réjouir de ce moment alors que j’allais mourir.

    Nous étions dans la voiture depuis un moment déjà et il faisait nuit.

    J’avais faim mais personne ne s’est soucié de moi de toute la journée. Nous nous sommes juste arrêtés une fois pour faire le plein. Je n’avais pas osé leur demander une bouteille d’eau ou même un paquet de gâteau. De toute façon à quoi cela aurait-il servi ? Au moins je serais faible lorsqu’ils se nourriront de mon sang et peut-être que la mort viendrait plus vite.

    Je commençais à tomber de sommeil mais j’essayais de résister. Je voulais savoir où l’on m’emmenait et pourquoi l’homme avait dit de me conduire dans l’antre. Ça faisait un peu film d’horreur genre l’antre de la bête. La bête c’étaient les vampires bien entendu, du moins j’en venais à cette conclusion.

    J’essayais aussi de me souvenir de la conversation que j’avais entendu dans la maison de Raphaël. Calum ou Kéryan lui avait dit qu’ils devaient être au courant pour lui et moi. Que c’était dangereux, que j’étais en danger. Je n’y comprenais rien. Etait-ce les vampires dont ils parlaient qui m’avaient kidnappé ?

    Je n’avais pas le temps de réfléchir plus longtemps car la voiture venait de s’arrêter devant une énorme grille qui s’ouvrait devant nous très lentement laissant apparaitre une bâtisse avec ici et là des lumières dans les pièces du ré de chaussée.

    Il faisait nuit noir et c’est tout ce que je voyais malheureusement.

    On m’a tiré à l’extérieur et on me tenait fermement le bras jusqu’à l’intérieur. L’homme qui me tenait me faisait mal mais je n’osais pas me plaindre et encore moins leur faire le plaisir de gémir.

    De toute façon je ne pouvais rien tenter ni même m’échapper dans un endroit clos en plein milieu de la nuit et surtout entouré de vampires qui couraient plus vite que n’importe quel être existant sur Terre.

    On me conduisait dans une pièce éclairée par le feu de la cheminée. Si je ne m’avais pas senti si en danger j’aurais peut-être apprécié l’endroit bien que très vieillot côté déco. Les murs étaient de pierres apparentes, les fenêtres étaient telles que l’on pouvait se les imaginer dans un château. Mais oui j’étais bel et bien dans un château. Je frissonnais ça me faisait penser à un vieux film en noir et blanc sur le comte Dracula. Je regardais déjà vers la porte m’attendant à voir apparaitre un homme avec des crocs apparents et une cape noire, les cheveux gominés et peignés vers l’arrière.

    Je frottais mon bras qui me faisait encore mal et me dirigeais vers la porte d’où je venais. J’essayais de l’ouvrir, elle était comme je me l’imaginais fermée. J’étais faible et fatiguée, tellement fatiguée que je suis allée m’assoir sur un haut fauteuil près de la cheminée.

    Je ne sais pas combien de temps j’avais dormi lorsqu’une voix me tira de mon sommeil.

    - Réveillez-vous ! Nous avons à parler ! me dit l’homme en costume gris.

    - Je n’ai pas envie de vous parler, je veux que vous me rameniez chez moi, dis-je consciente que je parlais pour ne rien dire mais il fallait que je le fasse.

    - Oh…. Même aussi faible vous voulez vous révolter. Intéressant mais complètement inutile.

    - Qu’est-ce que vous me voulez ?

    - Vous bien sûr. Je vous veux jeune demoiselle.

    - Je n’appartiens à personne et plutôt mourir que de vous appartenir.

    - Mais je ne te laisse pas le choix. Tu subiras très bientôt le pouvoir de l’iris et donc tu seras mienne. Je disposerais comme bon me semble de ton sang mais aussi de ton corps.

    Je frissonnais à ces paroles. Non ! Je ne voulais pas que cet homme me touche. Je pourrais encore supporter qu’il se nourrisse mais pas qu’il pose ses sales pattes sur mon corps.

    - Je me suis trompé une fois de personne mais cette fois-ci je sais que j’ai trouvé l’âme pure que mon fils aime.

    - Votre fils ? n’osant demander si c’était de Raphaël qu’il parlait.

    - Oui. Raphaël est mon fils. Pas comme vous pouvez le concevoir vous les humains, je suis celui qui a donné l’immortalité à ce garçon.

    - Et en quoi cela me concerne ?

    - Il t’aime. Et je ne pourrais le tolérer. Il n’y a que son maitre qui a le droit à l’amour pas ses serviteurs.

    - Vous vous trompez il ne m’aime pas. Il a quitté ma vie il y a quelques jours vous avez un métro de retard sur ce coup là !

    - Je ne crois pas non ! Et puis nous allons voir si c’est toi qui a raison ou si c’est moi. J’ai fait passer le message que tu étais ma prisonnière. Nous verrons bien s’il te laisse à ton sort ou bien s’il vient à ton secours. Bien qu’inutile pour cela également puisqu’il n’a aucune autorité en ce qui me concerne. Nous n’avons plus qu’à attendre. Oh ! Et comme je veux te garder en vie je vais te faire apporter un plateau de nourriture.

    - Vous avez dit tout à l’heure que vous vous étiez trompée de personne. Ne me dites pas que c’est vous qui avez tué mon amie Ashley ?

    - Alors c’est comme ça qu’elle s’appelait. Je l’ai vu avec le groupe et Raphaël lui a fait quelques suggestions donc j’ai supposé que c’était elle l’élue. Mais elle sentait l’odeur de ce Calum et j’ai tout de suite su que nous nous étions trompés alors j’ai décidé que ce serait un message intéressant pour Raphaël. Et ça a marché à merveille. Il s’est rapproché de toi pour te protéger n’est-ce pas ? Je vous ai fait surveiller et nous avons attendu que tu sois vulnérable pour te prendre à lui.

    - Vous êtes un beau fumier ! Elle était innocente, vous comprenez ! Vous n’aviez pas à la tuer, criais-je en pleurs.

    - Vous les humains vous êtes beaucoup trop sentimentaux ce qui vous rend pathétique et agréablement vulnérables. Mais jeune fille c’est la dernière fois que vous élèverez la voix sur moi, sinon je me ferais un plaisir d’abimer ce si jolie minois. N’ayez crainte ça ne m’empêchera pas de profiter de vous, même défigurée. Ai-je été clair ?

    - Oui. Très clair.

    Un coup à la porte me faisait frissonner et une femme est apparue avec un plateau.

    - Pose-le sur la table Abbigail. Et retire-toi pour la nuit.

    - Merci maitre ! dit-elle en se courbant devant lui.

    Puis sans un mot il se retirait à son tour me laissant encore une fois seule dans cette grande pièce.

    Je n’arrivais pas à croire à ce que m’avait dit cet odieux vampire. Il était celui qui avait transformé Raphaël en ce qu’il était, un vampire. Il était celui qui avait tué Ashley, Raphaël le savait. Pourquoi ne me l’a-t-il pas dit ? Je comprenais maintenant pourquoi il avait été si protecteur alors que je croyais qu’il m’aimait sincérement et pourtant il m’a laissé seule et vulnérable sachant certainement que ça allait courir à ma perte. J’espérais sincérement qu’il ne vienne jamais. Je ne voulais pas voir son dédain en m’apercevant. Je voulais garder son souvenir intact jusqu’à ce que l’on m’enlève de ma mémoire tous mes souvenirs, tous ce qui fait de moi un être humain et non un zombie sans âme.

    Je me suis approchée du plateau. Il contenait des fruits, du pain, de la confiture et du jus d’orange. Mais je ne voulais pas y toucher. Je ne prendrais pas le risque de goûter ce qui pourrait me conduire à ma perte en ingurgitant de la drogue.

    Je retournais me recroqueviller dans le fauteuil près de la cheminée attendant que le sort s’acharne sur moi.

     

     

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