•  

    loin
     
     
    Chapitre 21
     

    Alice




    Toute cette histoire était si incroyable que j’avais encore du mal à y croire. J’avais l’impression d’être dans un état second. D’un côté c’était comme si j’avais toujours su la vérité, de l’autre comment croire que des êtres surnaturels puissent exister depuis sans doute des siècles sans que personne ne s’en soit aperçu.

    J’avais réfléchi un long moment et la première chose qui m’était venue c’était de prendre mes jambes à mon cou pour fuir ce village. Mais c’était avant. Avant que je réalise que je ne pouvais pas quitter Matthiew. Je l’aimais et j’avais trouvé la force de lui dire.

    J’avais enfin trouvé le bonheur. Une personne m’aimait et se préoccupait de mon bien-être et je ressentais la même chose pour lui. Je me suis rendue compte que même si il m’avait annoncé être le pire monstre qui existait j’aurais continué à l’aimer et je serais restée auprès de lui.

    Je savais que cela impliquait qu’on ne devait plus avoir de secrets, je devais lui parler comme il l’avait fait lui-même plus tôt dans la soirée.

    Mais je savais aussi que ce n’était pas le moment. Matthiew était si différent depuis qu’il était ici. A Seattle il était patient, calme, compréhensif, alors que dans son village natal, parmi les siens, parmi sa famille, il était nerveux, impatient, sur le qui-vive.

    Il m’avait parlé de Mya, de sa transformation en loup mais il avait omis une chose, pourquoi a-t-il tant d’animosité envers son père ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour arranger ça ?

    Je croyais avoir trouvé le moyen en marchant à côté du chef du village, au milieu de la forêt. Je ne savais pas comment me comporter. Voulait-il s’excuser ? Voulait-il en savoir plus sur les relations que j’avais avec son fils ? Le silence était pesant et j’entendais non loin de nous des branches craquées. Je ne devais pas montrer ma peur, bien que je soupçonne qu’il le sache déjà à cause de mon odeur. Les animaux ressentent la peur des humains, en était-il de même pour les métamorphes ?

    - Vous devez quitter Matthiew, me dit brusquement l’homme d’une cinquantaine d’année qui se tenait à un mètre de moi.

    - Comment ?

    - Matthiew doit reprendre sa place qui lui est dû. Il ne peut pas vous prendre pour épouse. Il doit en épouser une autre bientôt.

    - Déjà sachez que nous sommes qu’au début de notre relation. Vous ne savez rien de moi et je ne crois pas un mot sur le futur mariage de Matthiew.

    J’étais abasourdie, je n’arrivais pas à croire à ce que son père me demandait.

    - Je ne vais pas me répéter mais voilà je n’ai plus beaucoup de temps à vivre et nos lois exigent que le fils du chef doive reprendre le flambeau et la tête de la meute avec tout ce que cela implique. C'est-à-dire que comme ma femme Mya n’est pas sa mère il doit la prendre pour épouse. Elle doit faire en sorte de lui donner un héritier pour effacer l’affront de ne pas m’avoir donné un enfant de mon vivant. Est-ce que vous comprenez ?

    - Je comprends ce que vous dites je ne suis pas idiote. Mais nous ne sommes plus à la préhistoire et maintenant chacun à le droit de vivre sa vie comme il l’entend. C’est à Matthiew de prendre cette décision. Si il me dit un jour qu’il ne veut plus de moi, je m’en irais. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Je suis heureuse malgré tout d’avoir fait votre connaissance et j’aimerais rejoindre le village maintenant.

    - Puisque vous n’êtes pas idiote, je vais vous dire ce que j’ai à dire. Je sais qui vous êtes et je sais d’où vous venez. Mon fils a eu pitié de vous pauvre petite chose qui trainait sur le trottoir. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait ensuite pour qu’il vous emmène chez lui et à la rigueur je ne veux pas le savoir. Que les choses soient claires soit vous sortez immédiatement de la vie de mon fils, soit j’appelle votre oncle et je lui livre sa jolie nièce qui lui manque tant.

    - Comment connaissez-vous mon oncle ? demandais-je alors que je pleurais à chaudes larmes.

    - Vous croyez que je n’ai pas mené mon enquête lorsque j’ai su que mon fils s’était amouraché d’une trainée ?

    - Je ne suis pas une trainée, je ne vous permets pas de me juger. Vous êtes ignoble.

    Je m’écroulais sur le sol, mes jambes n’arrivaient plus à me porter.

    Les branches craquaient autour de nous mais je n’arrivais pas à distinguer quoi que ce soit dans l’obscurité. Enfin jusqu’à ce que plusieurs loups sortent de l’ombre et tournent autour de moi.

    Il m’a fallu que quelques secondes pour savoir que Matthiew ne se trouvait pas parmi eux.

    - J’ai entendu mon fils vous raconter ce que nous étions. Vous savez aussi que ce n’est pas un problème pour nous de nous débarrasser de vous mais Matthiew sentirait l’odeur de votre sang et ses congénères risqueraient de vendre la mèche en repensant à la scène. Par contre si demain matin vous êtes encore ici, mes amis ici présent n’auraient aucun mal à vous traquer et dès la première heure je prendrais un plaisir immense à annoncer à un certain monsieur que sa nièce est vivante et que nous la ramenons chez lui.

    - Il va vous détester pour ce que vous faites.

    - Vous ne lui direz rein sinon je mets mes menaces à exécution. C’est vous qu’il va détester pour l’avoir laissé tombé.

    - Il ne le croira pas.

    - Je me charge de mon fils. Les garçons montrés à cette …. Demoiselle de quoi vous êtes capables. Adieu Alice.

    Je me relevais brusquement alors que le père de Matthiew disparaissait dans le noir. J’ai fait demi-tour essayant de me rappeler où nous étions passés mais les loups grognaient légèrement, tournaient autour de moi, me barraient le passage à chacun de mes pas. Quelques uns montraient les crocs alors que mon instinct me disait de fuir très vite.

    Un grognement s’est fait plus puissant et en peu de temps un loup sautait par-dessus un buisson afin de se mettre devant moi pour me protéger.

    - Matthiew ! dis-je tout bas.

     

    loinrue2

    votre commentaire
  •  
     

    loin
     
    Chapitre 22
     

    Matthiew




    Je tournais en rond dans ma chambre, je trouvais le temps long en attendant Alice. J’aurais dû les suivre mais je savais qu’Alice m’en aurait voulu de ne pas avoir confiance. Je saurais dès qu’elle franchirait la porte si mon père avait été odieux avec elle. Elle ne pourrait pas me le cacher, je le lirais dans ses yeux.

    - Matthiew ! Matthiew !

    Je me précipitais dans la pièce principale et je suis tombé nez à nez avec celui que je croyais être mon ami.

    - Nathan, qui y’a-t-il ? C’est Alice c’est ça ?

    - Oui, viens vite. La meute est en train de lui faire peur. Je suis désolé mais là je n’avais pas le choix, ils vont beaucoup trop loin, je ne veux pas participer à ça.

    - Où sont-ils ? Et mon père pourquoi ne les a-t-il pas arrêtés ?

    - Matthiew !

    - Ne me dis pas que ce sont les ordres de ce vieux fou ?

    - Ne perdons pas de temps.

    Je sentais le sang bouillonner en moi. Il ne m’a fallu que quelques secondes pour me transformer sous ma condition de loup. Il m’était plus facile sous cette forme de retrouver Alice et surtout j’allais beaucoup plus vite.

    Je n’arrivais pas à croire ce que j’avais devant les yeux. Alice était terrifiée. Les loups tournaient autour d’elle alors qu’un se détachait du lot pour la bousculer mais sans pour autant la faire tomber.

    J’ai fait un bond afin de me retrouver à l’intérieur du cercle, juste devant Alice afin de la protéger.

    J’essayais tant bien que mal d’entrer dans les pensées de mes congénères. Ils avaient eu des ordres. Pour eux Alice devait partir, elle n’était pas de notre monde et ne ferait jamais partie de la meute.

    Ils sont complètement cinglés. C’était comme si on avait embrouillé leur cerveau. Je ne les reconnaissais plus, il me semblait que petit à petit ils redevenaient sauvages. C’était clair pour moi qu’ils n’étaient plus aussi humains qu’auparavant. Mon père était responsable de leur état. Je savais depuis longtemps qu’il était dur et exigeant mais sa soif de pouvoir, de suivre à la lettre les anciennes religions, les anciennes lois de nos aïeux le rendant intransigeant et lui avait fait perdre l’esprit.

    Je grognais suffisamment fort afin que tout le monde puisse comprendre mes intensions.
    Certains ont reculé pour disparaitre enfin derrière des bosquets, d’autres ont tenté d’avancer vers moi, vers Alice, mais c’était sans compter mon regard qui en disait long.

    Ils ont fini par céder eux aussi et c’est alors que j’ai remarqué qu’il ne me restait qu’un seul adversaire Kurt bien sûr.

    J’ai poussé Alice afin qu’elle comprenne qu’elle devait se mettre à l’abri.

    - Non Matthiew ! Je t’en supplie ne fais pas ça. Il va te tuer. S’il te plait je ne pourrais pas le supporter.

    Je savais qu’elle disait vrai et que je ne devais pas me laisser guider par la colère. Je me suis tourné vers elle et elle s’est accroupie afin de me prendre dans ses bras enfin disons qu’elle avait passé ses bras autour de mon cou et elle avait posé sa tête contre la mienne.

    Elle avait gagné je l’incitais à se lever et à me suivre sur le chemin du village.

    Kurt en avait décidé autrement et m’a sauté dessus par derrière propulsant Alice sur le côté dans un cri. Je me débattais alors que je voyais Alice se relever péniblement. Elle n’avait rien de grave c’était le principal.

    Une bagarre entre loup est quelque chose d’assez spectaculaire. Chaque adversaire enfonce ses crocs dans la chair de l’autre, s’agrippant, roulant sur le sol. Tout va très vite et en général c’est assez violent. J’essayais de ne pas penser à Alice. Je savais qu’à la moindre faiblesse de ma part Kurt aurait l’avantage. Et je ne devais en aucun cas lui faire ce plaisir. Et puis j’avais quelques comptes à rendre avec lui.

    Je ne savais pas depuis combien de temps nous nous battions. Aucun de nous ne voulait lâcher prise. J’avais mal partout et je perdais beaucoup de sang. Je savais à l’odeur que Kurt était bien plus mal en point que moi mais je savais aussi qu’il n’abandonnerait pas pour quelques blessures.

    Et puis j’ai eu de la chance, enfin si on peut dire Kurt avait lâché mon cou afin de prendre un peu plus de prise. C’est alors que je me suis débattu fortement le propulsant de mes pattes arrière. J’ai réussi à me relever avec du mal et j’ai vu son corps gisant sur le sol car il avait repris sa forme humaine. Je me suis approché. Poussant le corps de mon museau, j’ai su qu’il était mort, je l’avais tué.

    Je me suis alors tourné vers l’endroit où devait se trouver Alice. Je l’avais presque oublié pendant le combat. Mais malgré la nuit claire et la lune brillante je ne la voyais pas, elle n’était plus là.

    J’allais courir vers le village mais je devais être plus faible que je ne le pensais car ma vue se brouillait et j’ai sans aucun doute perdu connaissance alors que des hurlements me parvenaient aux oreilles.

     

    loinrue3

    votre commentaire
  •  

     

    loin
     
     
    CHAPITRE 23
     
    ALICE
     
     
     
    J'essayais de m'imaginer Matthiew en bonne santé car penser qu'il lui était arriver le pire me déchirait de l'intérieur.

    J'avais cédé à la peur j'avais fui. Ce monde était si nouveau pour moi que je n'en comprenais pas le principe. Je n'avais pas eu le choix.

    J'aimais Matthiew, il était celui que j'avais attendu toute ma vie mais on exigeait de lui de prendre ses responsabilités envers ses semblables. Je n'avais pas le droit de me mettre en travers de son chemin, de son avenir. Il n'avait pas le choix mais il ne m'aurait jamais laissé partir.

    Et puis il fallait que je mette de la distance entre le père de Matthiew et moi. Il était hors de question qu'il me renvoie auprès de mon oncle. Je devais aller le plus loin possible, me fondre dans la masse, repartir de zéro.

    Je n'avais pas le choix il fallait que je retourne à Seattle, il fallait que je récupère mes affaires. J'ai marché une partie de la nuit jusqu'à tomber sur une route où vu l'heure il n'y avait pas un chat. Aucune voiture à l'horizon. Comment savoir si je devais prendre à droite ou à gauche ?

    J'avais décidé de prendre à droite et de reprendre ma marche.

    Le jour s'est enfin levé j'étais épuisée mais je devais continuer.

    Les larmes coulaient le long de mes joues. Je savais qu'il était arrivé quelque chose de grave à Matthiew car il m'aurait déjà retrouvée, j'en étais certaine. A moins que son père ne le retienne prisonnier afin de l'empêcher de courir à ma recherche. Mon cœur se brisait à chacun de mes pas. Plus jamais je n'aimerais.

    Une lueur d'espoir m'est parvenue lorsque je suis arrivée devant une station essence. J'ai demandé mon chemin à la jeune femme derrière le comptoir et je me suis sentie soulagée de savoir que j'étais sur la bonne route. Il m'a fallu deux bonnes heures de plus pour enfin trouver un véhicule qui allait à Seattle.

    J'aurais pu me reposer un peu pendant le trajet mais la peur m'en empêchait et la faim également. Je n'avais rien avalé depuis la veille et encore me savoir surveiller pendant tout le repas m'avait coupé l'appétit tout comme pour Matthiew.

    Matthiew ? Est-ce qu'un jour je pourrais lui expliquer pourquoi j'étais partie, pourquoi je l'avais fui ? Me pardonnerait-il ?

    J'étais encore absorbée par mes pensées lorsque le chauffeur m'a demandé si ça ne me dérangeait pas si il me déposait dans le centre.

    J'ai fait non de la tête en essayant de sourire un peu.

    Je connaissais bien l'endroit et je pourrais rejoindre rapidement l'appartement de Matthiew.

    Je remerciais mon chauffeur et le regardait partir en lui faisant un signe de la main.

    Mon ventre gargouillait mais je n'avais pas d'argent. Dans ma poche une seule chose la clef de l'appartement. Je faisais passer l'objet de métal entre mes doigts. Mon cœur battait fort.
    Matthiew m'attendait peut-être là-bas, il savait que je récupérerais mes trésors, les seuls biens qui me restaient de mes parents.

    J'approchais et me cachais non loin de l'entrée. Je devais être sûre qu'il n'y ait personne avant de m'engouffrer dans le bâtiment. J'avais froid mais j'avais connu pire situation. Il faisait nuit maintenant et je suis enfin sortie de ma cachette. Je montais les escaliers doucement comme si mes pieds étaient trop lourds pour gravir les marches.

    J'enfonçais la clef dans la serrure, j'ai ouvert la porte et je suis entrée. Le silence régnait et sur le sol était encore éparpillé ce que j'avais dû faire tomber en me débattant. J'ai pris soin de fermer la porte et de mettre les sécurités. Je n'osais pas allumer les lumières.
    Heureusement pour moi les quelques lampadaires de la rue éclairaient un peu les pièces.

    J'ai fait le tour des pièces, il n'y avait personne. Je ne savais pas si j'étais soulagée ou si j'étais déçue qu'il ne soit pas là.

    Je suis allée dans la cuisine. Il fallait absolument que je mange quelque chose.

    J'ai rassemblé mes affaires dans mon vieux sac et j'ai ajouté quelques loups sculptés. Je voulais quelque chose de lui comme j'avais ce qui pouvait me rappeler mes parents.

    J'ai également vidé l'armoire. Ces vêtements il me les avait offerts et puis je ne devais pas lui laisser ce qui lui ferait penser à moi. Du moins pas ce genre de choses.

    Je suis allée sur le canapé, mon sac près de moi. La fatigue se faisait ressentir et je devais me reposer. J'avais à peine posé ma tête sur le coussin que j'étais déjà dans les bras de Morphée.

    Je me suis réveillée en sursaut, il faisait déjà jour et la matinée était bien entamée. Je regardais l'heure, dix heures trente. Et bien je m'étais écroulée et j'avais dormi comme une marmotte. Je devais me dépêcher plus je restais plus j'avais des chances que Matthiew me retrouve. J'avais un peu d'argent liquide que m'avait donné Mr Blackwells l'autre jour. Ce n'était pas mirobolant mais ça me permettrait sans doute de prendre le bus.

    Je regardais une dernière fois l'endroit où j'avais été si heureuse lorsque mes yeux se sont posés sur le bloc de dessin de Matthiew. C'était plus fort que moi il fallait que je regarde, même si je ne l'aurais jamais fait sans avoir sa permission.

    Je tournais doucement les pages complètement ébahi par ce que j'y voyais. Il m'avait dessiné encore et encore. Les premières pages il avait dû les dessiner de mémoires. C'était moi comme il me voyait lorsque le loup prenait soin de moi dans mon abri.

    J'avais l'impression de revivre ma vie à chaque page. Je voyais mon évolution jusqu'à ce que je me vois avec un énorme sourire et les yeux qui reflétaient tout l'amour que j'avais pour lui. Je me demandais si il ne l'avait pas su avant moi.

    Sur ce dernier dessin j'ai voulu lui écrire un message. J'ai pris un stylo et en m'appliquant j'ai écrit « pardonne-moi » et « je t'aime ».

    J'ai tourné les pages et j'ai déchiré le dessin qui me représentait debout et à côté de moi l'amour de ma vie, en loup. Je pliais délicatement la page et je la mettais avec mon livre de contes.

    J'ai pris mon courage à deux mains, j'ai laissé la clef sur la table du salon et je suis partie en claquant la porte. Je me suis retournée. J'ai déposé un baiser sur mes doigts et j'ai posé ma main sur la porte comme un adieu à ma vie d'avant.

    Instinctivement j'ai pris la direction de la librairie de Mr Blackwells. Je lui devais bien ça. Il aurait de la peine mais il garderait mon secret. Il ne ferait rien pour m'empêcher de partir.
    En poussant la porte la clochette a tinté et je me suis sentie bien immédiatement.

    - Alice ! s'empressa de me dire le vieil homme en se précipitant vers moi et m'enlaçant de ses bras. Où étiez-vous ? On s'est fait un sang d'encre. Vous auriez pu nous donner des nouvelles ?

    Il reculait pour mieux me regarder et il a compris qu'il s'était passé quelque chose.

    - Alice où est Matthiew ? Et pourquoi as-tu ton sac ?

    - Je pars Mr Blackwells, je ne peux plus rester ici. Je suis venue vous faire mes adieux.

    - Mais pourquoi jeune fille ? J'avais tellement fondé d'espoir sur toi. Il y a sûrement une solution ?

    - Non ! Mon passé me rattrape. Il faut que je parte. C'est ici que l'on viendra me chercher en premier. Ça me brise le cœur aussi de vous laissé mais je n'ai pas le choix. Laissez-moi partir. Je vous promets de vous faire savoir si je vais bien. Prenez soin de vous et de votre femme vous êtes dans mon cœur à tout jamais.

    Je m'enfuyais encore. Je voulais partir vite pendant que j'en étais capable.

    - Alice ! Attends ! Et Matthiew ?

    - Matthiew doit s'occuper de sa famille, lui non plus n'a pas le choix. Nos routes doivent malheureusement se séparer. Au revoir, lui dis-je en l'embrassant tendrement sur sa joue.

    - Tiens prends ça, me dit-il en me tendant quelques billets. Fais plaisir à un vieil homme et surtout promets-moi de ne pas retourner dans la rue.

    - Je vous le promets et je vous jure que je vous rembourserais.

    Il fallait que je m'éloigne. J'étais déjà loin lorsque la porte du magasin s'est fermée et je n'ai pas pu entendre une dernière fois ce tintement devenu si habituel.

    J'étais essoufflée et je me suis arrêtée pour reprendre mon souffle. Je savais que j'avais fait de la peine à Mr Blackwells. J'espérais qu'il me comprendrait. C'était dur pour moi aussi de tout reprendre à zéro.

    J'étais à deux ou trois rues de la gare routière. Je marchais d'un pas soutenu. Plus vite je m'éloignerais plus vite je laisserais mes problèmes derrière moi. Mais où aller ?

    Le bruit des bus m'ont fait sortir de mes pensées. Je regardais le panneau d'affichage afin de voir où je pourrais aller. Je n'en avais aucune idée. Et puis avais-je assez d'argents ? Je vidais mes poches.

    Ma décision était prise j'irais à San Francisco. Je demandais à un homme au guichet qui m'a dit que ma première étape serait Portland. Je prenais un billet pour un simple aller qui m'a couté une vingtaine de dollars.

    Je devais attendre une heure trente avant le départ de celui-ci alors je me suis dirigée vers un kiosque où j'ai acheté une bouteille d'eau, un sandwich et un magazine. Ce n'était pas dans mes habitudes mais je devais me changer les idées.

    La route serait longue. En fait je devais changer quatre fois de bus. J'avais regardé ce que j'avais en poche et je possédais un peu plus de 150 dollars en comptant ce qui m'appartenait. Je savais qu'il ne me resterait plus beaucoup d'argent pour manger ou dormir mais ce n'était pas le plus important. Dormir dehors je connaissais déjà et avoir faim ce ne serait pas une première non plus. Et puis si il fallait que j'arrête mon voyage en cours de route j'étais prête à l'accepter n'ayant de toute façon pas de destination précise.

    Je faisais route vers un nouvel avenir, vers une nouvelle vie. Les paysages défilaient et à côté de moi était assise une jeune fille à peine plus âgée que moi et qui me tendait la main avec un sourire.

    - Bonjour ! Je m'appelle Mary-Anne.
     
     
    loinrue1

    votre commentaire
  • loin
     
     
    CHAPITRE 24
     
    Mathiew
     
     
     
     
    J'ouvrais les yeux péniblement ne sachant pas où je me trouvais. Ma vision était floue mais elle redevenait nette petit à petit. Je regardais autour de moi, j'étais chez mon père, dans ma chambre.

    - Alice ! dis-je tout haut.

    - Elle n'est pas là, me répondit une voix féminine.

    - Maya ?

    - Oui. Ne bouge pas. Tu es mal en point. Tu as été gravement blessé. Tu ne t'en rappelles plus ?

    Je me triturais l'esprit jusqu'à ce que je me rappelle la bagarre avec Kurt.

    - Kurt ! Kurt est mort ?

    - Oui.

    - Je veux voir Alice. Elle a tout vu, elle a dû prendre peur. Il faut que je lui explique.

    - Elle n'est plus ici ! Elle est partie cette nuit là.

    - Cette nuit-là ? Je ne comprends pas.

    - Ça fait déjà neuf jours que tu te bats pour guérir. Tu étais entre la conscience et l'inconscience.

    - Neuf jours ? Mais .... Il faut que je parte, que je rentre chez moi. Tu comprends je dois la trouver.

    - J'ai autre chose à te dire. Ton père est mourant. Il a eu une attaque et il y a de grandes chances pour qu'il ne passe pas la nuit. C'est de ton devoir de rester jusqu'à la fin. Tu as des décisions à prendre, des responsabilités.

    - Arrête tout de suite Maya. Mon père et moi c'est terminé depuis longtemps. Je pense qu'il y a assez de monde ici qui le pleurera et lui rendra hommage. Moi j'en suis incapable. La meute ? Je ne veux pas en avoir la responsabilité, il vous faudra choisir un autre chef. Et surtout je ne t'épouserais pas.

    - Alors on me rejettera du village. Je serais la honte de ma famille.

    - Maya ! Tu as le droit d'épouser qui tu veux. Il y a certainement quelqu'un que tu aimes bien ?

    - Oui. Enfin je sais qu'il m'aime bien. Mais c'est toi qui doit m'épouser c'est comme ça, ce sont nos lois.

    - Les lois sont faites pour être améliorées. Aide-moi à me lever. Je dois partir.

    - Et ton père ? Tu veux lui faire tes adieux ?

    - Mes adieux ? je les lui ai déjà faits il y a plus de deux ans. Et puis je n'ai jamais pu lui pardonner ce qu'il a fait à ma mère.

    - Il la battait elle aussi ?

    - Elle aussi ? Maya ne me dit pas que ce salaud te bat ?

    - Si. Mais que voulais-tu que je fasse ?

    - Allez voir le shérif.

    - Et tu sais bien que la meute m'en aurait empêché.

    J'essayais de me redresser mais j'en étais encore incapable. Neuf jours ! Neuf jours sans que je sache où se trouvait Alice. Etait-elle rentrée à l'appartement ? La connaissant elle n'aurait pas attendu là-bas bêtement. Pourquoi était-elle partie sans rien dire ? Elle m'avait fait une promesse ne pas partir sans me dire au revoir.

    J'étais bouleversé mais également épuisé. J'ai dû m'écrouler une fois de plus car je ne rêvais pas mais d'horribles cauchemars me réveillaient régulièrement alors que j'étais en sueur.

    Un matin je me suis sentie mieux. Je me suis enfin réveillé avec l'impression d'être frais et dispo.

    - Salut mec ! dit une voix masculine.

    - Salut ! Qu'est-ce que tu fais là ?

    - Et bien je tiens compagnie à un vieil ami. Et je pense qu'à ton réveil tu préférais me voir moi plutôt que Maya ! Je me trompe ?

    - Non ! Enfin juste sur une chose. Ce n'est pas toi non plus que j'aurais voulu voir à mon réveil.

    - Je sais.

    - Ça fait combien de temps que je suis comme ça ?

    - Deux semaines.

    - Mais Maya m'a dit neuf jours.

    - Ça c'était avant la fièvre. Tu as déliré un max. Nous n'arrivions pas à faire baisser la température.

    - Et .... Mon père ? ajoutais-je d'une voix grave.

    Nathan a froncé les sourcils prenant un air grave. Il s'est alors raclé la gorge.

    - Il est décédé. Nous avons été obligé de faire ses obsèques nous ne savions pas si tu allais guérir assez tôt pour y assister. Nous ne pouvions plus attendre tu sais pour son âme...

    - Je comprends. Et qui commande la meute depuis ?

    - Ton oncle.

    - Nathan. Il faut que je parte. Je dois la retrouver. Est-ce que tu peux aller chercher mon oncle ?

    - Il faut que tu saches quelque chose. Cette nuit-là quand je suis venu te chercher j'ai désobéi à ton père, à mon Chef, tu comprends ? Mais ce qu'il a fait était odieux, il n'avait pas le droit. Il l'a chassé ce soir là. Il l'a menacé de la livrer à son beau-père si elle ne te quittait pas. Cela faisait très longtemps que nous te surveillons. Nous avions envoyé des novices afin que tu ne te rendes compte de rien. Ton père a tout de suite fait des recherches sur ton amie lorsqu'il a su que tu te transformais pour la protéger. Il a trouvé sa famille, son beau-père principalement et à l'aide de ses contacts il a su ce qu'elle cachait.

    - Dis-moi ce que tu sais !

    - Je n'en sais pas plus. Il n'a jamais rien révélé. Mais peut-être que Maya ou ton oncle..

    - Nathan va le chercher. Laisse-moi quinze minutes pour me rendre présentable le temps presse.

    Nathan n'avait pas fait de commentaires et il était parti me laissant seul.

    J'ai pris quelques vêtements que j'ai trouvés dans mon armoire et j'ai filé sous la douche. Je sentais que j'en avais un besoin urgent.

    Je me sentais déjà mieux et je me dirigeais vers la cuisine lorsque le frère de mon père a ouvert la porte d'un air grave.

    - Matthiew ! Crois-tu être assez en forme pour te lever ?

    - Oui. Ça fait déjà trop longtemps que je suis ici. Assieds-toi.

    - Vu le ton de ta voix tu vas enfin prendre les rênes de cette bande de loup.

    - Non ! Justement. Je me décharge de ce rôle et je te nomme à ma place.

    - Ses dernières paroles ont été pour toi tu sais.

    - Ça m'est égal. Il n'était plus mon père depuis des années maintenant.

    - La mort de ta mère était accidentelle.

    - Non ! J'étais là ! Jour après jour il la battait. Jusqu'au jour où il l'a poussé si fort qu'elle s'est cogné la tête et ne s'est jamais réveillée. Tout le monde le savait et vous avez fermé les yeux.

    - C'était la parole du chef de meute contre la tienne. Les conflits se règlent entre nous. La police n'avait rien à faire dans notre village. Nous devions préserver notre secret.

    - Alors vous avez choisi le silence. Cet homme était fou. Et toi plus que quiconque le savais, tu es son frère. Et sa violence ne datait pas d'hier. Je me trompe ?

    - Non ! Mais je n'avais pas l'autorité. Il était l'aîné je n'avais pas d'autres choix que d'obéir.

    - Je ne peux pas rester ici. Ce n'est pas ma vie. Ramène la paix dans ce village, tu les connais tous et je sais que tu ne feras pas les mêmes erreurs que mon père. Fais ce qu'il faut pour regrouper tout le monde au plus vite. Faisons les choses correctement.

    - Tu es sûr de ta décision ?

    - Oui. Totalement. Ah ! Une dernière chose. Il y a quelqu'un dans la meute qui aime beaucoup Maya. Accorde-lui ce bonheur, elle le mérite.

    - Je sais de qui tu parles, c'est quelqu'un de très bien qui saura prendre soin d'elle.

    - Merci !

    Je restais seul dans cette maison que j'avais appris à détester. Cette fois-ci je partais pour de bon. Pour toujours ? Seul l'avenir nous le dira.
     
     
     
    loinrue2

    votre commentaire
  •  

    loin
     
     
    CHAPITRE 25
     
     
    Alice
     
     
     
     
     
    Je ne pouvais pas dire que j'étais heureuse on en était loin. Mais j'avais un toit et un boulot. Oh ce n'était pas le nirvana je ne gagnais pas suffisamment d'argent pour avoir mon propre chez moi.

    En fait tout ça c'était grâce à Mary-Anne, une jeune femme que j'avais rencontré dans le bus. Elle était danseuse exotique le soir et avait réussi à me faire embaucher pour nettoyer les salles au petit matin. Elle avait également eu la gentillesse de me loger. Je participais au loyer et aux repas mais j'aurais aimé faire plus.

    - Alice je t'ai déjà dit que tu n'étais pas obligée.

    - Je veux participer, je ne suis pas du genre à vivre aux crochets des autres. Je me suis toujours débrouillée seule.

    - Sergio est prêt à te former si tu le désires.

    - Non merci. Ce n'est pas pour moi.

    - Ça paie bien tu sais.

    - Peut-être mais comment dire.

    - Ça ne fait pas parti de ta religion, me dit-elle en souriant.

    - On peut dire ça comme ça.

    - Tu sais c'était ça, le tapin ou la rue.

    - Je comprends.

    Je sentais qu'elle avait elle aussi un passé qu'elle voulait oublier.

    C'est peut-être ce qui nous rapprochait sans le savoir.

    Elle m'a laissé seule comme chaque soir. Me laissant à ma solitude et à mes pensées moroses. Elle ne m'a pas posé une seule question. Elle avait juste compris que j'avais fui.

    Chaque soir j'attendais que Mary-Anne soit parti pour sortir de mon sac le dessin que j'avais pris à Matthiew. Je me demandais si il allait bien, ce qu'il était en train de faire, si il m'avait oublié ou si il me cherchait.

    Je rêvais souvent de nos retrouvailles. Nous nous pardonnions au premier regard et nous restions enlacés assez longtemps pour nous réchauffer de nos corps. Mais comme je le disais ce n'était que des rêves rien de plus.

    Je m'endormais souvent par la fatigue d'avoir tant pleuré, serrant dans ma main un des loups en bois, petite chose miniature qui tenait dans mon poing fermé.

    Et chaque matin je me réveillais lorsque Mary-Anne allait se coucher. Il était 5 heures du matin. A 5heures 30 je devais être à mon travail nettoyant la boite de nuit jour après jour. Heureusement pour moi je n'avais vu qu'une seule fois le patron. C'était le jour où Mary-Anne m'a présenté à lui.

    Je n'aimais pas son genre. Il avait tout du mac et je m'en méfiais.

    A 8 heures je rentrais sans faire de bruit, Mary-Anne pointerait le bout de son nez en début d'après-midi.

    J'avais décidé de sortir, prendre l'air me ferait du bien. Avec moi mon sac qui ne me quittait jamais. J'avais appris à être méfiante même envers les personnes qui se disaient être mon ami. Et puis la réalité était là, je ne connaissais Mary-Anne depuis une vingtaine de jours tout au plus. Je lui étais reconnaissante mais pour l'instant c'est tout ce que je pouvais lui accorder.

    Je suis passée devant un kiosque où l'on vendait des cartes postales. Je regardais les paysages en me disant que je ferais bien de visiter la ville quand je suis tombée sur la photo d'une vieille librairie. Tout de suite j'ai eu un nœud dans la gorge, une peine immense m'a submergé. Inconsciemment, ou non, j'ai pris la carte et j'ai payé le commerçant. Je tenais dans ma main cette chose sans vraiment savoir pourquoi je l'avais acheté.

    J'avais promis de donner de mes nouvelles à Mr Blackwells.

    Je me suis assise sur un banc et j'ai fouillé dans mon sac à la recherche d'un stylo. Je ne devais pas mettre de détails sur ma vie. J'ai écrit juste quelques mots « je vais bien ne vous inquiétez pas pour moi. Alice ».

    J'étais soulagée de l'avoir fait. C'était comme si je me rendais compte que j'avais toujours ce fil qui me liait à mon ancienne vie.

    Combien de vies allais-je vivre avant d'être enfin heureuse ? C'est ce que je me demandais en prenant le chemin qui me ramenait chez moi. Enfin chez Mary-Anne.
     
     
     
    loinrue3

    votre commentaire
  •  

    loin
     
     
     
    CHAPITRE 26
     
     
    Mathiew
     
     
     
     
    J'ai tout de suite senti qu'elle était retournée à l'appartement. Mais malheureusement pour moi elle n'y était pas restée.

    Quelque chose qui brillait a attiré mon attention. C'était le double de ma clef, celle que j'avais donné à Alice.

    Elle avait pris sa décision, elle ne comptait pas revenir.

    Mais ça je m'y étais préparé. Elle voulait mettre de la distance entre nous et aussi sa famille. J'avais cherché chez mon père ce qui aurait pu me mettre sur la voix mais rien. Mon oncle et Maya n'en savaient pas plus que ce que Nathan m'avait dit. D'après eux seul Kurt avait dû être au courant vu qu'il était chargé de la sale besogne de mon père. Mais je l'avais tué.

    - Je peux m'installer dans quelle chambre ? me demandait Nathan qui avait tenu à m'aider à chercher Alice.

    - Dans la première, l'autre c'était la mienne avant l'arrivée d'Alice.

    - Depuis le temps son odeur s'est effacé tu sais ?

    - Je le sais mais j'ai mes souvenirs.

    Il est parti s'installer pendant que je prenais mon sac et que je franchissais la pièce où elle dormait.

    Elle n'avait rien oublié. Son sac, ses vêtements, toutes traces de sa présence avaient disparues. J'ai cependant levé un sourcil lorsque j'ai remarqué qu'il manquait les loups sculptés. Elle avait emporté quelque chose de moi, elle ne voulait pas m'oublier.

    J'ai regardé partout afin de reconstituer ses derniers moments ici. Elle avait mangé un peu il y avait des déchets dans la poubelle. L'argent liquide pour les courses était toujours là et je savais que c'était au centime près.

    Dans la salle à manger rien n'avait bougé. J'allais m'assoir sur le canapé lorsque j'ai vu mon bloc à dessin. L'avait-elle remarqué ? L'avait-elle-même regardé ?

    Je le prenais dans ma main et le feuilletais. J'avais un énorme vide dans mon cœur elle me manquait terriblement.

    Une page manquait. Je réfléchissais essayant de me souvenir du dessin. C'était celui où elle était debout au milieu d'une forêt, un loup, moi, près d'elle. Encore un souvenir qu'elle avait emporté.

    Je tournais les pages plus vite jusqu'à ce que j'arrive au dernier. Elle était éblouissante. Quelques mots avaient été rajoutés « Pardonne-moi » et « je t'aime ».

    J'étais pourtant un mec, un loup même, mais à cet instant je pleurais comme une fillette, assis sur le sol, ma tête sur mes genoux et mes bras me cachant le visage.

    - On va la retrouver, me dit Nathan alors qu'il venait vers moi.

    - Il le faut ! Je n'aurais de repos que lorsque je l'aurais retrouvée, lui répondis-je en essuyant mes joues avec la manche de mon pull comme un enfant, ne cherchant même pas à me cacher.

    - Et je serais à tes côtés jusqu'à ce jour.

    Un bruit sourd nous a fait sursauter et je me suis précipité vers la porte d'entrée espérant que la personne qui venait de frapper était celle que j'attendais.

    J'ai ouvert la porte à toute volée découvrant un vieil homme pratiquement terrorisé.

    - Mr Blackwells ? dis-je.

    - Matthiew ! Sainte bible tu m'as fait une de ces peurs.

    - Je suis désolée, venez, entrez. Je croyais que, ça pouvait être....

    - Alice !

    - Oui, répondis-je tristement.

    - Justement, je viens t'apporter des nouvelles, me dit-il en brandissant une carte postale.

    Je prenais la carte avec rapidité et j'ai lu les quelques mots qui y était écrit. Rien ! Elle ne disait rien de sa vie. Mais au moins elle allait bien.

    - Regarde à côté du timbre, le tampon.

    - San Francisco ! Elle est à San Francisco. Mais que diable fait-elle là-bas ?

    - Matthiew nous devrions faire assoir notre invité, il est tout blanc, me dit Nathan d'un air inquiet.

    - Oh pardon ! Emmène-le dans le salon, je vais lui chercher un verre d'eau.

    A mon retour, Mr Blackwells allait un peu mieux et avait repris des couleurs. Je me suis senti tout penaud en sachant qu'il avait couru jusqu'à mon appartement et la peur que je lui ai faite après n'avait rien arrangé.

    - Comment saviez-vous que j'étais ici ?

    - Je vous ai vu passer, je revenais de livraison. Ensuite j'ai croisé le facteur qui m'a donné mon courrier et la suite tu la sais.

    - Nathan, cherche les horaires d'avions pour San Francisco. Nous partirons dès que possible.

    Maintenant que nous étions seuls toute la peine que nous avions c'est affiché immédiatement sur notre visage.

    - Est-ce qu'elle est venue vous voir avant de partir ?

    - Oui. J'ai essayé de lui en dissuader mais tu sais comment elle est. Personne ne peut lui faire faire ce qu'elle ne veut pas. Je lui ai demandé pourquoi tu n'étais pas là, elle m'a expliqué que tu devais prendre en charge ta famille et que tu n'avais pas le choix.

    - Ce n'est pas tout à fait ça mais ça y ressemble.

    Il méritait de savoir ce qui c'était passé. Je devais avoir un allié de premier choix pour plaider ma cause si nos chemins se croisaient à nouveau.

    Comment prendre des gants pour annoncer à un vieil homme que sa vie allait être bouleversée par une étrange révélation.

    Je tournais la tête alors que Nathan venait de rentrer dans le salon.

    - Nous avons cinq heures devant nous.

    - Merci. Est-ce que tu as entendu ce que j'ai dit ?

    - Oui mais pas comme tu le penses.

    Je savais que j'avais baissé quelque peu mes barrières mentales et c'est à ce moment là qu'il a dû avoir accès à mes pensées.

    - Tu veux rester ?

    - Non ! je préfère aller me reposer un peu.

    - Qu'y a-t-il mon garçon ? demandait Mr Blackwells légèrement nerveux.

    - Il faut que je vous raconte mon histoire, ma rencontre avec Alice alors que je n'étais pas moi-même, notre visite à ma famille et les conséquences désastreuses que cela a eu sur notre couple.

    - Comment ça tu n'étais plus toi-même. Qu'as-tu fait Matthiew ?

    J'ai pris une grande inspiration avant de m'installer confortablement afin de commencer mon histoire, ma vie.

    J'ai pris le temps de tout lui expliquer, m'arrêtant lorsque son visage transperçait de l'inquiétude ou de la peur. Je savais qu'il fallait que je fasse attention c'était un vieil homme. J'écoutais son cœur qui au début battait un peu trop vite. Bien sûr il n'avait toujours pas repris un rythme régulier mais je savais que je pouvais poursuivre mon histoire.

    Il m'a laissé parler jusqu'au bout sans poser la moindre question fixant ses main comme pour s'empêcher de me regarder.

    Le silence régnait maintenant dans la pièce et je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Cependant j'ai respecté le choix du vieil homme et j'ai attendu que ce soit lui qui brise cet état de fait.

    - Matthiew, je suis âgé et peut-être incrédule, tu t'es joué de moi ?

    - Non monsieur, je vous ai dit la vérité, lui dis-je en me levant et en me dirigeant vers mon bureau. Tenez regardez ces dessins, voici à quoi je ressemble.

    - Incroyable ! Stupéfiant ! dit-il en tournant les pages du bloc. Comment est-ce possible ?

    - Comment je ne sais pas. Notre histoire remonte presque aussi loin que l'arrivée des hommes.

    - Vous êtes nombreux ?

    - Assez oui. Mais nous ne prenons pas tous l'apparence d'un loup. Je pense que pour nous c'est parce que descendons des tous premiers indiens et nos tribus le loup a toujours eu une place particulière.

    Je laissais un instant le vieil homme à ses réflexions et m'approchait de la fenêtre.
    Inconsciemment je regardais chaque passant espérant, sans doute, voir Alice réapparaitre.
     
     
    loinrue1

    votre commentaire
  •  

    loin
     
     
     
    CHAPITRE 27
     
     
     
     
    J'avais fait le chemin jusqu'au domicile de Mr Blackwells afin d'être sûr qu'il rentre chez lui sans problèmes. Nous avons marché côte à côte sans dire un seul mot.

    Avant de refermer la porte il m'a pris la main qu'il a tapotée légèrement.

    - Promets-moi de la retrouver.

    - Je vous le promets.

    Le vieil homme était épuisé et son visage montrait toute la tristesse qui était en lui.

    Je n'avais pas parlé de cette histoire de beau-père. Je voulais que ce soit Alice qui nous en parle. J'aurais tellement aimé qu'elle se confie à moi. Bon sang pourquoi ce silence alors que mon père faisait pression sur elle.

    Nathan était au volant de ma voiture et commençait à s'agiter.

    - Je croyais que tu étais pressé d'aller à San Francisco. Nous n'avons plus de temps à perdre si nous voulons prendre cet avion.

    - Je sais mais Mr Blackwells est quelqu'un d'important surtout pour Alice. Je devais lui dire pour moi.

    - Pour nous ! N'oublies pas que tu lui as dit que nous étions assez nombreux. J'espère que tu ne vas pas le regretter.

    - J'ai confiance en cet homme. Bien plus que j'ai eu confiance en mon propre père.

    - En parlant de ton père, j'ai remarqué que tu n'avais rien demandé sur ses obsèques.

    - Parce qu'il n'y avait rien n'a demandé. Vous avez procédé au rite de passage et vous avez brûlé le corps comme il est fait pour chaque membre de la tribu et cela depuis des générations.

    - Ça fait bizarre !

    - Quoi ?

    - Et bien c'était à toi que revenait la place de chef. Tu étais l'espoir.

    - L'espoir de quoi ? De suivre les traces de mon père ? De faire une révolution dans les mœurs ?

    - Plutôt la deuxième question.

    - Au moins tu redeviens honnête.

    - Tu vas m'en vouloir pendant longtemps ? Nous n'avions pas le choix que d'obéir à l'Alpha et tu le sais. Je t'enviais tellement d'avoir trouvé la force de briser le lien.

    - Excuse-moi ! Allez dépêchons-nous, plus que trente minutes.

    Finalement il n'y avait pas beaucoup de personnes à l'embarquement et nous sommes arrivés dans l'avion avec dix minutes d'avance.

    Nous n'avions que des bagages à main ce qui nous a permis de ne pas perdre du temps à l'enregistrement.

    Nous avions à peine décollé que Nathan dormait déjà comme un louveteau. Il me faudrait encore un peu de temps pour refaire confiance à mon ami mais j'étais heureux de l'avoir à mes côtés.

    San Francisco ! Mais pourquoi avait-elle choisi San Francisco ? Connaissait-elle quelqu'un ? Venait-elle de cette ville ? Tant de questions qui ne trouvaient pas encore de réponses.

    Nous étions installés dans un petit hôtel modeste et pas cher. L'endroit était calme et propre c'était déjà ça.

    Il y avait beaucoup de gens de passage, beaucoup de représentants commerciaux qui ne rentraient que pour dormir.

    Deux jours que nous cherchions Alice. Mais c'était trop vaste pour la trouver rapidement à moins d'avoir la chance inouïe de la croiser dans la rue.

    Nathan voulait que l'on fasse les boites de nuit, les bars et autres endroits où des jeunes femmes pourraient trouver très facilement un travail. Mais je n'y croyais pas, Alice n'aurait jamais accepté de faire ce genre de boulot. Elle avait certains principes et c'est ce qui l'avait conduite dans la rue.

    Il m'a fallu encore deux jours de plus sans le moindre succès que j'ai cédé à Nathan et que nous avions arpenté les quartiers où se trouvaient ce genre d'endroit.

    Le premier soir n'a rien apporté sauf de se faire virer d'un bar de nuit parce que nous posions des questions aux filles et que ça les empêchait de travailler.

    Il nous en aurait fallu peu pour mettre les gros bras en miettes mais j'avais demandé à Nathan de faire profil bas.

    Le deuxième soir après avoir fait deux ou trois établissements nous sommes entrés dans ce qui semblait-il un bar avec des danseuses exotiques. Elles se débrouillaient vraiment bien et Nathan était prêt à faire connaissance avec une des filles et peu lui importait laquelle.

    Nous étions au bar et je sirotais mon whisky pendant que mon ami hésitait encore sur son cocktail.

    - Bonjour beau mâle, me dit une voix féminine derrière moi. Son souffle chaud se propageait dans mon cou, elle savait y faire.

    Je me suis retourné regardant à qui j'avais à faire.

    - Bonjour ! répondis-je sans grande conviction.

    Elle était assez jolie mais assez banale en fait.

    - Tu m'offres un verre ?

    - Si tu veux. Tu prends quoi ?

    - Un verre de champagne.

    Je levais la main afin que le barman regarde dans ma direction et sans rien demander a apporté une coupe à la demoiselle.

    - C'est plutôt un service express.

    - Oh ! Dany sait ce que je prends. Mais parlons plutôt de toi. Tu fais quoi dans la vie ?

    - Et en quoi ça vous regarde ?

    - C'est pour faire connaissance mais si ça pose un problème on peut parler d'autres choses. Vous êtes là pour les affaires ou bien êtes-vous en vacances ?

    - Ni l'un ni l'autre. Je cherche quelqu'un.

    - Une femme ?

    - On ne peut rien vous cacher.

    - Si elle est partie, elle avait peut-être ses raisons.

    - Oui. Mais de mauvaises raisons.

    - Tous les hommes disent la même chose. Si vous la retrouvez vous la ramènerez avec vous ?

    - Si elle le désire oui.

    - Vous ne l'obligerez pas à vous suivre ? dit –elle étonnée.

    - Non. Si c'est ce qu'elle veut je la laisserais vivre sa vie mais je veux qu'elle me le dise. Je veux qu'elle me dise au revoir.

    - Vous l'aimez assez pour cela ?

    - Oui et bien plus encore.

    - Ça fait longtemps que vous cherchez ?

    - Oui plusieurs jours.

    - Elle s'appelle comment ?

    - Alice.

    J'ai vu une légère hésitation lorsqu'elle a trempé ses lèvres dans sa coupe de champagne.

    - Ça vous dit quelque chose ?

    - Non ! Enfin si c'est le prénom de ma petite sœur et ça fait des années que je ne l'ai vu donc j'ai eu un petit pincement au cœur lorsque je vous ai entendu prononcer ce prénom.

    - Ça fait longtemps que vous n'avez pas vu votre famille ?

    - Une dizaine d'années. Ma sœur avait huit ans lorsque j'ai quitté le domicile de mes parents et mon frère avait deux ans de plus que moi.

    - Et vous aviez ?

    - 17 ans. Mais on s'habitue à vivre loin de ses racines.

    - Oui je sais très bien de quoi vous parlez. Alors vous êtes sûr vous ne connaissez aucune Alice ?

    - Non. Mais vous savez ici la plupart ne donne pas leur vrai nom. Vous voyez l'homme au fond de la salle et bien c'est mon patron il se fait appeler Sergio. En fait il s'appelle Serge et ce n'est pas très classe pour ce genre d'endroit.

    - En tout cas merci et bonne chance à vous.

    - Bonne chance à vous aussi.

    J'agrippais Nathan au passage, je devais m'éloigner d'ici au plus vite. Je ne voulais pas imaginer Alice se trémoussant comme ces filles.

    - Eh mec attends ! J'avais une touche. Et toi aussi d'ailleurs.

    - Nathan tu es un grand malade. Tu crois que je vais draguer une autre fille alors que j'en cherche une autre ?

    - Ce n'est pas ton genre.

    - Mais c'est le tien.

    - Et oui tu as percé mon mystère. Ahh j'aurais pu passer une excellente soirée.

    - Et revenir les poches vides. Tu es beaucoup sorti du village ces dernières années ?

    - Oui, un peu, pourquoi ?

    - Dans ce genre de bar les filles sont payées pour faire en sorte que les clients dépensent un max mais sans coucher si tu vois ce que je veux dire.

    - Rien ? nada ?

    - Nada ! Sauf si après leur travail elle décide de suivre le mec mais en général les patrons ne sont pas très chaud, du moins ouvertement.
     
     
     
    loinrue2

    votre commentaire
  •  

     

    loin
     
     
     
    CHAPITRE 28
     
     
     
    J'étais rentré à Seattle. J'avais exploré toutes les possibilités sans aucun résultat. J'étais d'une humeur de chien et m'avait fallu plusieurs heures de courses dans la peau de l'animal qui faisait parti de moi pour évacuer ma frustration.

    J'avais du mal à tourner la page mais je me disais que si un jour elle revenait je me devais d'être là.

    Plusieurs fois par semaine j'allais voir Mr Blackwells. Nous jouions aux échecs et discutions de nos différentes lectures. Il avait vendu la librairie. Il avait perdu l'envie et n'avait plus la force de gérer la boutique seul.

    Nathan avait trouvé un travail à l'épicerie du coin et avait pris ses marques dans mon appartement.

    Moi j'étais en pleine écriture de mon prochain roman. En fait j'en étais aux corrections et sa sortie était déjà prévue. J'en avais terminé avec les romans historiques, j'étais passé aux histoires fantastiques. L'histoire ressemblait beaucoup à la mienne, enjolivée bien sûr.

    Dans mon roman l'héroïne s'appelait Elise et l'être fantastique Max. En fait j'en avais parlé à Alice bien avant que je prenne la décision de réellement écrire cette fiction.

    Je n'oubliais pas Alice. Elle faisait partie de moi. Je l'aimais plus que ma vie et ce serait ainsi jusqu'à mon dernier souffle.
     
     
     
    loinrue3

    votre commentaire
  •  

     

    loin
     
     
     
    CHAPITRE 29
     
     
    Alice
     
     
     
     
     
    Les mois étaient passés. Pour tout le monde le temps passe vite pour moi chaque jour ressemble à l'éternité.

    Mary-Anne ne savait plus comment me faire sourire et avait même abandonné l'idée.

    Je me levais que pour aller travailler et en général j'étais épuisée d'avoir encore une fois rêvé de lui. Je reconnaissais chacun de ses traits m'imaginant les toucher pour découvrir le moindre détail de son visage, de son corps.

    Le reste du temps je rangeais l'appartement, faisais les courses et le ménage. Je faisais tout pour me rendre utile et facilité la vie de ma colocataire.

    Quelquefois, enfin cela arrivait de plus en plus souvent, je trouvais un mot sur la porte. Elle n'était pas seule. Alors j'allais me balader ou bien je regardais l'océan me demandant ce que Matthiew faisait au même moment.

    C'est justement en revenant d'une de mes ballades que j'ai été un jour attirée par une vitrine.

    Devant moi une photo de Matthiew et posé tout autour des piles de livres. Il venait se paraitre un nouveau roman, son roman. Je m'approchais de la vitre sans lâcher mon regard de la photo.

    - Vous allez bien ? me demandait quelqu'un à côté de moi.

    - Oui. Merci.

    - Vous connaissez cet auteur ?

    - Oui, un peu.

    - Vous en avez de la chance. Son livre fait un tabac. C'est l'histoire d'une jeune femme et d'un homme qui se transforme en loup.

    - En loup ? mais ...

    - Vous devriez l'acheter, je l'ai dévoré en deux jours et je viens en prendre un exemplaire pour l'anniversaire d'une amie.

    J'ai fait signe à la jeune femme et je l'ai suivi dans la boutique. Je n'en croyais pas mes oreilles. Tout le monde avait l'air de vouloir le nouveau roman de Matthiew. Il avait raconté notre histoire. J'en rougissais tout en prenant dans mes mains un exemplaire que je me suis empressée de payer.

    Je marchais vite et n'avais qu'une hâte de rentrer à l'appartement.

    Je tenais contre ma poitrine le livre comme si il était le plus précieux de tous les trésors.

    Mary-Anne n'avait pas enlevé le panneau mais ça m'était égal, je me ferais discrète.

    Sans un bruit mais le cœur battant je me suis recroquevillée sur le canapé qui me servait de lit et j'ai ouvert la première page.

    Quelques lignes écrites comme de sa propre main.

    « Ce livre est pour toi. Je sais que nos chemins se croiseront un jour et que plus jamais je ne te laisserais partir. Grâce à toi je sais ce que sont des âmes sœurs et ce qu'est l'amour éternel ».

    Je tremblais comme une feuille et les larmes coulaient abondamment sur mes joues.

    Cependant je continuais ma lecture et tournais les pages fascinées par ce que je découvrais.
     
     
     
    loinrue1

    votre commentaire
  •  

     

    loin
     
     
     
    CHAPITRE 30
     
     
     
     
    Je n'ai pas vu Mary-Anne de la journée. Elle a dû quitter l'appartement mais j'étais tellement dans l'histoire que tout ce qui se passait autour de moi n'était que superflu.

    J'arrivais si facilement à démêler la fiction et la réalité. Ce livre c'était nous mais avec un petit plus. Je pouvais voir notre histoire du point de vue de Matthiew. Je savais pourquoi il était parti de son village car l'histoire commençait à ce moment là. C'était comme si ce livre avait été pour lui une thérapie, il avait aussi ouvert son cœur. Il m'aimait j'en ai toujours été persuadé. Mais avec ses mots ça prenait une véritable ampleur.

    Cette nuit là j'ai eu du mal à trouver le sommeil. Dans ma tête des images. Un mélange de réalité et de fiction. Mais une image me réveillait constamment, cette image c'était celle de son visage. Son visage et surtout son regard qui me fixait. Il était si triste et il prononçait mon prénom encore et encore.

    Je sentais maintenant que ce que j'avais fait avait été une connerie mais je ne pouvais pas faire machine arrière. Je ne pouvais pas lui dire que j'avais eu tort et puis il restait encore du blanc à combler à notre histoire.

    Je me levais pour aller à mon travail. Mary-Anne n'était toujours pas rentrée. M'en voulait-elle d'être rentrée hier alors qu'elle avait de la compagnie ?

    En fait j'étais contente qu'elle ne soit pas encore rentrée. Ça me laisserait le temps de me préparer à avoir une conversation avec celle que je considérais un peu comme ma colocataire.

    Je trainais les pieds, la matinée avait été pénible. Sergio avait organisé une soirée et la salle était immonde.

    Je montais les escaliers et tournais la clef dans la serrure. La première chose que j'ai vu en pénétrant dans la pièce principale c'était mon livre enfin le livre de Matthiew, entre les mains de Mary-Anne.

    - Lâche-le s'il te plait, ce livre est à moi, criais-je en me disant que j'aurais dû le mettre dans mon sac comme pour tout ce à quoi je tenais.

    - Désolée, il était sur le canapé.

    - Excuse-moi mais j'y tiens énormément.

    - Tu sais que je l'ai rencontré ? me dit-elle d'une voix calme en regardant la photo de Matthiew au dos du livre.

    - Quoi ? ai-je dit en me laissant glisser sur le sol.

    - Ça ne va pas ? s'écriait Mary-Anne en se levant brusquement afin de venir près de moi.

    - Tu as rencontré Matthiew ? Où ça ? Quand ?

    - Au boulot, il y a quelques temps déjà. Il cherchait quelqu'un. Je m'en souviens parce que j'ai cru que c'était un détective privé. Je n'ai pas voulu t'en parler, tu étais assez mal comme ça mais il te cherchait.

    - Comment tu sais qu'il me cherchait ?

    - Est-ce que ce monsieur connait beaucoup d'Alice ?

    - Non ! Tu aurais dû m'en parler. Je devais être au courant.

    - J'ai cru te protéger. Et merde j'ai fait ce que j'ai cru bon de faire.

    - Il a dit autre chose ?

    - Qu'il te laisserait vivre ta vie si c'était ce que tu voulais vraiment mais à la condition que tu tiennes ta promesse.

    - Ma promesse ?

    - Lui dire au-revoir.

    - Il avait l'air d'aller bien ?

    - Pas facile à dire mais une chose est sûre rien ne comptait à part retrouver celle qu'il aimait.

    Je restais silencieuse. Ses dernières paroles avaient fait tilt dans ma tête. Il avait raison, je lui avais fait cette promesse. Lui dire au-revoir c'est tout ce qu'il m'avait demandé et moi j'ai fui sans un regard vers cet homme que j'aimais.

    - Alice ?

    - Oui, ai-je répondu fébrilement.

    - La dédicace t'est destinée n'est-ce pas ?

    - Je suppose.

    - Pourquoi l'as-tu quitté ?

    - Il le fallait.

    - Je ne comprends pas.

    - Il avait des obligations familiales et je n'avais pas ma place dans celle-ci. Je ne voulais pas me mettre en travers de sa route. Et puis j'avais un certain passé avant de le rencontrer. Et une partie de ce passé je n'en ai pas parlé à Matthiew.

    - Il a pourtant l'air de quelqu'un de compréhensif ?

    - Oui. Mais je ne savais pas à quel point.

    - Tu es vraiment bizarre. Pourquoi tu n'en as pas profité de tout lui raconter sur ton passé ? Au moins tu aurais fui pour de bonnes raisons. Tu as ce mec dans la peau et d'ailleurs je suis sûre que tes petits personnages en bois avec lesquels tu t'endors viennent de lui.

    - Comment tu sais pour les figurines ?

    - Je ne suis pas si nunuche. Tu les tiens même dans ton sommeil, je le vois lorsque je rentre et tu les emmènes toujours avec toi dans ton sac avec tout le reste de ce que tu aimes d'ailleurs. C'est pour ça aussi que le livre, enfin tu vois.

    - Oui. Je comprends et pour les sculptures tu as raison, c'est lui qui les a faites.

    - Alors fonce ! Rentre chez toi. Va le retrouver. Tu as la chance incroyable d'avoir rencontré un mec comme lui et crois-moi je sais de quoi je parle.

    - Je ne peux pas, c'est impossible. Je n'ai jamais fait machine arrière.

    - Et bien c'est le moment de changer. Je vais t'accompagner jusqu'au bus. Tu dois le retrouver, un tel amour est rare et précieux. Ne le gâche pas.

    Je la regardais ébahie. Je savais qu'elle avait raison mais comment faire face à la situation. Me retrouver devant Matthiew alors que je l'avais quitté sans aucune explication.

    Mon cœur battait fort et j'avais l'impression d'être en pleine crise d'angoisse. Mary-Anne me serrait fort dans ses bras, c'était la première fois qu'elle avait un geste d'affection pour moi.
    Moi aussi je l'ai prise dans mes bras en pleurs bien évidemment. Je sentais que je lâchais prise et que ma carapace se fissurait pour libérer enfin le vrai moi.
     
     
     
    loinrue2

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique