• Le pouvoir de l\'Iris - Chapitre 17

     

    iris
     
     
     
    CHAPITRE 17




    Je n’osais pas regarder ce qui se passait dans la salle et pourtant je savais que la fête allait débuter d’un instant à l’autre. J’entendais le brouhaha des voix qui me parvenait du haut de mon perchoir.

    La musique était en fond, douce et mélodieuse. Puis elle s’est arrêtée et la voix de l’homme en costume gris a percé le silence.

    - Bonjour mes amis, mes frères, mes enfants. Encore une fois je vous remercie pour votre fidélité et votre loyauté envers moi et mon royaume.

    J’étais écœurée, son royaume. Il se prenait pour qui ? Mais en fait qu’est-ce que je savais du monde des vampires ? Il y avait certainement une hiérarchie autre que le fait des liens qui unissaient le créateur à sa progéniture. Je me disais que j’aurais dû me renseigner, je n’avais vraiment pas été curieuse sur le sujet. Si je pouvais revenir en arrière je poserais des questions à Raphaël.

    Raphaël ! Rien que son nom me faisait frémir d’une étrange douleur.
    Etait-il déjà là ? Savait-il que j’étais enfermée dans cette cage ?
    Certainement oui car jusqu’à présent il avait toujours senti ma présence.

    Le discours continuait faisant le bilan de je ne sais quelle situation dans un monde qui m’était inconnu. Puis la musique reprit alors qu’il souhaitait à tout le monde de passer une bonne soirée.

    Je n’osais pas remuer sachant que la cage bougerait également et me donnerait très certainement la nausée. Je n’avais jamais aimé les manèges alors me retrouver dans un endroit instable à plusieurs mètres au dessus du sol m’effrayait au plus haut point.

    Mais alors que j’avais décidé de ne pas me montrer afin de passer inaperçue j’ai senti cette chaleur m’envahir, m’envelopper, ce sentiment qui m’avait tant manqué. Je me suis mise debout doucement et me tenant aux barreaux j’ai scruté la salle à la recherche de celui que je désirais voir. Je l’ai repéré au fond près du buffet, il regardait autour de lui, il cherchait quelque chose. Puis j’ai vu Calum lui serrer l’épaule et me montrer du doigt, nos regards se sont croisés enfin et j’ai ressenti toute la douleur qu’il avait en lui. Ses yeux étaient à la fois apeurés et en colère.
    J’aurais pu rester ainsi si un rire n’avait pas surgit à ce moment.

    Je regardais en dessous de moi. L’homme au costume gris avait vu la scène et il s’amusait beaucoup de la situation. Il fit signe à Raphaël pour qu’il vienne le rejoindre. C’est ce qu’il a fait alors qu’il ne me regardait plus. Mais la chaleur qui entourait mon corps était toujours présente, m’enveloppant afin de me rassurer.

    Tout le reste de la soirée Raphaël était assis à côté de son créateur et moi au-dessus d’eux ne sachant comment réagir. Pas un seul instant il n’a tourné son regard vers moi. Pas un seul instant il n’a dit un mot. Ils étaient là tous les deux regardant la foule se trémousser au son de la musique. Puis l’homme au costume gris a claqué des doigts et des femmes vêtues de bouts de tissus transparents comme on pouvait se les imaginer dans les harems d’un émir se sont installées à ses pieds.

    Il en a pris une par les cheveux afin qu’elle vienne un peu plus près et d’un seul mouvement il a enfoncé ses crocs dans son cou, se délectant d’un met succulent. Puis il l’a jeté à ses pieds la laissant reprendre sa place à côté des autres. Il en a choisit une autre qu’il a montré à Raphaël et qui s’en un regard vers moi s’est lui aussi nourrit à son cou.

    J’étais désespérée et j’aurais voulu crier ma colère mais aucun son ne sortait de ma bouche, juste des larmes encore une fois. Je m’agrippais au niveau de mon ventre, je serrais le tissus de la robe jusqu’à ce que mes doigts blanchissent. Je souffrais de tout mon cœur de toute mon âme de ce que je voyais mais c’est alors qu’une chose incroyable est arrivée. Raphaël s’est mis à vomir, ses mains se crispaient au niveau du ventre, au même endroit que moi d’ailleurs. Il était à quatre pattes sur le sol et avait l’air de souffrir.

    Calum et les autres membres du groupe sont venus l’aider mais ils ont été stoppés net par l’homme qui se trouvait sur son grand siège rouge.

    Je serrais maintenant les barreaux de la cage et je regardais Raphaël tousser et essayer de se relever.

    Le silence était dans la pièce, il n’y avait plus la musique et tous les regards étaient tournés vers la scène qui se passaient sous leurs yeux. Certains avaient le regard brillant et moqueur, d’autres avaient le regard indifférents, et enfin il y avait ceux qui étaient si étonnés par ce qu’ils avaient sous les yeux.

    Je m’inquiétais pour l’homme que j’aimais. Car oui il m’avait laissé mais je l’aimais encore. Enfin il s’est levé et a essuyé d’un revers de la main le sang qui coulait le long de sa bouche. Calum m’a regardé d’un air désespéré. Qu’est-ce qu’il se passait ? Que lui était-il arrivé ? Est-ce que son créateur l’avait empoisonné ?

    L’homme au costume gris s’est levé.

    - Mes amis. Continuez à vous amuser. Je dois me retirer avec mon « fils ».

    Il a fait signe aux deux vampires qui étaient venus me chercher et ils se sont dirigés vers moi afin de me faire descendre de mon perchoir. Ils ont ouvert la cage et j’ai voulu me précipiter vers Raphaël mais c’était sans compter les sbires de monsieur le roi du château pour m’en empêcher. J’ai voulu me débattre mais la chaleur m’a enveloppé me calmant instantanément.

    Suivaient derrière moi l’homme au costume gris suivi de Raphaël.

    Nous nous sommes tous retrouvés dans une pièce, un mélange de bibliothèque et de bureau. Une odeur âcre se dégageait et me faisait grimacer. J’avais moi aussi envie de vomir mais rien ne sortait vu que je n’avais pas mangé depuis un certain temps. J’avais juste des nausées.

    - Alors Raphaël, n’as-tu rien à me dire ?

    - Non. Rien ! C’est pour m’empoisonner que tu m’as fait venir ici Hector ?

    - Non c’est juste pour avoir une confirmation.

    - Et je peux savoir laquelle ?

    - Son sang ! dit-il en me montrant du doigt.

    - Je ne comprends pas.

    - Oh si tu comprends très bien ce que je veux dire. Tu as certainement entendu parler de cette légende.

    - Quelle légende ? demandais-je soudain.

    Hector, dont je venais d’apprendre son nom, me frappait du revers de la main me faisant tomber lourdement.

    Raphaël s’est écroulé en même temps que moi. Je le regardais ahuri ne comprenant pas ce qui se passait. J’avais mal et je me tenais la joue qui me chauffait inévitablement.

    - Toi, femme, tu n’as pas le droit à la parole, et se tournant vers Raphaël, tu ne vois pas de quoi je parle et pourtant tu dois sentir ce changement en toi. Comment as-tu trouvé cette humaine ? Explique-moi !

    Raphaël s’est redressé, se tenant non loin de moi. J’avais envie de le toucher, de me blottir dans ses bras mais je le sentais distant et froid.

    Il a raconté notre histoire sans entrer dans les détails de notre intimité.

    Il lui a expliqué les sentiments qui s’étaient bousculés lorsqu’il m’a vu la première fois et qui l’avaient bouleversé le poussant à me connaitre.

    Puis j’ai enfin eu l’explication de sa disparition le matin où il avait bu mon sang. Mais ce n’était pas ce que j’aurais voulu. Il disait qu’il avait compris qu’il ne voulait plus cette vie là, qu’il voulait retrouver sa liberté et son goût pour la chasse et la luxure. Je venais de recevoir une autre claque et celle-ci me faisait beaucoup plus mal que la première, mon cœur s’était brisé en mille morceaux et je sentais le vide qui se trouvait à sa place. J’écarquillais les yeux car Raphaël avait l’air de souffrir et sa main était posée au niveau de son cœur.

    - Tu veux jouer encore longtemps les imbéciles ou bien tu ne comprends vraiment pas ce qui t’arrive ? Ressent-elle aussi tes humeurs, tes sentiments les plus intimes ?

    Je savais qu’il parlait de la chaleur qui m’envahissait lorsqu’il pensait à moi. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Je voulais moi aussi des explications mais je n’osais plus dire un mot de peur de me prendre encore une fois un coup.

    - Je ne sais pas, dit-il dans un souffle.

    - Je ne te crois pas. Mais peu importe je vais te libérer de son emprise et de cette malédiction. Je vais être obligé de la passer au pouvoir de l’iris pour te sortir de cette impasse. Je voulais te donner une leçon car je croyais que tu étais amoureux d’elle et que tu voulais faire avec elle le lien du sang afin de te libérer de mon emprise.

    - Je n’aurais jamais fait ça, père ! Je vous suis reconnaissant pour ce que vous voulez faire pour moi mais je ne crois pas que ce soit nécessaire. Je vais partir, m’éloigner d’elle, de son attraction. Dans quelques années elle ne sera plus un problème pour moi et je reviendrais.

    - Et si tu n’arrives pas à t’éloigner ?

    - Alors vous pourrez faire ce que vous vouliez au départ. La soumettre à votre pouvoir ou la tuer.

    Je n’arrivais pas à croire à ses paroles. Mes larmes étaient encore là, d’ailleurs depuis le temps que je pleurais je me demandais comment je pouvais y arriver encore. Il ne m’aimait pas ! Voilà ce que je retenais et ma souffrance était si forte que je voyais Raphaël tituber légèrement serrant ses poings contre son corps.

    - Est-ce que je peux partir maintenant ? demanda-t-il.

    - Tu ne veux pas lui dire adieu ? répondit Hector avec un sourire.

    - Non, pourquoi ? Elle a gâché ma vie et m’oblige à partir loin d’ici donc je n’ai rien à lui dire.

    - Et pourtant tu choisis pour elle la liberté.

    - Oui. C’est juste pour la remercier des bons moments que j’ai passé en sa compagnie. Elle a été une bonne distraction. Puis-je compter sur vous pour la ramener chez elle ?

    - C’est une faveur ?

    - Oui.

    - Soit ! Adieu jeune demoiselle. Je suis désolé. En fait non, je ne suis pas désolé. J’espère que vous allez souffrir de cette séparation tout le reste de votre vie. Et si d’une manière ou d’une autre vous essayez de reprendre contact avec mon fils vous savez que je ne vous donnerais pas une autre chance. Je voulais juste vous dire que j’ai été stupéfait par le sang froid que vous avez eu en notre compagnie ces derniers jours. Vous avez beaucoup de caractère et beaucoup de courage.

    - Si j’avais eu du courage j’aurais essayé de vous tuer.

    - Peine perdue !

    - Oui. Mais j’aurais pris un plaisir immense à essayer.

    En riant il a fait signe à ses deux gardes du corps qui m’ont poussé vers la sortie. Cependant avant de franchir la porte je me suis retournée et j’ai enfin croisé le regard de Raphaël.

    - De mon côté je t’aimais d’un amour pur et véritable.

    Je suis partie rapidement ne m’attendant pas à avoir une réponse de celui qui m’avait fait vibrer des nuits entières. Et surtout je redoutais que son maitre ne change d’avis à mon égard.

    Le chemin de retour m’a paru très long pourtant souvent lorsque l’on rentre chez soi les trajets nous paraissent plus courts. Cette fois-ci ce n’était pas le cas. Les deux vampires me regardaient encore avec envie comme lorsqu’ils sont venus me prendre de force devant chez Raphaël.

    Ils m’ont laissé là devant la maison de mes parents. Mais là un autre choc m’attendait. Sur la pelouse un panneau « vendu » s’y trouvait. Je courais vers la maison, la porte était ouverte et je me précipitais à l’intérieur.

    La maison était vide, totalement vide. Plus rien, plus de meubles. Mes parents avaient eu aussi disparu. Je les appelais de toutes mes forces mais il n’y avait que l’écho de ma voix pour me répondre.

    Je me suis rendue à l’hôpital, là où ils étaient sensés travaillés. J’ai été reçu par le supérieur de ma mère qui n’a pas compris pourquoi je les cherchais. Je ne comprenais plus rien. Je me suis excusée et suis partie vers le centre de la ville.

    Je regardais autour de moi et j’ai vu le nom de l’agence qui était inscrit sur le panneau devant chez moi. Je suis entrée et j’ai demandé des renseignements sur la maison. Apparemment la maison s’est vendue très rapidement et mes parents sont partis le matin même de ma disparition.

    - Melle Davis ? dit une voix derrière moi.

    - Oui. Vous me connaissez ? demandais-je d’un air ahuri.

    - Je connais vos parents. Ils m’ont donné des instructions pour vous. Si vous voulez bien me suivre dans mon bureau.

    Je me laissais faire.

    - Est-ce que vous savez où ils sont ?

    - Oui bien sûr. Vous étiez en voyage c’est ça ?

    - Si on peut dire. Mais assez parlé de moi, où sont mes parents ?

    - A Los Angeles !

    - Los Angeles ? Qu’est-ce qu’ils font là-bas ?

    - On leur a fait une superbe proposition dans une nouvelle clinique et ils devaient prendre leur poste rapidement.

    - Ça n’a pas de sens, ils ne seraient jamais partis sans m’en parler avant. Je n’y comprends rien.

    - Est-ce que vous connaissez un certain Calum ?

    - Oui, lui dis-je le cœur battant. Qu’a-t-il à voir avec mes parents ?

    - Rien. Sauf qu’il m’a demandé un service.

    - Vous…

    - Si je sais ce qu’ils sont ? Bien sûr ! Ils ont besoin de nous pour certaines choses vous savez.

    - Non justement je ne sais rien, et je ne veux rien savoir. Je ne veux plus avoir à faire avec eux. Je veux savoir la vérité sur mes parents et tout de suite.

    - Ça va ! Ne vous énervez pas ! Hector a fait en sorte que vos parents oublient votre existence. Vous n’étiez pas sensé revenir.

    - Merci ça fait plaisir.

    - Comprenez-moi. Je sais ce que fait ce personnage et je ne suis pas très fier de le connaitre. Mais heureusement pour moi il n’a aucune affaire dans le coin. Mais vous avez malgré tout des amis dans le monde des vampires je me trompe ?

    - Oui vous vous trompez encore une fois. J’avais des amis, je n’en ai plus.

    - Laissez-moi terminer s’il vous plait. Donc je disais que vos parents ne savent plus qui vous êtes. Mais avant leur départ une autre personne a pu leur faire admettre de mettre de l’argent sur un compte. Voici votre carte, vos papiers d’identité, et tout ce que vous aurez besoin pour justifier qui vous êtes.

    Il me tendit une grande enveloppe épaisse que je pris en la serrant contre mon corps.

    - Vos objets personnels, vos vêtements sont à cette adresse. L’appartement en situé dans un quartier très tranquille et sécurisé. Voici votre titre de propriété.

    - Un appartement ? On a forcé mes parents à m’acheter un appartement ?

    - Non. C’est un achat de l’autre personne.

    - Je n’en veux pas alors.

    - Je vous en pris réfléchissez. Vous ne connaissez plus personne, vous êtes seule au monde. Et puis pour être franc j’ai reçu des menaces. Ils s’en prendront à moi si vous n’acceptez pas. S’il vous plait ?

    - D’accord ! dis-je d’un air las.

    - Merci, me répondit-il d’un air soulagé.

    Au bout d’un quart d’heure je quittais l’agence et me dirigeait vers l’adresse que m’indiquait le bout de papier que je tenais dans ma main.

    Je n’arrivais pas à croire à cette histoire. Il fallait que je rentre quelque part. Je voulais évacuer mon chagrin mais sans témoin cette fois-ci.

     

     

    05.wir.skyrock.net14

     


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