• Le pouvoir de l\'Iris - chapitre 19

     

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    CHAPITRE 19




    Cela faisait maintenant un an que toute cette histoire s’était passée. Est-ce que j’étais heureuse ? Je pouvais dire avec certitude que non. J’avais le cœur qui battait mais il n’était plus avec moi, il était parti il y a de cela plusieurs mois.

    J’avais un travail et je poursuivais encore mes études. Encore quelques semaines et j’en aurais terminé.

    Lorsque je n’étais pas en cours j’étais chez Blaise, un mec sympa, mon patron. Il avait la quarantaine, n’était pas d’une beauté fulgurante et commençait à prendre un peu de ventre sous l’œil attendri de sa femme. Il avait deux garçons, des jumeaux, Maxime et Grégory âgés d’une dizaine d’années.

    J’étais devenue experte dans la vente de maison. Ah oui je ne vous avais pas dit que je travaillais dans une agence immobilière. Pas trop ce que j’aurais voulu mais il fallait bien se nourrir et payer les factures. Et puis faire visiter des biens me laissais du temps pour aller en cours. Sans compter que j’étais en contact avec des gens ce qui me permettait de me sortir de ma solitude.

    Je n’avais pas beaucoup d’amis et le si peu je ne les voyais qu’à l’université, en dehors, ça ne m’intéressait pas plus que ça. En fait je croyais que je faisais fuir les personnes qui s’approchaient de moi.

    L’été dernier j’étais partie aux Etats Unis, j’avais besoin de revoir mes parents, besoin de me rendre compte par moi-même que je n’étais qu’une étrangère à leurs yeux. Ils avaient l’air heureux, travaillaient beaucoup et ils avaient une vie sociale….. Sans moi. Je n’étais qu’une étrangère pour eux, une gentille fille qui a demandé un jour son chemin. J’avais mis deux mois à m’en remettre.

    Mais je m’en suis sortie, encore. Ma vie se résumait à peu de choses mais je m’accrochais.
    Les hommes et moi étions ennemis. Je n’en voulais pas ! C’était un choix ! Je préférais être seule plutôt que mal accompagnée, c’est ce qui se disait je crois ! J’étais froide à leurs avances, je n’étais la femme que d’une seul personne et je l’avais perdu.


    Je n’avais jamais eu de nouvelles. Au début je regardais de temps en temps sur le net mais plus rien. C’était comme si le groupe s’était dissous. Il avait dit à Hector qu’il partirait loin et je me rendais compte qu’il avait tenu parole. Qu’est-ce qu’il devenait ? Où était-il ? Ces questions me revenaient souvent en tête. Je suis passée devant chez lui une fois ou deux par la force des choses à cause de mon travail mais rien. Ça n’avait pas l’air d’être habité et pourtant elle n’avait jamais été mise en vente. Etait-ce que je devais garder l’espoir de le revoir ? Il m’a écrit qu’il reviendrait mais quand ? Lorsque je serais vieille et toute ridée. Une vieille fille acariâtre et seule, terriblement seule. Je préférais ne pas y songer pour l’instant et continuer à regarder défiler les jours et les années.

    Et pourtant ce matin là lorsque je suis sortie de mon immeuble j’ai vu une ombre. Une ombre qui m’épiait, j’en étais certaine. Je croyais en avoir fini avec tout ça. Pendant six mois j’ai été sous surveillance vampirique comme j’aimais me le dire. Et puis un jour plus rien. Mais là, de l’autre côté de la rue, il y avait quelqu’un et ce sentiment d’insécurité est revenu me frapper.

    J’essayais de ne rien faire paraitre et j’avançais d’un pas sûr vers ma voiture. Pourquoi n’avais-je pas trouvé de place plus près hier soir ?

    Toute la journée je n’ai pas eu l’esprit tranquille. J’avais dit à mon patron que j’avais un truc urgent à faire et qu’il fallait que je rentre tôt. Ce soir je devais rentrer avant la nuit, j’en étais certaine.

    Je savais au plus profond de moi que si c’était Raphaël qui avait été tapi dans l’ombre je l’aurais su. J’ai toujours ressenti sa présence autour de moi. Il m’aurait comme à son habitude enveloppée de cette chaleur, de son intimité, de ses pensées pour moi. Et là il n’y avait que froideur et désespoir.

    La route m’a paru longue et j’ai eu la chance de trouver une place juste devant l’entrée de chez moi. J’étais rassurée et préparais mes clefs afin de ne pas perdre de temps alors que je faisais mon code.

    J’étais dans le hall, la porte s’était refermée et je me suis tout de suite sentie à l’abri. Un grand souffle de soulagement a percé le silence. Je suis montée à mon étage, les clefs dans mes mains, tremblante pour ouvrir la porte de mon appartement. Puis j’ai claqué la porte de tout mon poids, me mettant à l’abri pour la nuit.

    Mais je n’avais pas eu le temps de faire un pas que des bras m’encerclèrent et qu’une main s’abattait sur ma bouche. Un souffle froid me chatouillait les oreilles et je sentais la fin de ma vie approcher à une vitesse inimaginable.

    - Chuuuutt ! me dit la voix. C’est moi Calum. Si je te lâche promets-moi de ne pas crier.

    J’avais peur mais je lui ai fait un oui de la tête. Il m’a lâché et s’est reculé pour atteindre l’interrupteur. C’était bien lui, l’ami de Raphaël. Il avait changé. Il n’était plus aussi arrogant et pourtant n’est-ce pas lui qui s’était amusé de mon amie avant qu’Hector ou ses sbires ne la tue en la vidant de son sang ? M’en voulait-il pour Raphaël et le fait qu’il n’y avait plus de groupe ? Etait-il là pour se venger ? Je n’arrivais pas à prononcer quoi que ce soit tellement je tremblais encore de cette agression.

    - Viens t’assoir, tu es toute pâle. Je suis désolée mais il ne fallait pas que je me fasse remarquer. Je devais t’empêcher de crier. Les humains sont assez forts pour cela dans des moments d’angoisse intense.

    - J’en ai vu d’autre ! répondis-je simplement en m’écroulant sur mon canapé.

    Il ne s’est pas assis à côté de moi, mais en face de moi, dans l’unique fauteuil qui trônait dans la pièce.

    - Tu te sens mieux ? demanda-t-il.

    - Un peu oui ! Mais laisse-moi encore quelques minutes s’il te plait.

    - Je ne suis plus à ça près ! ça fait des heures que j’attends ici.

    - Quoi ? Tu es dans mon appartement depuis combien de temps ?

    - 5 heures à quelques minutes près.

    - Tu …. Mais …. Comment es-tu rentré ?

    - J’ai les clefs.

    - Quoi ?

    Cette fois j’étais en colère et me suis relevée brusquement. Mais Calum m’a attrapé le bras et m’a forcé à m’assoir.

    - Si j’avais voulu te faire du mal je crois que j’aurais agi depuis longtemps non ?

    Il avait raison. Mais je me sentais violer dans mon intimité. Jamais je n’aurais pensé qu’ils avaient la possibilité d’entrer ici comme ils le voulaient. C’était justement le seul endroit où je pouvais respirer librement et maintenant même ça on me l’avait enlevé.

    - Je n’aurais pas utilisé ce moyen si ça n’avait été urgent. Crois-moi bon sang ! Je pourrais suggérer à ton esprit de me suivre ou de faire ce que j’ai envie mais comme tu le vois je ne suis pas là pour ça. Je veux que tu aies toute ta tête pour entendre ce que j’ai à te dire. C’est grave Léna !

    - Raphaël ? demandais-je brusquement.

    - Oui. Je vois que tu es toujours liée à lui, même si ça fait plusieurs mois que vous ne vous êtes pas vu. Les autres ne voulaient pas me croire. J’avais raison, tu es la seule solution.

    - Parle bon sang ! Tes énigmes m’ennuient et m’inquiètent.

    - Raphaël est en train de mourir Léna.

    Je restais bouche bée, impossible de réagir à cette phrase qui se répétait comme dans un écho dans ma tête. C’était impossible. Un vampire ne pouvait pas mourir sauf si un autre vampire le tuait. C’est ce qu’il m’avait dit, j’en étais sûre.

    - C’est Hector qui lui a fait ça ? Il l’a attaqué ? Blessé ? Où est-il ?

    - Ohhhh ho ! Arrête avec toutes tes questions. Je vais répondre mais une seule à la fois.

    - Ok !

    - Alors non ce n’est pas Hector qui l’a attaqué. D’ailleurs personne ne s’en est pris à lui. Blessé ? oui et non. C’est plus compliqué que ça. En fait il se meurt.

    - Je ne comprends pas. Comment un vampire peut mourir comme ça ?

    - Au début nous non plus on ne comprenait pas et puis on s’est souvenu des paroles du seigneur d’Ecosse, tout part d’une légende. Seulement il y avait un problème, Raphaël ne voulait pas être sauvé, il ne voulait pas nous parler de cette fameuse légende, cette malédiction pour les vampires. Pendant des mois il a tenu le coup, se concentrant un maximum et dépensant très peu d’énergie. Nous ne comprenions pas pourquoi il ne voulait plus se nourrir. Nous l’avons questionné mais rien à faire il restait muet. Et puis les autres en ont eu marre et sont partis refaire leur vie ailleurs. Moi aussi je suis partie, le laissant seul. C’est vrai que nous pensions qu’il lui fallait une bonne leçon et surtout qu’il arriverait à dire adieu à celle qu’il avait perdu.

    - Moi ?

    - Oui. Evidemment ! Tu sais tout ce qu’il a dit ce soir là dans le château était faux. Il savait ce qu’Hector faisait et il ne voulait pas de ça pour toi. Sans compter qu’il se sentait coupable de t’avoir aimé, de t’avoir mêlée à sa vie, à sa condition.

    - Il m’a aimé ? me dis-je comme à moi-même.

    - Eperdument et il t’aime encore.

    - Alors pourquoi n’est-il pas venu me rejoindre ?

    - Tous les deux vous êtes sous surveillance. Encore aujourd’hui il faut se montrer prudent. Tu me permets de continuer ?

    - Oui.

    - Où est-il ? Tout près d’ici. Il y a six mois lorsque je suis retourné le voir il était devenu très faible mais m’a demandé de le ramener dans sa maison, ici. Depuis je lui tiens compagnie. Il ne voulait pas que je vienne te le dire. Il avait peur pour ta vie. Mais depuis ce matin il ne réagit plus et surtout il ne se réveille plus.

    - Il…. Est….

    - Non pas encore ! C’est nouveau pour moi. Jamais je n’avais entendu pareil cas. Mais une chose est sûre il a besoin de se nourrir.

    - Comment ? Il ne se nourrit plus ?

    - Plus rien depuis l’Ecosse.

    - Mais c’est impossible. C’est vital pour vous et surtout c’est dans votre nature. ça veut dire qu'il n'a rien bu depuis plus d'un an ?

    - Oui. Mais il a une force impressionnante. Et le pire c’est qu’à chaque fois que j’ai essayé il a été malade, rien n’y fait, il ne supporte plus de boire du sang.

    - Je l’ai vu au château lorsqu’il s’est nourri de cette fille. Il a vomi et s’est plié de douleur. Comment lui venir en aide ?

    - D’abord je pense qu’il faut que je l’amène ici. Il a besoin de toi Léna. Je ne sais pas par quel moyen tu peux le sauver mais cette malédiction est liée à l’amour que vous éprouvez l’un pour l’autre.

    - On va vous voir ?

    - Non. J’ai tout préparé dans le moindre détail. Je sais que je peux y arriver. A une condition !

    - Laquelle ?

    - Que ça se fasse cette nuit.

    Je n’arrivais pas à croire que j’allais le revoir, seules les larmes qui coulaient le long de ma joue et les battements de mon cœur précipités me donnaient la certitude que je réagissais à la situation.

     

     

    05.wir.skyrock.net16

     


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