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    Chapitre 18




    Mon père n’avait pas changé. Il était toujours le même. Quelque part ça me réjouissait de le revoir mais d’un autre côté je savais que les choses n’avaient pas changé. Sa priorité la continuité des traditions pour le soi-disant bien être de la meute.

    - Pourquoi tout ceci, père ? dis-je légèrement en colère.

    - Bonjour fils. Assieds-toi.

    - Je veux voir Alice.

    - Elle est encore inconsciente mais elle va bien. Nous avons du temps pour parler.

    - Non ! Je vais la rejoindre que tu le veuilles ou non.

    Je me suis dirigé vers mon ancienne chambre. J’ai pris le temps de fermer la porte derrière moi et je me suis dirigé vers mon lit, là où se trouvait Alice.

    - Alice ! Alice ! Réveille-toi, lui dis-je tout bas en lui caressant la joue.

    Elle a ouvert les yeux difficilement, dans un état second, entre la conscience et l’inconscience.

    - Matthiew ? dit-elle hésitante.

    - Oui, je suis là avec toi. Je suis désolé pour tout ça. Je ne voulais pas te créer de problèmes.

    Elle essayait de s’assoir sur le lit et je me levais pour l’y aider.

    - Il y avait trois hommes et une femme cachés dans l’appartement. Je n’ai rien pu faire. D’ailleurs je ne sais pas si j’arriverais à les reconnaître j’étais déjà dans le brouillard quand ils m’ont fait face.

    - Je sais.

    - Où sommes-nous ? Je ne reconnais pas l’endroit et pourtant il y a quelque chose qui me semble familier.

    - Nous sommes chez mon père et cette pièce est mon ancienne chambre.

    - Oui ! Exact ! Je reconnais ton odeur et puis ici aussi tu as des petites sculptures de loup. Mais là n’est pas la question, pourquoi sommes-nous ici ?

    - Mon père est le chef d’un clan et il veut me récupérer. Il veut que je lui obéisse.

    - C’est à cause de ça que tu es parti ?

    - Oui pour une grande majorité.

    - Tu me caches quelque chose ? me dit-elle en me fixant.

    Je lui racontais pour le mariage, Mya, le fait qu’elle n’était qu’une enfant. Elle a écouté sans rien dire, ce qui n’était pas spécialement dans ses habitudes.

    J’étais étonné de son calme. On l’avait enlevé et emmené dans un endroit inconnu et elle le prenait bien. Du moins en apparence. Je commençais à la connaitre et après l’étonnement c’était plutôt de la fierté que je ressentais. Elle avait une capacité étonnante à cacher ses sentiments, ses peurs. S’en était quelquefois effrayant. Je me demandais combien de temps il lui faudrait pour réagir.

    - C’est dégoutant, me dit-elle au bout de cinq minutes. Comment on peut forcer une jeune fille d’à peine 16 ans à se marier à un inconnu ?

    - Son père avait un accord avec le mien, un peu comme un pacte. Je l’ai trahi en m’enfuyant et ça fait un plus de deux ans que n’avais vu ma famille.

    - Nous avons eu le même parcours sauf que toi tu as pris les bonnes décisions et moi non.

    - La différence c’est que ma mère m’avait laissé pas mal d’argent à sa mort ce qui m’a permis de faire certains choix. Est-ce qu’un jour tu me diras ce qui s’est passé dans ta vie ?

    - Un jour certainement. Laisse-moi du temps.

    - Tout ce que tu veux ! lui dis-je en passant le dos de ma main de sa tempe à son menton m’électrisant par la même occasion.

    - Est-ce que l’on va me faire du mal ? demanda-t-elle brusquement.

    - Non ! Je les empêcherais, il ne t’arrivera rien. Ils ont juste besoin d’un moyen de pression pour que je revienne.

    - Et ?

    - Et quoi ? Tu sais très bien maintenant mes sentiments. Ce baiser te l’a montré, non ?

    - Oui, me dit-elle en s’approchant dangereusement de mon visage.

    Elle m’enlaçait fébrilement passant ses bras autour de moi. Elle se lovait contre mon torse faisant battre mon cœur un peu plus vite.

    Puis elle s’est reculée légèrement et m’a déposé un baiser sur mes lèvres, puis deux, puis trois, jusqu’à ce que je n’arrive plus à me contrôler.

     

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    Chapitre 17
     

    Matthiew




    Pendant un fragment de seconde j’avais eu la sensation qu’Alice savait ce que j’étais, du moins qu’elle avait fait le rapprochement entre moi et le loup. Mais c’était tout bonnement impossible. J’essayais d’engager la conversation histoire de ne plus penser à elle.

    - Où va-t-on ?

    - Chez nous ! me dit Nathan.

    - Il n’en est pas question ! Nous devions seulement avoir une conversation, leur dis-je en stoppant la marche.

    - Je crois que si, me dit Kurt. Nous avons enlevé la jeune fille pour être sûr que tu obéisses. Lorsque tu as vu qu’elle était en difficulté tu t’es précipité vers elle sans refermer ta porte. Certains de nos frères en ont profité pour se cacher chez toi. Cela a été beaucoup plus facile que prévu.

    - Vous allez la relâcher, elle n’a rien à voir dans nos histoires. Elle ne sait rien pour nous, pour moi.

    - Elle est en route maintenant. Ce n’est pas à moi de prendre cette décision mais à ton père.

    - C’est lui qui vous envoie ?

    - Il savait que tôt ou tard, tu reprendrais ta forme animale. Il fallait juste être patient.

    - Nathan ! Pourquoi tu me fais ça ? Nous étions amis.

    - Parce que tu dois reprendre ta place parmi nous. C’est comme ça et tu le sais au fond de toi.

    - Vous ne comprenez pas ! Je veux vivre une vie normale. Mon père voulait m’imposer cette fille pour que je puisse procréer pour le bien être de la meute. Tout était déjà planifié sans que j’ai eu mon mot à dire.

    - C’est la tradition, dit Kurt d’une voix grave.

    - Les traditions sont faites pour s’adapter au monde extérieur. Si nous continuons sur cette lancée ce sera notre perte.

    - Et bien tu vas dire tout ça à ton père. Maintenant ça suffit nous devons y aller.

    Je me suis rendue compte que nous étions à l’écart de la ville. Et que la meute transformée nous attendait déjà.

    Me retrouver à proximité des miens a eu un effet immédiat sur mon côté animal.

    Je courais comme le faisait les autres en pensant que je n’étais qu’un sombre crétin pour m’avoir fait avoir aussi facilement. J’aurais dû le savoir, j’aurais dû sentir leur présence dans l’appartement. Il avait dû envoyer des novices et sous leur forme humaine je n’ai pas détecté leurs odeurs. Je n’avais qu’une hâte voir Alice, savoir si elle allait bien. Pour le reste et bien je garderais dans un coin secret de ma tête afin que les autres ne puissent pas entendre mes pensées. Ça au moins j’y arrivais encore.

    Les odeurs familières me revenaient petit à petit, je savais que nous étions près du village.
    Nous nous sommes arrêtés afin de reprendre nos formes humaines alors que quelqu’un nous attendait avec des vêtements.

    J’ai pris le jean et le tee-shirt qu’on me tendait ainsi que des vieilles baskets en me demandant à qui j’avais à faire.

    - Mya ? demandais-je surpris.

    - Oui. C’est bien moi. Bonjour Matthiew.

    - Bonjour !

    - Ton père t’attend, suis-moi. Les gars on vous attendait plus tard. Vous avez fait du bon travail. A ce soir.

    - A ce soir Mya ! dirent les autres en chœur.

    Les choses avaient changées par ici. Depuis quand Mya donnait des ordres ?

    - Certaines choses t’échappent n’est-ce pas ?

    - Pour être honnête oui.

    - Comme tu n’as pas voulu de moi j’ai épousé ton père.

    - Quoi ? Mais ce vieux fou est totalement timbré. Tu avais quoi 15 ans ?

    - 16. Mais il a attendu mes 18 ans. Nous nous sommes mariés il y a deux mois. Il devait le faire pour tenir sa parole faite à mon père.

    - Je suis désolé. Je ne voulais pas ça.

    - Tu as pris ta décision. Tu es parti parce que tu ne voulais pas de moi.

    - Je ne voulais pas qu’on me marie à une enfant et qu’on décide avec qui je m’unirais. Si ça avait été une autre que toi cela aurait été la même chose.

    - Je sais.

    Nous étions déjà devant la maison de mon père. La maison dans laquelle j’avais grandi.

    - Je te laisse avec ton père. A tout à l’heure Matthiew.

    - Ouais c’est ça ! Attends ! Est-ce qu’ils ont emmené une jeune fille ici ?

    - Oui. Elle est à l’intérieur dans ton ancienne chambre. C’est ta fiancée ?

    - Non !

    - Mais tu tiens à elle.

    - Oui. Enormément.

    Elle est partie sans rien ajouter et j’ai franchi avec angoisse le seuil de la maison le cœur battant.

     

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    Chapitre 16
     

    Alice




    Je me suis levée très tôt je n’avais aucune envie de me retrouver nez à nez avec Matthiew ce matin. J’avais réfléchi un bon moment et je n’arrivais pas à trouver les réponses à mes questions.

    Je savais que Matthiew avait des sentiments pour moi je l’avais senti à mon retour mais il me cachait beaucoup trop de choses et ma priorité était de ne plus souffrir à cause de qui que ce soit.

    Je m’étais même demandé si je devais quitter l’appartement mais je savais que je n’aurais plus de nouvelles chances de m’en sortir que celle-ci.

    Et puis je ne devais pas songer à mes sentiments pour lui. Je devais garder la tête sur les épaules. J’avais du travail donc il me fallait attendre d’économiser pour pouvoir trouver un autre logement.

    Ce matin l’idée ne me paraissait plus si bonne que la veille. Je me rendais compte que l’idée de partir d’ici m’était intolérable. C’était comme si on me déchirait de l’intérieur. En fait ce n’était pas cet appartement qui me manquerait mais plutôt son occupant.

    Petit à petit il avait empli le vide que j’avais au fond de moi. J’étais belle et bien amoureuse de lui. Ce soir. Ce soir je ferais le premier pas.

    Je regardais l’heure, il était temps pour moi d’aller à la librairie. Matthiew n’était toujours pas levé. Quelque part ça m’arrangeait, je n’étais pas en état de me retrouver devant lui. Je prenais mon sac, mes clefs mais au moment de partir j’ai cherché sur son bureau un morceau de papier.

     

    « A ce soir ! C’est moi qui prépare le repas, je serais un peu en retard. Alice. »



    Contente de moi je le déposais sur la table de la cuisine et dans la précipitation faisait claquer la porte d’entrée en sortant.

    La journée a été enrichissante et je progressais dans mes différentes tâches sous l’œil attentif de Mr Blackwells.

    Je me dépêchais de sortir de la boutique tenant dans mes mains la liste de courses que j’avais établi pendant ma pause du midi.

    Je savais déjà où me diriger et je me dépêchais avant la fermeture des boutiques.

    Au loin les sans domicile reprenais la route vers les quartiers défavorisés de la ville afin de trouver un abri pour la nuit. Je les évitais le plus possible, je ne voulais pas qu’ils sachent pour moi. Ils ne me faisaient pas honte c’était même plutôt le contraire. C’était de moi que j’avais honte, honte de m’en être pour l’instant sortie et pas eux.

    Mais mon esprit revenait sans cesse sur Matthiew et j’ai repris mon chemin.

    J’étais à vingt mètres de l’appartement tenant un sac de provisions dans chaque main lorsque trois individus que je ne connaissais absolument pas ce sont mis devant moi.

    Sans un mot j’essayais de les contourner mais c’était peine perdu.

    J’étais prête à donner un grand coup de genoux entre les jambes de l’un d’eux lorsque j’ai aperçu Matthiew se précipiter et se positionner entre moi et ces hommes.

    - Tiens ! Tiens ! Tu vois Kurt j’avais raison. Il en pince pour la femelle. Il a réussi à sortir de son trou en un temps record ! Bonjour Playboy !

    - Assez ! dit Matthiew en colère. Laissez-la partir et je vous suivrais afin que nous ayons la conversation que vous désirez tant.

    - Tu vas venir avec nous ? demandait celui qui s’appelait Kurt.

    - Seulement si je la vois à la fenêtre de l’appartement en sécurité. Alice ! Monte et enferme-toi ! Téléphone aux Blackwells, ils viendront te tenir compagnie en attendant que je rentre.

    - Mais !

    - S’il te plait ! Pour une fois fais ce que je te dis.

    - Je veux savoir ce qu’ils te veulent. Qui sont-ils ?

    - Sa famille, répondit ce Kurt sans même un regard dans ma direction.

    - Quoi ?

    - Ça suffit femelle ! Matthiew tu peux la raccompagner mais pas d’entourloupe je te donne exactement quinze minutes.

    Matthiew lui fit un signe de tête et m’a pris le bras et m’a tiré vers l’entrée du bâtiment. Nous avons franchi les marches de l’escalier une à une sans un seul mot.

    - Alice ! Ferme la porte à clef derrière moi. Et surtout n’ouvre qu’à monsieur et madame Blackwells. Promets-le-moi !

    - Dis-moi ce qui se passe. Ils sont vraiment de ta famille ? Qu’est-ce qu’ils te veulent ?

    - Nous n’avons pas beaucoup de temps. Je suis désolé je ne voulais pas tout ça. Ils sont en quelque sorte de ma famille et ils veulent que je rentre chez moi. J’ai coupé les ponts depuis longtemps déjà. Je ne voulais pas qu’ils me retrouvent. Je te jure de tout te raconter. Je ne peux plus reculer maintenant. Pour ta sécurité il ne faut plus que je te cache quoi que ce soit. Je t’aime Alice.

    Et il m’a embrassé fougueusement comme si en même temps qu’être le premier de nos baisers c’était également le dernier. Ses yeux se sont attardés sur les miens, ils étaient si triste que pendant un fragment de seconde j’ai cru y voir mon loup.

    J’avais enfin trouvé ce qui me troublait chez Matthiew mais il descendait déjà les escaliers en me répétant de m’enfermer immédiatement. Et c’est ce que j’ai fait avant de me précipiter à la fenêtre juste à temps pour voir les trois hommes entourés Matthiew afin qu’il les suive.
    Lui, a jeté un dernier regard dans ma direction essayant de me sourire alors que dans mon cœur un vide se creusait déjà.

    J’ai repris mes esprits et je me suis tournée pour sortir de la pièce. Je devais téléphoner aux Blackwells. Mais trois hommes et une femme se trouvaient devant moi. Je n’ai pas eu le temps de crier que déjà je me sentais partir vers l’inconscience.

     

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    Chapitre 15
     

    Matthiew




    J’espérais que je n’aurais plus à me transformer. Je sentais le danger approcher. Mais la sentir si proche de moi me comblait de bonheur. Et il n’y avait que sous mon apparence de loup qu’elle était enfin elle-même, si douce, tendre et aimante. Elle se laissait aller et j’en étais un peu jaloux. Pourquoi n’arrivais-je pas à la combler lorsque j’étais Matthiew ?

    Maintenant elle savait pour les sentiments que j’avais pour elle et elle n’avait pas l’air de l’avoir mal pris.

    Je savais qu’il était déjà tard et il fallait que je trouve quelque chose à lui dire lorsqu’elle verrait qu’il n’y a plus personne à l’appartement. J’imaginais ma réaction si j’avais été chez moi regardant les heures défilées, m’inquiétant sur son sort en ne sachant pas où elle se trouvait.

    Mais lorsque je suis arrivé les mots sont sortis tout seul et j’ai fini par la prendre dans mes bras.

    Il était déjà tard et Alice était partie se coucher très tôt sans un mot. Il y avait quelque chose qui clochait, elle était troublée par je ne sais quoi.

    Des vibrations sur ma table de chevet me firent sursauter, ce n’était que mon téléphone portable. Je le prenais afin de regarder ce que je savais déjà. Ils étaient en ville, ce n’était plus qu’une question d’heures avant qu’ils ne me trouvent. Tout ce que je voulais c’était que l’affrontement ait lieu loin du regard d’Alice.

    Il était 8 heures lorsque j’ai entendu la porte claquer. Je me suis levé rapidement mais en regardant par la fenêtre j’ai vu Alice qui marchait en direction de la librairie. Elle n’avait pas emporté ses affaires, c’était le signe qu’elle reviendrait.

    J’allais déjeuner lorsqu’une silhouette a retenu mon attention. Kurt ! C’était bien lui, le regard rivé sur ma fenêtre, un sourire aux lèvres mettant deux doigts sur sa tempe avant de les retirer. Sa façon de me dire bonjour.

    Je ne pouvais plus reculer. S’il était dans cette ville, ça voulait dire que la meute avait suivie.

     

     

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    Chapitre 14
     

    Alice




    Matthiew me cachait quelque chose et je n’aimais pas ça. Je commençais à lui faire confiance et maintenant les doutes envahissaient mon esprit.

    J’étais en route pour la librairie de Mr Blackwells et j’étais décidé à avoir des explications.

    La sonnette familière a tinté à mon entrée faisant apparaître le vieil homme derrière son comptoir.

    - Je t’attendais plus tard après notre charmante soirée, me dit-il souriant.

    A la vue de son air jovial je n’ai pas pu lui demander d’emblée ce qui s’était passé avec Matthiew, du moins pas pour l’instant.

    - Vous m’avez intrigué et j’avais hâte de savoir ce que vous vouliez me dire, lui dis-je en essayant de ne pas paraître nerveux.

    - Je voudrais te former pour tenir la boutique.

    - Mais …. Je ne peux pas. Vous savez très bien ce que je suis.

    - Ce que tu étais jeune fille. Non je ne l’oublie pas. Tu sais depuis longtemps que je veux que tu travailles ici et j’ai pensé que maintenant tu accepterais un peu plus facilement. Je crois t’avoir prouvé à mainte fois que tu pouvais me faire confiance. Je désire t’aider simplement. Je suis vieux et j’aimerais passer un peu plus de temps auprès de ma femme. Mais je ne peux pas me permettre de fermer la boutique.

    - Et qu’est-ce que je devrais faire ?

    - Et bien dans un premier temps me seconder, continuer à ranger les revues, et tenir la caisse.

    - Oh ! La caisse !

    - Tu as bien entendu. Malheureusement je pourrais te donner que le salaire minimum mais ensuite nous pourrons réévaluer le tarif en fonction de tes aptitudes. Qu’est-ce que tu en penses ?

    - Le salaire minimum c’est déjà beaucoup pour moi. En temps normal je n’aurais pas accepté mais je ne veux plus vivre au crochet de Matthiew alors j’accepte.

    - Merci beaucoup, jeune fille. Tu peux commencer demain ?

    - Même tout de suite si vous le voulez. Mais avant j’ai une question à vous poser.

    - Oui !

    - Qu’est-ce qui s’est passé entre vous et Matthiew hier soir ? Il est devenu tellement triste.

    - Je suppose que tu lui as demandé et qu’il ne t’a pas répondu sinon tu ne serais pas en train de me faire sortir les vers du nez.

    - Il s’est même emporté et il est allé se réfugier dans sa chambre.

    - Intéressant !

    - Je ne trouve pas. Je veux savoir.

    - Je ne sais pas si c’est à moi de t’en parler. Je lui ai juste demandé de ne pas te faire souffrir.

    Je reculais malgré moi ne sachant comment prendre la chose. Pourquoi Matthiew me ferait-il du mal. Il a été jusqu’à présent attentif et bienveillant.

    - Je ne comprends pas.

    - Ouvre les yeux jeune fille. J’ai bien remarqué que tu n’étais pas indifférente à ses charmes lorsqu’il entrait dans la boutique. Est-ce toujours le cas ?

    Je rougissais en songeant aux sentiments qui se bousculaient lorsqu’il était près de moi. A la façon dont mon cœur battait lorsqu’il me souriait.

    - Je vois à tes couleurs que c’est toujours le cas. Et bien pourquoi crois-tu que Matthiew venait à la boutique justement les jours où tu étais là ? Pourquoi, à ton avis, a-t-il passé ses jours et ses nuits à tes côtés lorsque tu as été malade ? Je voulais juste le mettre en garde par rapport à ses sentiments.

    - Oh !

    C’était tout ce que j’avais pu sortir.

    Je ne voulais pas y penser pour le moment. Je gardais dans un coin de mon esprit ce que je venais d’apprendre et je me concentrais sur ce que Mr Blackwells m’expliquait. En fin de journée j’avais rattrapé mon retard sur le tri des revues, je savais tenir la caisse et remplir le cahier de comptabilité. J’étais assez fière de moi, ce qui était devenue très rare depuis un moment.

    Je quittais la boutique vers 18 heures et je prenais le chemin de l’appartement de Matthiew lorsqu’au bout de la rue j’ai aperçu le début de ce qui aurait pu être une forêt si c’était plus grand. Je m’approchais des arbres comme si quelque chose m’attirait.

    J’avais fait quelques mètres quand j’ai entendu un léger bruit. Mon cœur battait vite et je me demandais si je devais continuer à avancer ou bien faire demi-tour et m’enfuir à toutes jambes.

    Mais j’avais appris à faire face à toutes les situations alors j’ai continué à avancer. Et je l’ai vu qui se dressait devant moi. Mon loup.

    - Bonjour toi, lui dis-je en m’agenouillant. Tu m’as manqué.

    Le loup s’est approché prenant le temps qu’il fallait pour ne pas m’effrayer. Mais je n’avais pas peur. Je voulais tellement avoir un contact avec lui.

    J’ai commencé à lui gratter légèrement la tête, il fermait les yeux à mon touché. Puis j’ai passé mes bras autour de son cou, j’ai posé ma tête contre lui.

    Nous sommes restés là un moment sans bouger.

    - Merci de m’avoir sauvé, lui dis-je au creux de son oreille. Tu sais j’ai beaucoup de choses à te raconter.

    Le loup s’est mis à gémir doucement et il s’est allongé près de moi. Je me suis assise sur le sol et j’ai commencé à le caresser.

    Il a mis sa tête sur mes jambes s’installant un peu plus confortablement.

    - Tu attends que je te raconte, hein ? Tu es impatient. Et bien déjà je vais beaucoup mieux grâce à toi. J’aurais aimé comprendre comment tu as fait pour aller chercher justement le garçon que j’avais vu à la librairie, Matthiew.

    A ce nom ses oreilles ont pointé vers moi mais c’est le seul mouvement qu’il a fait.

    - Il m’a soigné tu sais. Il a passé ses jours et ses nuits à mes côtés jusqu’à ce que j’aille mieux. Lorsque je l’ai vu j’ai cru que je rêvais. Pourquoi un homme comme lui s’intéressait à moi ? Mais je n’ai pas été gentille. J’ai même été agressive. Je n’ai pas l’habitude. Et puis je ne voulais pas être faible. Mais je ne pouvais pas me sauver après ce qu’il avait fait et puis j’ai peur de retourner dans mon abri. Je suis sûre que quelqu’un a pris ma place. Je vis chez lui maintenant. Il m’a emmené dans une friperie et j’ai adoré. Il est si attentionné que ça me fait peur. Tu veux savoir pourquoi j’ai peur ?

    Le loup a léché ma main comme pour répondre à ma question.

    - Et bien j’ai peur car je crois qu’il a des sentiments pour moi. Comment en être sûr ?

    Je suis restée là encore un moment avant de m’apercevoir qu’il commençait à faire nuit.

    - Tu es venue me dire au-revoir c’est ça ? demandais-je au loup comme si j’allais entendre clairement sa réponse.

    Le loup s’est approché, il a mis son museau dans ma main. Je me suis baissée pour l’embrasser et je l’ai laissé partir. Je me dépêchais de retourner dans l’appartement les yeux embués de larmes.

    Lorsque je suis entrée la porte était entrouverte et il n’y avait personne. Des bruits de pas derrière moi m’ont fait sursauter et je me suis retournée brusquement. Matthiew se dressait devant moi essoufflé.

    - Bon sang Alice où étais-tu ? J’étais inquiet, je croyais qu’il t’était arrivé quelque chose ou que tu étais ….

    - Tu as cru que j’étais partie ?

    - Oui c’est vrai.

    - Je voulais faire un tour et puis j’ai revu le loup. J’avais besoin de le voir une dernière fois.

    - Promet-moi une chose.

    - Laquelle ?

    - Si un jour tu veux partir, je veux que tu me dises au revoir.

    - J’essaierais de m’en souvenir.

    Il m’a pris dans ses bras comme si il en avait besoin pour se rassurer. Je le laissais faire, mon cœur avait des ratées et son odeur m’enivrait. Je n’osais pas me laisser aller et je le repoussais légèrement pour lui signifier que j’en avais assez.

    Il me regardait dans les yeux. Ses mêmes yeux que je connaissais et que je n’arrivais pas à me rappeler.

    Mais ce qui m’intriguait à cet instant c’était qu’il n’avait pas eu l’air étonné lorsque je lui ai parlé du loup. Pas une seule question, comme si il savait déjà ce que je lui avais dit. J’avais vraiment besoin de réfléchir à tout ça.

     

     

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