• Loin de la rue - chapitre 14

     

    loin
     
     
    Chapitre 14
     

    Alice




    Matthiew me cachait quelque chose et je n’aimais pas ça. Je commençais à lui faire confiance et maintenant les doutes envahissaient mon esprit.

    J’étais en route pour la librairie de Mr Blackwells et j’étais décidé à avoir des explications.

    La sonnette familière a tinté à mon entrée faisant apparaître le vieil homme derrière son comptoir.

    - Je t’attendais plus tard après notre charmante soirée, me dit-il souriant.

    A la vue de son air jovial je n’ai pas pu lui demander d’emblée ce qui s’était passé avec Matthiew, du moins pas pour l’instant.

    - Vous m’avez intrigué et j’avais hâte de savoir ce que vous vouliez me dire, lui dis-je en essayant de ne pas paraître nerveux.

    - Je voudrais te former pour tenir la boutique.

    - Mais …. Je ne peux pas. Vous savez très bien ce que je suis.

    - Ce que tu étais jeune fille. Non je ne l’oublie pas. Tu sais depuis longtemps que je veux que tu travailles ici et j’ai pensé que maintenant tu accepterais un peu plus facilement. Je crois t’avoir prouvé à mainte fois que tu pouvais me faire confiance. Je désire t’aider simplement. Je suis vieux et j’aimerais passer un peu plus de temps auprès de ma femme. Mais je ne peux pas me permettre de fermer la boutique.

    - Et qu’est-ce que je devrais faire ?

    - Et bien dans un premier temps me seconder, continuer à ranger les revues, et tenir la caisse.

    - Oh ! La caisse !

    - Tu as bien entendu. Malheureusement je pourrais te donner que le salaire minimum mais ensuite nous pourrons réévaluer le tarif en fonction de tes aptitudes. Qu’est-ce que tu en penses ?

    - Le salaire minimum c’est déjà beaucoup pour moi. En temps normal je n’aurais pas accepté mais je ne veux plus vivre au crochet de Matthiew alors j’accepte.

    - Merci beaucoup, jeune fille. Tu peux commencer demain ?

    - Même tout de suite si vous le voulez. Mais avant j’ai une question à vous poser.

    - Oui !

    - Qu’est-ce qui s’est passé entre vous et Matthiew hier soir ? Il est devenu tellement triste.

    - Je suppose que tu lui as demandé et qu’il ne t’a pas répondu sinon tu ne serais pas en train de me faire sortir les vers du nez.

    - Il s’est même emporté et il est allé se réfugier dans sa chambre.

    - Intéressant !

    - Je ne trouve pas. Je veux savoir.

    - Je ne sais pas si c’est à moi de t’en parler. Je lui ai juste demandé de ne pas te faire souffrir.

    Je reculais malgré moi ne sachant comment prendre la chose. Pourquoi Matthiew me ferait-il du mal. Il a été jusqu’à présent attentif et bienveillant.

    - Je ne comprends pas.

    - Ouvre les yeux jeune fille. J’ai bien remarqué que tu n’étais pas indifférente à ses charmes lorsqu’il entrait dans la boutique. Est-ce toujours le cas ?

    Je rougissais en songeant aux sentiments qui se bousculaient lorsqu’il était près de moi. A la façon dont mon cœur battait lorsqu’il me souriait.

    - Je vois à tes couleurs que c’est toujours le cas. Et bien pourquoi crois-tu que Matthiew venait à la boutique justement les jours où tu étais là ? Pourquoi, à ton avis, a-t-il passé ses jours et ses nuits à tes côtés lorsque tu as été malade ? Je voulais juste le mettre en garde par rapport à ses sentiments.

    - Oh !

    C’était tout ce que j’avais pu sortir.

    Je ne voulais pas y penser pour le moment. Je gardais dans un coin de mon esprit ce que je venais d’apprendre et je me concentrais sur ce que Mr Blackwells m’expliquait. En fin de journée j’avais rattrapé mon retard sur le tri des revues, je savais tenir la caisse et remplir le cahier de comptabilité. J’étais assez fière de moi, ce qui était devenue très rare depuis un moment.

    Je quittais la boutique vers 18 heures et je prenais le chemin de l’appartement de Matthiew lorsqu’au bout de la rue j’ai aperçu le début de ce qui aurait pu être une forêt si c’était plus grand. Je m’approchais des arbres comme si quelque chose m’attirait.

    J’avais fait quelques mètres quand j’ai entendu un léger bruit. Mon cœur battait vite et je me demandais si je devais continuer à avancer ou bien faire demi-tour et m’enfuir à toutes jambes.

    Mais j’avais appris à faire face à toutes les situations alors j’ai continué à avancer. Et je l’ai vu qui se dressait devant moi. Mon loup.

    - Bonjour toi, lui dis-je en m’agenouillant. Tu m’as manqué.

    Le loup s’est approché prenant le temps qu’il fallait pour ne pas m’effrayer. Mais je n’avais pas peur. Je voulais tellement avoir un contact avec lui.

    J’ai commencé à lui gratter légèrement la tête, il fermait les yeux à mon touché. Puis j’ai passé mes bras autour de son cou, j’ai posé ma tête contre lui.

    Nous sommes restés là un moment sans bouger.

    - Merci de m’avoir sauvé, lui dis-je au creux de son oreille. Tu sais j’ai beaucoup de choses à te raconter.

    Le loup s’est mis à gémir doucement et il s’est allongé près de moi. Je me suis assise sur le sol et j’ai commencé à le caresser.

    Il a mis sa tête sur mes jambes s’installant un peu plus confortablement.

    - Tu attends que je te raconte, hein ? Tu es impatient. Et bien déjà je vais beaucoup mieux grâce à toi. J’aurais aimé comprendre comment tu as fait pour aller chercher justement le garçon que j’avais vu à la librairie, Matthiew.

    A ce nom ses oreilles ont pointé vers moi mais c’est le seul mouvement qu’il a fait.

    - Il m’a soigné tu sais. Il a passé ses jours et ses nuits à mes côtés jusqu’à ce que j’aille mieux. Lorsque je l’ai vu j’ai cru que je rêvais. Pourquoi un homme comme lui s’intéressait à moi ? Mais je n’ai pas été gentille. J’ai même été agressive. Je n’ai pas l’habitude. Et puis je ne voulais pas être faible. Mais je ne pouvais pas me sauver après ce qu’il avait fait et puis j’ai peur de retourner dans mon abri. Je suis sûre que quelqu’un a pris ma place. Je vis chez lui maintenant. Il m’a emmené dans une friperie et j’ai adoré. Il est si attentionné que ça me fait peur. Tu veux savoir pourquoi j’ai peur ?

    Le loup a léché ma main comme pour répondre à ma question.

    - Et bien j’ai peur car je crois qu’il a des sentiments pour moi. Comment en être sûr ?

    Je suis restée là encore un moment avant de m’apercevoir qu’il commençait à faire nuit.

    - Tu es venue me dire au-revoir c’est ça ? demandais-je au loup comme si j’allais entendre clairement sa réponse.

    Le loup s’est approché, il a mis son museau dans ma main. Je me suis baissée pour l’embrasser et je l’ai laissé partir. Je me dépêchais de retourner dans l’appartement les yeux embués de larmes.

    Lorsque je suis entrée la porte était entrouverte et il n’y avait personne. Des bruits de pas derrière moi m’ont fait sursauter et je me suis retournée brusquement. Matthiew se dressait devant moi essoufflé.

    - Bon sang Alice où étais-tu ? J’étais inquiet, je croyais qu’il t’était arrivé quelque chose ou que tu étais ….

    - Tu as cru que j’étais partie ?

    - Oui c’est vrai.

    - Je voulais faire un tour et puis j’ai revu le loup. J’avais besoin de le voir une dernière fois.

    - Promet-moi une chose.

    - Laquelle ?

    - Si un jour tu veux partir, je veux que tu me dises au revoir.

    - J’essaierais de m’en souvenir.

    Il m’a pris dans ses bras comme si il en avait besoin pour se rassurer. Je le laissais faire, mon cœur avait des ratées et son odeur m’enivrait. Je n’osais pas me laisser aller et je le repoussais légèrement pour lui signifier que j’en avais assez.

    Il me regardait dans les yeux. Ses mêmes yeux que je connaissais et que je n’arrivais pas à me rappeler.

    Mais ce qui m’intriguait à cet instant c’était qu’il n’avait pas eu l’air étonné lorsque je lui ai parlé du loup. Pas une seule question, comme si il savait déjà ce que je lui avais dit. J’avais vraiment besoin de réfléchir à tout ça.

     

     

    loinrue1

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