• Loin de la rue - chapitre 26

     

    loin
     
     
     
    CHAPITRE 26
     
     
    Mathiew
     
     
     
     
    J'ai tout de suite senti qu'elle était retournée à l'appartement. Mais malheureusement pour moi elle n'y était pas restée.

    Quelque chose qui brillait a attiré mon attention. C'était le double de ma clef, celle que j'avais donné à Alice.

    Elle avait pris sa décision, elle ne comptait pas revenir.

    Mais ça je m'y étais préparé. Elle voulait mettre de la distance entre nous et aussi sa famille. J'avais cherché chez mon père ce qui aurait pu me mettre sur la voix mais rien. Mon oncle et Maya n'en savaient pas plus que ce que Nathan m'avait dit. D'après eux seul Kurt avait dû être au courant vu qu'il était chargé de la sale besogne de mon père. Mais je l'avais tué.

    - Je peux m'installer dans quelle chambre ? me demandait Nathan qui avait tenu à m'aider à chercher Alice.

    - Dans la première, l'autre c'était la mienne avant l'arrivée d'Alice.

    - Depuis le temps son odeur s'est effacé tu sais ?

    - Je le sais mais j'ai mes souvenirs.

    Il est parti s'installer pendant que je prenais mon sac et que je franchissais la pièce où elle dormait.

    Elle n'avait rien oublié. Son sac, ses vêtements, toutes traces de sa présence avaient disparues. J'ai cependant levé un sourcil lorsque j'ai remarqué qu'il manquait les loups sculptés. Elle avait emporté quelque chose de moi, elle ne voulait pas m'oublier.

    J'ai regardé partout afin de reconstituer ses derniers moments ici. Elle avait mangé un peu il y avait des déchets dans la poubelle. L'argent liquide pour les courses était toujours là et je savais que c'était au centime près.

    Dans la salle à manger rien n'avait bougé. J'allais m'assoir sur le canapé lorsque j'ai vu mon bloc à dessin. L'avait-elle remarqué ? L'avait-elle-même regardé ?

    Je le prenais dans ma main et le feuilletais. J'avais un énorme vide dans mon cœur elle me manquait terriblement.

    Une page manquait. Je réfléchissais essayant de me souvenir du dessin. C'était celui où elle était debout au milieu d'une forêt, un loup, moi, près d'elle. Encore un souvenir qu'elle avait emporté.

    Je tournais les pages plus vite jusqu'à ce que j'arrive au dernier. Elle était éblouissante. Quelques mots avaient été rajoutés « Pardonne-moi » et « je t'aime ».

    J'étais pourtant un mec, un loup même, mais à cet instant je pleurais comme une fillette, assis sur le sol, ma tête sur mes genoux et mes bras me cachant le visage.

    - On va la retrouver, me dit Nathan alors qu'il venait vers moi.

    - Il le faut ! Je n'aurais de repos que lorsque je l'aurais retrouvée, lui répondis-je en essuyant mes joues avec la manche de mon pull comme un enfant, ne cherchant même pas à me cacher.

    - Et je serais à tes côtés jusqu'à ce jour.

    Un bruit sourd nous a fait sursauter et je me suis précipité vers la porte d'entrée espérant que la personne qui venait de frapper était celle que j'attendais.

    J'ai ouvert la porte à toute volée découvrant un vieil homme pratiquement terrorisé.

    - Mr Blackwells ? dis-je.

    - Matthiew ! Sainte bible tu m'as fait une de ces peurs.

    - Je suis désolée, venez, entrez. Je croyais que, ça pouvait être....

    - Alice !

    - Oui, répondis-je tristement.

    - Justement, je viens t'apporter des nouvelles, me dit-il en brandissant une carte postale.

    Je prenais la carte avec rapidité et j'ai lu les quelques mots qui y était écrit. Rien ! Elle ne disait rien de sa vie. Mais au moins elle allait bien.

    - Regarde à côté du timbre, le tampon.

    - San Francisco ! Elle est à San Francisco. Mais que diable fait-elle là-bas ?

    - Matthiew nous devrions faire assoir notre invité, il est tout blanc, me dit Nathan d'un air inquiet.

    - Oh pardon ! Emmène-le dans le salon, je vais lui chercher un verre d'eau.

    A mon retour, Mr Blackwells allait un peu mieux et avait repris des couleurs. Je me suis senti tout penaud en sachant qu'il avait couru jusqu'à mon appartement et la peur que je lui ai faite après n'avait rien arrangé.

    - Comment saviez-vous que j'étais ici ?

    - Je vous ai vu passer, je revenais de livraison. Ensuite j'ai croisé le facteur qui m'a donné mon courrier et la suite tu la sais.

    - Nathan, cherche les horaires d'avions pour San Francisco. Nous partirons dès que possible.

    Maintenant que nous étions seuls toute la peine que nous avions c'est affiché immédiatement sur notre visage.

    - Est-ce qu'elle est venue vous voir avant de partir ?

    - Oui. J'ai essayé de lui en dissuader mais tu sais comment elle est. Personne ne peut lui faire faire ce qu'elle ne veut pas. Je lui ai demandé pourquoi tu n'étais pas là, elle m'a expliqué que tu devais prendre en charge ta famille et que tu n'avais pas le choix.

    - Ce n'est pas tout à fait ça mais ça y ressemble.

    Il méritait de savoir ce qui c'était passé. Je devais avoir un allié de premier choix pour plaider ma cause si nos chemins se croisaient à nouveau.

    Comment prendre des gants pour annoncer à un vieil homme que sa vie allait être bouleversée par une étrange révélation.

    Je tournais la tête alors que Nathan venait de rentrer dans le salon.

    - Nous avons cinq heures devant nous.

    - Merci. Est-ce que tu as entendu ce que j'ai dit ?

    - Oui mais pas comme tu le penses.

    Je savais que j'avais baissé quelque peu mes barrières mentales et c'est à ce moment là qu'il a dû avoir accès à mes pensées.

    - Tu veux rester ?

    - Non ! je préfère aller me reposer un peu.

    - Qu'y a-t-il mon garçon ? demandait Mr Blackwells légèrement nerveux.

    - Il faut que je vous raconte mon histoire, ma rencontre avec Alice alors que je n'étais pas moi-même, notre visite à ma famille et les conséquences désastreuses que cela a eu sur notre couple.

    - Comment ça tu n'étais plus toi-même. Qu'as-tu fait Matthiew ?

    J'ai pris une grande inspiration avant de m'installer confortablement afin de commencer mon histoire, ma vie.

    J'ai pris le temps de tout lui expliquer, m'arrêtant lorsque son visage transperçait de l'inquiétude ou de la peur. Je savais qu'il fallait que je fasse attention c'était un vieil homme. J'écoutais son cœur qui au début battait un peu trop vite. Bien sûr il n'avait toujours pas repris un rythme régulier mais je savais que je pouvais poursuivre mon histoire.

    Il m'a laissé parler jusqu'au bout sans poser la moindre question fixant ses main comme pour s'empêcher de me regarder.

    Le silence régnait maintenant dans la pièce et je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Cependant j'ai respecté le choix du vieil homme et j'ai attendu que ce soit lui qui brise cet état de fait.

    - Matthiew, je suis âgé et peut-être incrédule, tu t'es joué de moi ?

    - Non monsieur, je vous ai dit la vérité, lui dis-je en me levant et en me dirigeant vers mon bureau. Tenez regardez ces dessins, voici à quoi je ressemble.

    - Incroyable ! Stupéfiant ! dit-il en tournant les pages du bloc. Comment est-ce possible ?

    - Comment je ne sais pas. Notre histoire remonte presque aussi loin que l'arrivée des hommes.

    - Vous êtes nombreux ?

    - Assez oui. Mais nous ne prenons pas tous l'apparence d'un loup. Je pense que pour nous c'est parce que descendons des tous premiers indiens et nos tribus le loup a toujours eu une place particulière.

    Je laissais un instant le vieil homme à ses réflexions et m'approchait de la fenêtre.
    Inconsciemment je regardais chaque passant espérant, sans doute, voir Alice réapparaitre.
     
     
    loinrue1

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