• Lorsque les âmes s\'en vont - chapitre 9

     

     

    âmes

     

    Chapitre 9

     

    Je me levais tôt. J’avais mal au dos et marcher dans l’appartement me faisait le plus grand bien. J’allais prendre une douche en espérant qu’elle ne se réveillerait pas avant que j’ai préparé le petit déjeuner. Je voulais que tout se passe bien pour notre première rencontre.

    Une demi-heure plus tard l’odeur du café commençait à se répandre dans les pièces et les toast étaient prêts à être légèrement grillés.

    Je frappais à la porte de la chambre et tendais l’oreille.

    De légers bruits s’échappaient de la pièce et au bout de quelques minutes la porte s’est ouverte. J’ai reculé afin de lui laisser le temps de m’apercevoir.

    -          - Bonjour, lui dis-je d’une voix douce. Mathilda n’est pas là aujourd’hui et j’ai préparé le petit déjeuner si vous avez faim.

    -          - Merci. Vous êtes Grégoire c’est ça ?

    -          - Oui. Si vous voulez nous pourrons parler de tout ça dans la cuisine.

    Je me retournais et prenais la direction de la pièce où j’espérais elle me suivrait. J’ai mis le toaster en marche et j’ai servi le café. Je regardais une dernière fois si je n’avais rien oublié, confiture, beurre et miel étaient sur la talbe. Non c’était presque parfait. Je n’attendais plus que la jeune demoiselle.

    Elle a fait enfin son entrée et est allée s’assoir certainement à sa place habituelle. Je prenais l’autre chaise en face d’elle posant les tartines grillées.

    -          - Ne le prenez pas mal mais je n’accepte pas votre présence. Je n’avais pas besoin de vous, me dit-elle tout d’un coup assez sèchement.

    -          - Je m’en doutais. Mais je ne vous en veux pas. Par contre que vous le vouliez ou non je resterais jusqu’à ce que vous alliez mieux. Je ne m’attendais pas à ce que vous m’appréciez mais j’espérais que vous apprendriez à me connaitre. C’est tout ce que je demande.

    -          - Rien de plus ?

    -          - Rien de plus. Mangez pendant que c’est chaud.

    Nous avons débarrassé la table et tout rangé ensemble sans nous dire le moindre mot. Ce silence était pesant mais je ne voulais pas la brusquer. Elle avait été assez clair sur sa position à mon égard. Mais je ne me montrais pas vaincu.

    -          - Qu’est-ce que vous aimeriez faire ? lui demandais-je.

    -          - Je vais retourner dans ma chambre. A plus tard.

    -          - A plus tard, répondis-je d’une voix triste qu’elle remarquait  immédiatement.

    Elle a eu un temps d’arrêt mais seulement quelques secondes avant de reprendre le chemin de sa chambre.

    J’avais du temps devant moi avant le repas du midi et j’en profitais pour laver mes vêtements de la veille qui me permettrait de me changer demain sans être obligé de rentrer chez moi.

    Je pensais à Marchal et je notais sur une feuille mes premières idées de recherches. Pourquoi je n’avais pas emporté mon ordi ? Enfin ça ne m’aurait pas servi à grand-chose si je n’avais pas internet ici.

    Donc j’optais pour la bonne vieille méthode du papier et un crayon.

    Il était presque onze heures lorsque je repensais à mon idée que j’avais eu plus tôt. J’ouvrais la porte du palier et allait frapper à l’appartement le plus proche. Là une femme tenant un enfant dans les bras a ouvert la porte. Après quelques brèves explications elle me ramenait ce que je lui avais si gentiment demandé. Je retournais à l’intérieur de l’appartement de Justine trainant derrière moi un matelas pour une personne.

    Je faisais le tour de la salle à manger pour voir où je pouvais m’installer.

    -          - Vous comptez vraiment rester ? me dit une voix dans mon dos.

    -          - Bien sûr. Vous en doutiez ?

    -          - Non. Mathilda m’a dit que vous étiez assez têtu.

    -          - Et que vous a-t-elle raconté d’autres ?

    -          - Ce que vous aviez fait pour moi.

    -          - Oh ! Je vois. Vous avez envie d’en parler ?

    -          - Non, enfin juste une question. Je voudrais savoir pourquoi ?

    -          - Pourquoi je vous ai sauvé ?

    -          - Oui. Ce serait un bon début.

    -          - Le bon début serait que l’on arrête de se vouvoyer.

    -          - Ça me parait raisonnable. On va s’assoir ? me demanda-t-elle.

    -          - Euh ! Attends je me suis un peu installé sur les fauteuils. Laisse-moi débarrasser.

    Je m’activais à tout remettre en ordre et lui ai fait un geste l’invitant à me rejoindre.

    -          - Par où veux-tu que je commence ?

    -          - Par le début. Comment as-tu su ?

    -          - Humm …. Dure question. Comment t’expliquer ? J’ai comme un don. Je vois des choses.

    -          - Comme un médium ?

    -          - Si tu veux. Je ne peux pas te révéler certains détails mais quelque chose m’a poussé à venir ici. Je sentais que tu étais en danger. Ce n’était pas ton heure Justine. Le destin m’a mis sur ta route pour t’empêcher de faire l’irréparable.

    -          - Mais c’est mon problème. Je fais ce que je veux de ma vie.

    -          - Tu ne peux pas dire ça. Tu es encore à l’aube de ta vie.

    -          - Tu n’as pas le droit de me juger. Tu ne me connais pas, tu ne sais rien de ma vie.

    -          - Tu as raison. Pardonne-moi. Reprenons les choses au début. Je m’appelle Grégoire McDowells, je travaille en tant que conseiller financier dans une petite firme ici à New York. Mais en fait je viens d’Atlanta.

    -          - Atlanta ?

    -          - Oui. C’est une longue histoire.

    -          - Elle est intéressante ?

    -          - Non déprimante.

    -          - Désolée je ne voulais pas faire remonter des mauvais souvenirs.

    -          - Ce n’est pas grave. En fait j’aimerais pouvoir en parler à quelqu’un. Peut-être qu’un jour lorsque j’aurais rencontré la bonne personne.

    Elle me dévisageait, s’interrogeant certainement sur ce qu’avait été ma vie. Moi aussi je la dévisageais mais je n’avais pas les mêmes pensées qu’elle. Car mes pensées allaient vers elle, encore et toujours. Mon cœur chantait une douce musique lorsque j’étais près d’elle. Malheureusement nous étions partis du mauvais pied et son fiancé était encore entre nous. Je voulais tellement à cet instant être à sa place.

     

    Nous avons encore discuté quelque temps jusqu’à ce qu’elle veuille allez se reposer. Je décidais de chercher un coin à moi où poser le matelas pour la nuit. Mon dos n’aurait pas supporté une nuit de plus sur les fauteuils. Je regardais d’un air satisfait mon lit enfin ce qui pouvais ressembler à un lit. Je demanderais tout à l’heure à Justine si elle avait des draps et une couverture à me prêter. Ah et puis un oreiller.

    Je n’avais pas vu le temps passé car lorsque j’ai regardé ma montre il était déjà plus de treize heures. Je me précipitais dans la cuisine et j’ai ouvert le frigo. J’avais remarqué que Mathilda avait déjà préparé quelques plats à l’avance. J’ai ouvert une boite, l’odeur de poisson s’est tout de suite répandue et je l’ai refermé immédiatement ne voulant pas de ce menu dans l’immédiat. J’ai pris une autre boite et cette fois-ci le contenu m’a tout de suite mis en appétit, des spaghettis bolognaises. J’étais vraiment reconnaissant à Mathilda pour tout ce qu’elle faisait pour nous et je me disais qu’il ne fallait pas que je prenne ça pour  habitude sinon j’aurais beaucoup de mal à me séparer d’elle. En fait la cuisine ne me dérangeait pas, j’en avais pris l’habitude depuis que je devais prendre soin de moi. Sans me vanter je me débrouillais pas trop mal et le plus important j’aimais ça.

    J’ai fait de mon mieux pour que la cuisine soit accueillante et donne envie de s’y installer. J’allais frapper à la porte de Justine qui me pria d’entrer.

    -          - Le repas est prêt. Je suis désolé de t’avoir fait attendre.

    -          - Ce n’est pas grave, je n’ai pas faim de toute façon.

    -          - S’il te plait ! Tu as entendu Mathilda, je suis très têtu, lui dis-je en souriant.

    Elle est sortie de la chambre un peu rapidement et les effluves de son parfum sont venus vers moi m’ennivrant quelque peu.

    Je devais freiner mon attirance pour elle. Elle ne s’intéressait pas à moi et j’allais souffrir si je m’attachais à elle.

    Elle avait décidé de manger en silence et son regard restait posé sur son assiette.

    -          - Je t’ai froissé ? lui demandais-je enfin.

    -          - Laisse-moi tranquille, répondit-elle sèchement.

    -          - Pas de problèmes si c’est que tu veux.

    -          - Alors au-revoir.

    -          - Oh ! Je comprends ! Mais vois-tu, je veux bien ne plus te faire la conversation bien que, j’aime discuter avec toi. Mais tu te mets le doigt dans l’œil si tu crois que je vais partir pour que tu puisses te ôter la vie.

    J’étais en colère mais je n’arrivais pas à me persuader qu’il y avait une raison particulière. Je voulais qu’elle comprenne certaines choses. Je levais légèrement la tête vers elle et la regardais inquiet. Elle avait la bouche légèrement ouverte et avait un air ahuri. Je plissais le front cherchant ce qui avait pu la mettre dans cet état.

    -          - Ça ne va pas ? lui demandais-je d’une voix un peu rauque.

    -          - Si, si, ça va. C’est que …

    -          - Oui.

    -          - Tu aimes vraiment discuter avec moi ?

    Oh ! Voilà ce qui la chagrinait. Si elle savait que ce que je voulais c’était beaucoup plus qu’une discussion. Grégoire reprend toi.

    -          - Oui bien sûr, essayais-je de lui dire désinvolte.

    Le silence retombait mais cette fois-ci Justine mangeait de bon appétit. Je laissais un sourire apparaitre au coin de mes lèvres ravi d’avoir marqué un premier point.

    Après avoir fait la vaisselle et ranger la cuisine je me suis dirigé vers le salon en calculant dans ma tête le nombre d’heure qu’il me faudrait pour la revoir.

    Je stoppais dans mon élan car assise dans un des fauteuils se trouvait la jeune femme. Elle tenait dans sa main un livre et levait la tête me souriant légèrement.

    -          - Ça ne te dérange pas si je m’installe ici ? La chambre est un peu sombre pour lire.

    -          - Tu es chez toi et tu as le droit d’aller où bon te semble.

    -          - Si je suis chez moi je peux aussi te mettre dehors ?

    -          - Oui mais tu ne le feras pas.

    -          - Qu’est ce qui te fait croire ça ?

    -          - Et bien d’un côté tu veux rejoindre quelqu’un que tu aimais et de l’autre tu restes quand même attaché à ta vie.

    -          - Comment tu sais que j’ai perdu quelqu’un. Tu ne me connais pas. Comment peux-tu savoir ce que je ressens.

    -          - Parce que moi aussi j’ai perdu quelqu’un. Ce n’était pas une femme mais mon meilleur ami, mon frère, depuis que nous étions petits nous étions inséparables. Sam me manque chaque jour. Je me sens coupable d’être encore en vie et que lui soit mort.

    Je sentais à mes mots qu’elle frissonnait. Son regard était dans le vague comme envouté par le passé.

    -          - Comment est mort ton ami ? m’a-t-elle demandé subitement.

    -          - D’un accident de moto. J’étais avec lui, je m’en suis sorti pratiquement sans aucunes égratignures, pas lui. Mais d’après les médecins il n’a pas souffert. Ce n’est pas ça qui m’a empêché de culpabiliser et par la suite de faire fuir ma fiancée.

    -          - Tu étais fiancé ?

    -          - C’était tout comme puisque nous vivions ensemble depuis un moment déjà. Et n’ais pas pitié de moi, je suis conscient que c’est de ma faute si elle est partie. D’ailleurs j’ai rien fait pour la retenir.

    -          - C’est pour ça que tu as quitté Atlanta ?

    -          - Oui et non. Je n’allais pas bien du tout et je commençais à être un fardeau pour mes parents. Ils parlaient de me faire entrer dans une clinique privée de la région et j’ai préféré fuir et resté libre.

    -          - Et tu n’as plus de nouvelles de tes parents ?

    -          - Non. Ils n’ont même pas fait de recherches lorsque je suis parti, j’en ai déduit que c’était mieux comme ça.

    Elle tournait les pages sans même lire une seule phrase. Elle devait être légèrement troublée par mon histoire, au moins une partie de cette réalité qui me collait à la peau.

    -          - Merci, m’a-t-elle dit enfin.

    -          - De quoi ? lui demandais-je.

    -          - De m’avoir raconté ton histoire.

    -          - Tu sais il y a encore des choses à dire à ce sujet et sur ma vie mais comme je te l’ai déjà dit je les réserve à la personne qui sera prête à m’aimer pour ce que je suis.

    -          - Tu n’as jamais retrouvé l’amour ? me demanda-t-elle en rougissant.

    -          - Non jamais, lui mentant incroyablement bien.

    Elle allait reprendre sa lecture mais j’en avais décidé autrement et je voulais savoir si elle me parlerait de Peter.

    -          - Et moi je peux te poser une question ? lui demandais-je tendrement.

    -          - Bien sûr.

    -          - Pourquoi Justine ? Pourquoi veux-tu mourir ?

     

     

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