• Lorsque les âmes s\'en vont - chapitre 8

     

    âmes
     
     
    Chapitre 8

    Grégoire





    Je l’avais entendu se lever et se diriger vers moi. Mais je devais faire semblant de dormir. Je ne devais pas lui faire peur, elle avait entendu parler de moi aujourd’hui mais à ses yeux je n’étais qu’un étranger, un étranger qui s’était installé chez elle contre son gré. Malgré mes yeux clos je sentais son regard sur moi. Quelle était sa réaction ? Me trouvait-elle à son goût ? Me comparait-elle à Peter ? Pourquoi ces questions ? Elle ne pensait qu’à lui de toute façon.

    Comment expliquer ce que mon corps me faisait comprendre lorsque je pensais à elle ? Je me répétais que je ne devais pas penser à elle de cette façon. Je devais lui trouver quelqu’un de normal, quelqu’un qui saurait prendre soin d’elle.

    J’écoutais encore un instant et malgré moi j’ai légèrement bougé. J’ai dû lui faire peur car elle retournait doucement dans sa chambre. J’aurais aimé lui parler mais elle n’était sans doute pas encore prête à entendre mes explications.

    Mathilda est arrivée à sept heures ce qui me permettait de rentrer chez moi pour prendre une douche. Je l’avais également prévenu que je ne pourrais pas rentrer avant minuit et que c’était exceptionnel. Ça n’arrivait en général qu’une fois par semaine. Evidemment c’était pour mon boulot car je ne pouvais pas lui dire qu’une fois par semaine je devais me rendre dans un cimetière afin de rencontrer des fantômes.

    Il était à peine vingt deux heures lorsque je me glissais entre les tombes jusqu’à la stèle au fond du cimetière. Le silence y régnait j’avais perdu l’habitude. En général il y avait Sam mais mon ami n’était pas là. Il me manquait déjà alors que ça ne faisait que deux jours qu’il ne m’apparaissait plus.

    J’ai vu soudain une forme s’avancer devant moi. Elle prenait apparence humaine au fur et à mesure qu’elle s’approchait jusqu’à ce que je vois plus nettement que c’était Peter qui marchait dans ma direction.

    - Bonjour. Super théatrale ton apparition !

    - La dernière fois je t’ai fait peur alors j’ai voulu faire les choses plus calmement.

    - Humm ! Ouais ! Très réussi, lui dis-je en souriant légèrement.

    - Comment va Justine ?

    - Elle va mieux mais j’ai peur qu’elle ne recommence jusqu’à ce qu’elle réussisse à se tuer.

    - Je m’en doutais. Qu’est-ce que l’on peut faire ?

    - Du temps, il me faut du temps. Il faut que tu comprennes qu’elle ne peut pas t’oublier si vite. Et même si elle rencontre quelqu’un l’amour ne s’installera pas du jour au lendemain.

    - Et qu’est-ce que tu proposes ?

    - Et bien je crois que je devrais la sortir un peu, un resto, un cinéma, je ne sais pas moi.

    - Elle aime les films d’amour et la patinoire. Moi je détestais ça alors elle n’y est jamais retournée depuis qu’on vivait ensemble, elle ne voulait pas patiner seule.

    - La patinoire ? Très bonne idée.

    - Qui est la vieille dame qui passe la journée avec Justine ?

    - Quoi ? Tu avais promis de t’éloigner. Je suis sûre qu’elle sent ta présence. J’arrête, je n’y arriverais pas. D’un côté tu veux qu’elle retrouve quelqu’un et de l’autre tu le relies encore plus à toi.

    Je prenais le chemin du retour lorsqu’il s’est positionné devant moi.

    - Non ! Attends ! Je vais faire des efforts, c’est promis. Je ne me mêlerais plus de sa vie. Je vais m’éloigner, si c’est pour son bonheur je vais finir par y arriver.

    - Es-tu sûr que c’est ce que tu veux ?

    - Oui. Je veux vraiment qu’elle s’en sorte.

    Je réfléchissais encore. J’aurais tellement voulu qu’il me dise de ne plus m’occuper de sa fiancée. Qu’il renonçait à ses projets et qu’il resterait à ses côtés jusqu’à la fin. Je me serais éloigné, soulagé de ne plus lui mentir sur mes sentiments, sur la peur que j’avais de tomber amoureux fou de cette jeune femme.

    Mais il était malheureusement conscient qu’il devait la laisser vivre sans lui. Je restais seul quelques instants encore lorsqu’un fantôme m’est apparu. Les affaires reprenaient mais sans Sam cette fois.

    Il avait une trentaine d’années, les cheveux blonds et courts, une chemise blanche et un jean. Il avait fière allure et cependant comme à chaque fois son visage était empli de tristesse. La mission allait s’avérer compliquée car il ne savait pas pourquoi il n’avait pas suivi la lumière et franchi les quelques marches qui l’aurait mené vers l’autre monde.

    Je lui posais les questions d’usage comme son nom et ce qu’il faisait dans la vie avant sa mort. Il s’appelait Marchal Spencer, il était artiste peintre et sa mort remontait apparemment à pratiquement huit mois d’un accident de bateau.

    C’était une histoire incroyable comme je n’en avais encore jamais entendu. J’avais l’impression d’être dans un film de série B. Je me demandais ce que je pouvais faire pour lui. En fait j’allais devoir tout apprendre de cet homme et un gros travail de détective m’attendait.

    Je prenais congé de lui et lui donnait rendez-vous pour la semaine suivante, même jour, même heure.

    Je devais me dépêcher, Mathilda devait attendre pour rentrer chez elle. Mais était-ce la seule raison qui me faisait presser autant le pas ?

    D’ailleurs la vieille femme m’attendait avec impatience. Mon cœur s’était accéléré légèrement, est-ce que Justine avait fait une nouvelle tentative ?

    Mathilda m’a rassuré cependant elle tenait à me faire part que le lendemain elle devait s’absenter. Une urgence familiale. Mon dieu qu’allais-je faire ? Je ne pouvais pas empêcher cette charmante dame de rejoindre sa famille, ce serait vraiment égoïste après ce qu’elle avait fait pour moi, pour Justine.

    Je la rassurais et j’ai pris congé en lui demandant de ne pas s’inquiéter, il resterait le temps qu’il faudrait.

    Une fois seul, je tournais un peu dans la pièce histoire de réfléchir. C’était inimaginable pour moi de laisser Justine seule, elle était encore si fragile.

    Je téléphonais à une de mes collègues pour lui dire que j’étais malade et que je ne savais pas que je reprendrais le boulot. Elle m’a souhaité un rétablissement avant de raccrocher me laissant, mon téléphone toujours dans la main.

    Il fallait que je m’organise, que j’arrive à patienter au cas où Mathilda serait absente plus d’une journée. Je regardais le frigo et les placards, ils étaient pleins. Au moins nous n’allions pas mourir de faim et je ne serais pas obligé de sortir avant un jour ou deux.

    En fait inconsciemment j’attendais depuis un moment déjà de pouvoir m’occuper à plein temps de Justine. Mais comment allait-elle réagir ?

    Je m’allongeais sur les deux fauteuils qui devenaient vraiment inconfortables. Je verrais demain si je ne pouvais pas trouver une autre solution à ce problème.

    J’écoutais dans le silence de la nuit mais aucun bruit ne sortait de la chambre. J’ai fini par m’endormir pour une nuit sans rêve à moins qu’à mon réveil je n’en avais aucun souvenir.

     

     

     

    3184928581_1_6_l9ot3JDy

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :