• Lorsque les âmes s\'en vont - chapitre 12

     

     

    âmes

     

    CHAPITRE 12

     

    Les jours qui passaient se ressemblaient incontestablement.

    La journée Mathilda tenait compagnie à Justine alors que moi je prenais le relais à la tombée de la nuit.

    Mes weekends je les passais chez Justine et nous sortions chaque semaine. Cela faisait des années que je n’avais pas été au cinéma et je me laissais guider par les choix de la jeune femme. Nos doigts se frôlaient mais elle retirait sa main dès le moindre contact.

    Je n’insistais pas, je patientais.

    Le mercredi je me rendais au cimetière comme chaque semaine. Je faisais mes rapports à Peter mais je sentais qu’il était furieux de ma réussite.

    Cette fois-ci je voulais en avoir le cœur net, je voulais le percer à jour.

    -          - Bonjour Grégoire. Alors  comment se passent vos sorties ?

    -          - Ça peut aller. Mais j’ai des choses à te dire ce soir et j’aimerais bien qu’on joue franc jeu.

    -          - Ouh ! ça a l’air sérieux, dit-il d’un air moqueur.

    Son visage était plus sévère, je crois qu’il comprenait où je voulais en venir.

    -          - Un problème ?

    -          - Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu te dévoilais à elle ?

    -          - Et bien tu en as mis du temps pour le comprendre.

    -          - Non. Je le sais depuis longtemps mais je voulais donner une chance à Justine de pouvoir s’en sortir quand même.

    -          - Oh non ! Elle ne s’en sortira pas. Je continue de lui rendre visite chaque nuit pendant que tu dors sur le matelas pourri dans le salon.

    -          - Tu n’as pas le droit de vie ou de mort sur elle. Tu dois partir.

    -          - C’est ce que tu crois. Justine m’appartient et m’appartiendra pour l’éternité.

    -          - Justine n’appartient qu’à elle-même Peter. Je sais que tu l’as aimé jusqu’à ta mort mais maintenant laisse lui une chance d’être heureuse.

    -          - Jamais.

    Il s’approchait de moi rapidement comme si il voulait me traverser mais stoppait au dernier moment nous retrouvant les yeux dans les yeux.

    -          - Toi ? Ce n’est pas possible. Je n’ai pas été idiot à ce point ? Tu aimes Justine, tu a veux pour toi seul.

    Avec sa brusquerie il me percutait et j’atterrissais lourdement sur le sol en terre.

    -          - Ha ! Ha ! Ha ! Pauvre imbécile. Elle m’a tellement dans la peau que tu peux lui dire adieu. Elle ne peut pas aimer un minable comme toi.

    -          - Elle a déjà changé. Tu ne pourras plus la manipuler. Elle commence à t’oublier, je le sens.

    Dans un cri, Peter est parti faisant soulever la poussière grise du sol en un brouillard opaque. Je ne voyais rien mais je sentais un déplacement d’air sur ma droite.

    -          - Tu vas la regarder mourir et ensuite prépare-toi car ma vengeance sera au-delà de tes espérances. Tu vas mourir bientôt, souffla-t-il à mon oreille.

    Le brouillard de terre s’évanouissait faisant réapparaitre les tombes et les stèles autour de moi. Ma respiration était difficile et l’air pur qui entrait maintenant dans mes poumons me faisait mal. J’avais respiré plus de poussière que je ne le pensais. Je toussais bruyamment et crachait évacuant ce qui était en moi.

    Lorsque ma respiration est redevenue normale je suis partie en courant. J’avais du chemin à faire avant d’arriver devant l’immeuble de Justine. J’espérais arriver à temps priant pour que Peter attende que je baisse la garde pour agir.

    Je montais les marches quatre à quatre et c’est complètement  essoufflé que je franchissais la porte.

    -          - Oh mon dieu ! Qu’y a-t-il Grégoire ? me demanda Mathilda un peu paniquée.

    -          - Où est Justine ? lui demandais-je difficilement.

    -          - Je suis ici, répondit-elle en venant dans ma direction. Grégoire, tu t’es fait agressé ?

    Elle me regardait de a tête au pied d’un air inquiet. Je me rappelais que je devais être couvert de terre de haut en bas sans compter mon essoufflement.

    -          - Mathilda vous pouvez rester avec Justine le temps que je prenne une douche ?

    Le ton de ma voix peu rassurante l’a fait accepter tout de suite.

    Je me dépêchais et prenais des vêtements propres avant de rejoindre ces dames.

    -          - Que s’est-il passé ? me demanda la vieille dame.

    -          - C’est de ma faute, j’ai voulu prendre par le parc pour me rendre chez moi et on m’a un peu bousculé. Mais je me suis débattu et je suis tombé.

    -          - Vous n’êtes pas blessé c’est déjà ça, rajouta Mathilda. Mais pourquoi cet essoufflement ?

    -          - Je ne sais pas. J’ai eu comme un pressentiment, j’ai eu peur qu’il ne soit arriver quelque chose…

    Je levais ma tête et mon regard s’est tourné vers la jeune femme qui se tenait devant moi. Mathilda a vu mon manège et m’a tapoté la main avant de prendre congé de nous.

    Ça se voyait tant que ça que j’étais amoureux d’elle ?

    Nous nous sommes retrouvés tous les deux  debout dans le couloir. Je la regardais et cette fois je m’approchais. J’ai pris son visage dans mes mains et je lui ai déposé un baiser sur ses lèvres. Elle reculait instinctivement et je me suis senti honteux d’avoir pris autant de liberté à son égard. Mais je voulais goûter à ses lèvres depuis si longtemps que je n’ai pas pu me contrôler.

    -          - Je suis désolé. Excuse-moi !

    Je m’éloignais vers la cuisine afin de préparer le diner. Elle m’a suivi sans un mot. J’ai pris la planche à découper et commençait à couper en rondelles quelques carottes.

    J’ai senti son souffle chaud et ennivrant dans mon dos alors que sa main s’approchait inévitablement de la mienne. Ses doigts laissaient une empreinte chaude sur les miens. Je lâchais le couteau laissant la liberté à mes doigts de se mêler aux siens.

    Je me retournais et avec mon autre main je passais mon pouce doucement sur ses lèvres.

    J’enregistrais le contour de sa bouche et me penchais encore une fois pour pouvoir l’embrasser.

    Ma main passait délicatement sous ses cheveux et mes baisers devenaient plus intenses.

    Je cherchais à entrer doucement dans sa bouche et elle m’y autorisait joignant nos langues dans un ballet langoureux.

    Nous nous sommes arrêtés pour reprendre notre souffle, mon front contre son front, nos mains enlacés.

    -          - Justine tu sais ce que je ressens pour toi n’est-ce pas ?

    -          - Oui.

    -          - Je ne te brusquerais pas. Nous irons à ton rythme.

    -          - Je sais.

    -          - Te sens-tu prête à vivre autre chose ?

    -          - Pourquoi tu me demandes cela ?

    -          - Il faut qu’on parle.

    Elle me repoussait légèrement afin de mieux me regarder, un air inquiet sur son visage.

    -          - Tu es marié ? me demanda-t-elle.

    -          - Non. Je te jure que ce n’est pas ça. Mais si nous voulons que ça fonctionne nous deux je dois te dire certaines choses sur moi.

    -          - Est-ce que ça peux attendre demain ?

    -          - Oui ça peut attendre demain, lui soufflais-je à l’oreille glissant mes lèvres dans son cou pour lui déposer de légers baisers.

    Elle est partie dans sa chambre encore troublée de ce qui s’était passé.

    J’étais à la fois heureux et malheureux. Je savais que mon bonheur ne tenait qu’à un fil et j’avais peur de sa réaction lorsque je lui dirais la vérité sur ce que je suis. Mais j’étais prêt à courir le risque de la perdre plutôt que lui mentir un jour de plus.

     

     

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