• Lorsque les âmes s\'en vont - Chapitre 10

     

     

    âmes

     

    Chapitre 10

     

    Un long silence s’était instauré dans la pièce. Je n’osais pas lever la tête, quelque part je m’en voulais un peu de lui avoir posé cette question. C’était beaucoup trop tôt. Mais elle a pris la parole. Sa voix était tremblante et son regard était d’une telle tristesse.

    -          - J’étais fiancée. Peter et moi nous nous aimions énormément et nous étions pratiquement  inséparables. Il… il est mort il y a plusieurs mois.

    Sa voix était fébrile et des larmes coulaient le long de ses joues. Je voulais lui prendre la main pour lui montrer mon soutien. J’arrêtais mon geste je ne voulais pas me montrer indescent.

    -          - Il te manque, c’est normal. Mais tu devrais essayer de te battre pour vivre. Tu es si jeune. Tu as tellement de choses à vivre encore. Je …

    -          - Non ! Je n’ai plus rien à vivre. Tu ne comprends pas, je veux le rejoindre. C’est peut-être puéril de ma part mais je sais que l’on sera ensemble dans l’au-delà. Il m’attend, je le sens. Il vient souvent me voir, il vient me chercher.

    -          - Je voudrais te dire que vous serez réunis dans la mort mais je ne te le dirais pas. Tout d’abord parce que je ne suis pas sûr de cela. Ensuite je ne crois pas que Peter voudrait que tu meures.

    -          - Qu’est-ce que tu en sais ! Tu ne le connaissais pas.

    -          - Tu as raison, je ne le connaissais pas. Mais si j’avais été dans sa situation c’est ce que j’aurais voulu pour celle que j’aime. C’est terrible ce que tu es en train de vivre mais je ferais tout pour que tu retrouves le sourire et surtout le goût de vivre.

    -          - Bon courage, rajouta-t-elle en se levant rapidement.

    -          - Attends ! Tu crois vraiment qu’il vient te voir ? lui demandais-je d’une voix douce.

    Elle s’arrêtait dans son élan et s’est retournée vers moi.

    -          - Tu crois que je suis folle. Que ma dépression me fait voir des choses c’est ça ?

    -          - Non. Justine vient t’assoir. S’il te plait.

    Elle a repris sa place sur le fauteuil. Je ne voulais pas lui montrer mais j’étais heureux qu’elle est fait ce que je lui avais demandé. Elle commençait à s’ouvrir au monde, à vouloir discuter. C’était un début.

    -          - Merci, lui dis-je. Je ne te crois pas folle. Cependant c’est clair que tu souffres de dépression. Ta douleur est toujours là et tu as besoin de quelqu’un pour t’aider. Laisses-moi essayer. Laisses-moi devenir ton ami, ton confident, ton infirmier, ton psy, bref ce que tu veux du moment que tu me laisses un peu entrer dans ta vie.

    -          - Pourquoi tu veux faire ça pour moi ? Qu’est-ce que je suis pour toi ? Rien juste une étrangère.

    -          - Disons que je n’ai peut-être rien d’autres à faire que de sauver les jolies jeunes femmes en détresse, essayais-je de plaisanter.

    -          - Très drôle !

    -          - Justine ! Dis-moi ce qui te fait croire que Peter vient te rendre visite.

    -          - Je ne sais pas. C’est juste une impression. Depuis que Peter est mort je sens une présence. Et quand je lui parlais je sentais une chaleur m’envelopper.

    -          - Une chaleur ? Tu es sûre ?

    -          - Oui. C’était comme une caresse sur ma peau.

    Alors là je crois que je vais avoir une conversation avec Peter. En fait c’était lui qui l’empêchait de tourner la page, de faire en sorte que sa douleur ne s’efface pas. Je n’y comprenais plus rien. Pourquoi voulait-il qu’elle rencontre quelqu’un d’autres alors qu’il était le seul responsable de son état actuel. Il n’aurait jamais dû lui faire prendre conscience de sa présence. J’étais furieux et inquiet à la fois. Ça ne collait pas.

    -          - Est-ce que tu l’as vu ?

    -          - Non. Je sais que c’est lui mais je ne peux pas expliquer pourquoi j’en suis sûre. Par contre depuis quelques jours je ne ressens plus rien. C’est bizarre. C’est comme si on me retirait petit à petit un voile.

    -          - Hummm… depuis quand au juste ?

    -          - Et bien quand je me suis réveillée après…. Enfin tu comprends, il était moins présent. Et depuis mercredi plus rien.

    Ça coïncidait au jour de ma dernière conversation avec Peter. Depuis que je lui avais demandé de ne plus venir sinon j’arrêtais tout.

    Beaucoup trop de choses me paraissaient incompréhensibles, il fallait que j’entre en contact avec Sam. Il m’avait promis d’être là au cas où.

    Mais pour l’instant impossible pour moi de sortir d’ici sans elle. D’ailleurs si je lui proposais une sortie comment réagirait-elle ?

    -          - Justine ?

    -          - Oui.

    -          - Ça te dirait d’aller à la patinoire avec moi ?

    Elle me jetait un regard noir mais montrait également des signes d’incompréhension.

    -          - Comment sais-tu que j’aime patiner ? me dit-elle surprise.

    -          - Je ne sais pas ça m’est venu comme ça.

    J’espérais que le ton de ma voix ne trahirait pas mon mensonge.

    -          - Tu es sûr ?

    -          - Oui.

    -          - C’est bizarre quand même. Tout d’abord tu sors de nulle part pour me sauver et puis ensuite tu me parles de choses que j’aime et qui me tient à cœur. Qu’est-ce que tu me caches ?

    -          - Rien. Ce sont de pures coïncidences. J’aime bien la patinoire et nous sommes en hiver. J’ai pensé au cinéma mais je ne sais pas ce quels films passent en ce moment et puis pour tout t’avouer je ne voulais pas d’une sortie banale.

    -          - Je suis désolée Grégoire mais je déteste que l’on me mente. C’est une des choses que je ne peux pas pardonner.

    Cette dernière phrase a eu l’effet d’une douche froide. J’étais mal barré. Un jour elle allait savoir la vérité. Un jour elle me rejetterait à cause de mes mensonges.

    -          - Ça ne va pas Grégoire ? me demanda-t-elle d’une voix tendue. Tu es devenu très pâle tout d’un coup.

    -          - Oui, ça va. Ne t’inquiètes pas. J’ai seulement eu un coup de fatigue je pense.

    Elle me dévisageait. Etait-elle en train de me juger, de comprendre que je lui cachais quelque chose ?

    Je me sentais mal sous ses regards persistants. Je ne savais pas si je devais baisser les yeux d’un air coupable ou bien la regarder intensément, plongeant dans ses yeux corps et âmes. J’avais choisi de la fixer, de faire en sorte de la captiver comme le ferait un serpent regardant sa proie.

    Mais Justine n’était pas une proie. Elle était  une jeune fille débordante de beauté mais débordante d’amour pour un autre.

     

     

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