• Lorsque les âmes s\'en vont. Chapitre 1

     

     

    âmes

     

    CHAPITRE 1

     

     

    J’approchais du petit cimetière isolé de l’East Village au sud est de Manhattan. J’avais marché jusque là, ça me permettait de me vider la tête de tout ce qui c’était passé aujourd’hui.

    Mon patron avait été de mauvais poil, Andy le nouveau lui avait fait perdre deux clients importants. Dans ces cas là, il s’en prenait à tout le monde même à moi. La tension s’était fait ressentir toute la journée. Je n’avais eu qu’une hâte rentre chez moi, me taper une bière et manger une pizza tiède devant un match de basket.

    Mais il fallait que je sorte ce soir. Je me demandais souvent « pourquoi moi ? ». Certains diraient que je suis béni des dieux, moi je dirais plutôt que dieu m’a maudit. Parce que pour moi ce don est une malédiction, il m’a fait perdre tous ceux que j’aimais.

    Il y a trois ans, j’ai eu un accident de moto. Mon pote Samuel m’avait emmené faire une virée entre mec. Tout se passait pour le mieux jusqu’à ce que cette voiture qui arrivait en face ne zigzague sur la route nous éblouissant par la même occasion. Puis ce fut le choc et le trou noir pour moi jusqu’à mon réveil dans une chambre d’hôpital.

    Autour de moi, mes parents et ma petite amie Jane. Mais plus étrange d’autres personnes allaient et venaient sans que ça ne perturbe ma famille. Certains me souriaient, d’autres paraissaient nerveux. Ils disparaissaient pour réapparaître quelques instants après. Putain, j’hallucinais, j’avais dû faire une sacrée chute pour que les médecins m’injectent une telle dose de médicaments. J’étais complètement stone.

    Je reprenais petit à petit mes esprits demandant des nouvelles de mon ami. Ma mère en pleurs, tout comme Jane, m’a appris que Samuel était mort sur le coup, il avait pris la voiture de plein fouet alors que moi j’avais été éjecté quelques mètres plus loin. Les secouristes ont dit à mes parents que c’était un miracle si j’avais survécu. Un miracle ? Un miracle aurait été de nous sauver tous les deux. La culpabilité m’envahissait d’avantage chaque jour.

    A cette époque je vivais avec Jane dans un appartement aménagé au-dessus du garage de mes parents. Je n’arrivais pas à reprendre le cours de ma vie, je ne voulais toujours pas reprendre le boulot que j’avais à la banque. Nuit après nuit je faisais des cauchemars et à mon réveil toujours les mêmes personnes qui me regardaient. Je devenais fou, mon choc à la tête sans doute. Jane ne pouvait plus le supporter, nos disputes n’arrangeaient rien. Elle voulait que j’aille voir un psy, elle trouvait que mes hallucinations n’étaient pas normales, j’ai toujours refusé.

    Un matin elle est partie pour ne jamais revenir.

    Je n’ai rien fait pour la retenir, trop de choses entre nous me l’empêchaient. Cependant c’était comme si j’avais eu un électrochoc et je me suis réveillé comme sorti d’un long sommeil.

    Mes nuits étaient toujours aussi mouvementées avec quelques changements cependant. J’avais l’impression qu’ils m’appelaient. J’entendais mon prénom que des voix d’hommes ou de femmes soufflaient à mes oreilles.

    J’avais fait des recherches et j’avais appris que les gens qui avaient subi un grave traumatisme ou qui avait été dans le coma, pouvaient être dotés du don de voir les fantômes et de communiquer avec ces êtres de l’au-delà. Comment croire à ces choses alors que moi-même je ne croyais pas en dieu, ni à aucune vie extraterrestre ? Le surnaturel ne m’intéressait pas plus que ça sauf dans les films peut-être, et encore.

    Non ! ça ne devait pas être ça ! Mon cerveau me jouait des tours tout simplement. De toute façon je n’avais pas fait de coma. Le traumatisme bien sûr que je l’avais puisque les médecins m’avait appris que mon cœur avait cessé de battre quelques instants.

    Etait-ce possible que ce soit pendant ces quelques minutes où je suis mort que la liaison entre les deux mondes s’est produite ?

    Je ne comprenais pas et mon isolement est devenu de plus en plus grand. Ma mère pensait que c’était parce que je n’avais pas encore fait mon deuil, que c’était parce que je n’avais pas dit adieu à Samuel.

    Quelque part elle avait raison, j’étais encore à l’hôpital lors de son enterrement et depuis je n’avais pas encore été sur sa tombe. Peut-être était-il temps pour moi de le faire, lui dire adieu était-il le seul moyen pour que les fantômes de mes nuits disparaissent à jamais ?

    Six mois. Six mois qu’il avait quitté cette terre. Six mois que je vivais un véritable enfer.

    Je trouvais assez facilement sa tombe. Des fleurs fraiches y étaient déposées, sa grand-mère sûrement. Je prenais conscience que je n’avais même pas cherché à avoir de ses nouvelles. Elle devait être anéantie, elle n’avait plus que lui depuis que la mère de mon ami l’avait déposé avant de se suicider. Jamais il n’avait su qui était son père.

    En fait je savais pourquoi je n’avais pas pris le temps d’aller la voir. Je ne voulais pas croiser son regard. Elle se disait certainement pourquoi est-il toujours vivant alors que mon petit fils est mort ?

    Ma culpabilité revenait me frapper, cette fois en plein cœur.

    Je m’agenouillais posant mes mains où mon ami de toujours reposait à jamais.

    -          - Oh Sam ! Tu me manques tellement, dis-je tout haut.

    -          - Tu me manques aussi, me dit une voix derrière moi.

    Je me retournais brusquement, je n’arrivais pas à y croire. Mon ami d’enfance était là me regardant et me souriant. Il était comme tous ceux qui m’apparaissaient la nuit mais son visage n’était que tristesse. Je savais ce qu’il était, un fantôme.

     


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