• Loin de la rue - chapitre 30

     

     

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    CHAPITRE 30
     
     
     
     
    Je n'ai pas vu Mary-Anne de la journée. Elle a dû quitter l'appartement mais j'étais tellement dans l'histoire que tout ce qui se passait autour de moi n'était que superflu.

    J'arrivais si facilement à démêler la fiction et la réalité. Ce livre c'était nous mais avec un petit plus. Je pouvais voir notre histoire du point de vue de Matthiew. Je savais pourquoi il était parti de son village car l'histoire commençait à ce moment là. C'était comme si ce livre avait été pour lui une thérapie, il avait aussi ouvert son cœur. Il m'aimait j'en ai toujours été persuadé. Mais avec ses mots ça prenait une véritable ampleur.

    Cette nuit là j'ai eu du mal à trouver le sommeil. Dans ma tête des images. Un mélange de réalité et de fiction. Mais une image me réveillait constamment, cette image c'était celle de son visage. Son visage et surtout son regard qui me fixait. Il était si triste et il prononçait mon prénom encore et encore.

    Je sentais maintenant que ce que j'avais fait avait été une connerie mais je ne pouvais pas faire machine arrière. Je ne pouvais pas lui dire que j'avais eu tort et puis il restait encore du blanc à combler à notre histoire.

    Je me levais pour aller à mon travail. Mary-Anne n'était toujours pas rentrée. M'en voulait-elle d'être rentrée hier alors qu'elle avait de la compagnie ?

    En fait j'étais contente qu'elle ne soit pas encore rentrée. Ça me laisserait le temps de me préparer à avoir une conversation avec celle que je considérais un peu comme ma colocataire.

    Je trainais les pieds, la matinée avait été pénible. Sergio avait organisé une soirée et la salle était immonde.

    Je montais les escaliers et tournais la clef dans la serrure. La première chose que j'ai vu en pénétrant dans la pièce principale c'était mon livre enfin le livre de Matthiew, entre les mains de Mary-Anne.

    - Lâche-le s'il te plait, ce livre est à moi, criais-je en me disant que j'aurais dû le mettre dans mon sac comme pour tout ce à quoi je tenais.

    - Désolée, il était sur le canapé.

    - Excuse-moi mais j'y tiens énormément.

    - Tu sais que je l'ai rencontré ? me dit-elle d'une voix calme en regardant la photo de Matthiew au dos du livre.

    - Quoi ? ai-je dit en me laissant glisser sur le sol.

    - Ça ne va pas ? s'écriait Mary-Anne en se levant brusquement afin de venir près de moi.

    - Tu as rencontré Matthiew ? Où ça ? Quand ?

    - Au boulot, il y a quelques temps déjà. Il cherchait quelqu'un. Je m'en souviens parce que j'ai cru que c'était un détective privé. Je n'ai pas voulu t'en parler, tu étais assez mal comme ça mais il te cherchait.

    - Comment tu sais qu'il me cherchait ?

    - Est-ce que ce monsieur connait beaucoup d'Alice ?

    - Non ! Tu aurais dû m'en parler. Je devais être au courant.

    - J'ai cru te protéger. Et merde j'ai fait ce que j'ai cru bon de faire.

    - Il a dit autre chose ?

    - Qu'il te laisserait vivre ta vie si c'était ce que tu voulais vraiment mais à la condition que tu tiennes ta promesse.

    - Ma promesse ?

    - Lui dire au-revoir.

    - Il avait l'air d'aller bien ?

    - Pas facile à dire mais une chose est sûre rien ne comptait à part retrouver celle qu'il aimait.

    Je restais silencieuse. Ses dernières paroles avaient fait tilt dans ma tête. Il avait raison, je lui avais fait cette promesse. Lui dire au-revoir c'est tout ce qu'il m'avait demandé et moi j'ai fui sans un regard vers cet homme que j'aimais.

    - Alice ?

    - Oui, ai-je répondu fébrilement.

    - La dédicace t'est destinée n'est-ce pas ?

    - Je suppose.

    - Pourquoi l'as-tu quitté ?

    - Il le fallait.

    - Je ne comprends pas.

    - Il avait des obligations familiales et je n'avais pas ma place dans celle-ci. Je ne voulais pas me mettre en travers de sa route. Et puis j'avais un certain passé avant de le rencontrer. Et une partie de ce passé je n'en ai pas parlé à Matthiew.

    - Il a pourtant l'air de quelqu'un de compréhensif ?

    - Oui. Mais je ne savais pas à quel point.

    - Tu es vraiment bizarre. Pourquoi tu n'en as pas profité de tout lui raconter sur ton passé ? Au moins tu aurais fui pour de bonnes raisons. Tu as ce mec dans la peau et d'ailleurs je suis sûre que tes petits personnages en bois avec lesquels tu t'endors viennent de lui.

    - Comment tu sais pour les figurines ?

    - Je ne suis pas si nunuche. Tu les tiens même dans ton sommeil, je le vois lorsque je rentre et tu les emmènes toujours avec toi dans ton sac avec tout le reste de ce que tu aimes d'ailleurs. C'est pour ça aussi que le livre, enfin tu vois.

    - Oui. Je comprends et pour les sculptures tu as raison, c'est lui qui les a faites.

    - Alors fonce ! Rentre chez toi. Va le retrouver. Tu as la chance incroyable d'avoir rencontré un mec comme lui et crois-moi je sais de quoi je parle.

    - Je ne peux pas, c'est impossible. Je n'ai jamais fait machine arrière.

    - Et bien c'est le moment de changer. Je vais t'accompagner jusqu'au bus. Tu dois le retrouver, un tel amour est rare et précieux. Ne le gâche pas.

    Je la regardais ébahie. Je savais qu'elle avait raison mais comment faire face à la situation. Me retrouver devant Matthiew alors que je l'avais quitté sans aucune explication.

    Mon cœur battait fort et j'avais l'impression d'être en pleine crise d'angoisse. Mary-Anne me serrait fort dans ses bras, c'était la première fois qu'elle avait un geste d'affection pour moi.
    Moi aussi je l'ai prise dans mes bras en pleurs bien évidemment. Je sentais que je lâchais prise et que ma carapace se fissurait pour libérer enfin le vrai moi.
     
     
     
    loinrue2

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