• Loin de la Rue - chapitre 3

     
     

    loin
     
     
    Chapitre 3
     
     

    Mathiew




    Je pressais le pas afin de rentrer au plus vite dans mon appartement.

    J’étais bouleversé, elle m’avait bouleversé. J’avais tout de suite compris ce qu’elle pouvait vivre. Je savais que dans le quartier il y avait beaucoup de sans abri mais qu’une si jeune fille connaisse cette précarité m’était insupportable.

    Avait-elle conscience de sa beauté ? Elle m’avait touché le cœur à son premier regard. Je m’en voulais d’avoir joué un peu avec elle. Elle avait été mal à l’aise et avait dû prendre sur elle pour se montrer à moi. Son regard était fascinant. Elle devait avoir un sacré caractère et j’aimais ça. Je me demandais si ça faisait longtemps qu’elle était dans la rue.

    J’aurais aimé en parler avec le libraire mais vu sa réaction, il s’était mis un point d’honneur à la protéger et ne m’en avait rien dit.

    Je posais mon livre sur la table du salon. Ce matin, ma seule hâte était d’aller le chercher au plus vite et maintenant il me paraissait insignifiant.

    Il fallait que j’en ai le cœur net, j’attendrais qu’il fasse nuit pour errer moi aussi dans les rues. Je devais la retrouver. C’était comme un besoin. Mais je devais prendre mon autre apparence, celle que j’avais fui. Cet autre moi que je ne voulais plus. Et pourtant j’étais prêt à revenir sur ma décision pour la retrouver.

    J’avais encore en tête son odeur et cela m’était facile de la retrouver.

    Il était 18H30 lorsque j’ai pris la rue déserte derrière mon bâtiment. Je savais qu’il y avait un terrain vague, suivi d’un bois l’endroit parfait pour me transformer. Oh c’est vrai je ne vous ai pas encore dit ce que j’étais et bien je suis un loup. Enfin je me transforme en loup. Bien sûr toute de suite les gens pensent aux loup-garous, la pleine lune, le sang et bien non c’est autre chose.

    J’étais le dernier né d’une longue lignée de surnaturels. Nous étions beaucoup plus nombreux que ce que l’on pouvait penser car nous n’étions pas les seuls. Je connaissais quelques familles autres que la mienne mais qui se transformaient en autre chose. Les Curling par exemple sont des ours, les Forest sont des chevreuils. Il paraissait même qu’en Afrique il existait un clan de lions mais je ne les avais jamais rencontrés. Enfin bref c’était une autre histoire. Je devais me transformer sans aucun regard. Je ne devais pas me faire remarquer et pourtant ceux de mon espèce le sauront dès l’instant où je serais sous ma forme animale.

    La transformation était rapide, c’était même instantané dès l’instant où je l’appelais à sortir.

    Il me fallait être prudent, je ne devais pas me faire remarquer. Si la police soupçonnait qu’un loup se baladait en toute liberté dans les rues de Seattle, ils déclareraient la chasse ouverte et je serais obligé de fuir cette ville.

    J’évitais le plus possible les habitations et restais dans l’obscurité.

    Son odeur devenait plus forte dès l’instant où j’approchais des quartiers défavorisés de la ville. Je me faisais discret mais je savais que personne ne ferait attention vu l’obscurité d’une nuit sans lune qui m’était bien utile je devais bien l’avouer. J’entendais des voix et je pouvais distinguer plus loin des flammes jaunes et oranges qui dansaient au-dessus d’un énorme bidon en fer.

    La jeune femme que je cherchais n’était plus très loin, son odeur commençait à me chatouiller les narines. Cependant quelque chose avait changé, je sentais également la peur. J’entendais la conversation, elle était en danger. Je me dirigeais directement vers les voix. Deux hommes se tenaient devant un abri, enfin je préfère dire un abri car ça ne ressemblait en fait à rien. Instinctivement un grondement est sorti de ma gorge et j’avançais mes babines relevées afin que l’on puisse bien remarquer mes crocs. Je fixais les deux individus avançant en même temps.

    Enfin ils avaient compris car ils reculaient la peur dans leurs yeux pendant que je faisais des allées et venues devant ma protégée. J’étais à deux doigts de leur sauter à la gorge mais nous n’étions pas seuls et je ne voulais surtout pas effrayer cet être si vulnérable qui se trouvait non loin de moi.

    Comment pouvait-on vouloir du mal à quelqu’un comme elle ? Je n’arrivais pas à m’imaginer ce qui aurait pu se passer si je n’étais pas intervenu.

    J’ai attendu que ces malades soient hors de ma vue et je me suis tourné vers elle. Elle me regardait sans savoir ce qu’elle devait faire. Je voulais tellement la protéger. Ça ne devait pas arriver, je ne devais pas être dans cet état. Il va falloir que j’y réfléchisse plus tard.

    Je m’approchais doucement. Elle ne devait pas avoir peur de moi. Elle m’avait dit merci et se préparait à passer une nuit dans cet enfer. J’ai mis ma truffe dans sa main et la poussait légèrement. J’avais besoin de son contact. Elle m’a caressé pendant quelques minutes avant que le sommeil ne l’emporte.

    J’étais contre elle, cette nuit je lui donnerais de ma chaleur et surtout je veillerais à ce que personne ne s’approche.

    Je n’arrivais pas à dormir. Je regardais autour de moi avec mes yeux de prédateur, heureusement d’ailleurs, je n’aurais pas pu supporter de la voir ainsi avec mes yeux d’humain. Il fallait qu’elle s’en sorte mais comment lui faire accepter mon moi humain ? Notre première rencontre avait été compliqué et elle était sur ses gardes. Une chose était sûre elle ne voulait pas de notre pitié. Il va me falloir l’apprivoiser doucement et surtout me munir de patience. En attendant je veillerais sur elle la nuit, elle me fera peut-être quelques confidences.

    J’étais encore dans mes pensées lorsque l’aube pointa. Elle se réveillait et nos regards se sont croisés.

    - Bonjour toi, me dit-elle. Tu es resté tout la nuit à ce que je vois.

    Je lançais un gémissement.

    - Ne t’inquiètes pas maintenant qu’il fait jour ils ne reviendront plus m’embêter.

    Je me levais et poussais sa main comme je l’avais fait la veille. Elle me caressa le haut de la tête. Je fermais légèrement les yeux puis je me suis éloigné, traversant le terrain vague et retournant en toute hâte à l’endroit où j’avais caché mes vêtements.

     

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