• Loin de la rue - chapitre 24

    loin
     
     
    CHAPITRE 24
     
    Mathiew
     
     
     
     
    J'ouvrais les yeux péniblement ne sachant pas où je me trouvais. Ma vision était floue mais elle redevenait nette petit à petit. Je regardais autour de moi, j'étais chez mon père, dans ma chambre.

    - Alice ! dis-je tout haut.

    - Elle n'est pas là, me répondit une voix féminine.

    - Maya ?

    - Oui. Ne bouge pas. Tu es mal en point. Tu as été gravement blessé. Tu ne t'en rappelles plus ?

    Je me triturais l'esprit jusqu'à ce que je me rappelle la bagarre avec Kurt.

    - Kurt ! Kurt est mort ?

    - Oui.

    - Je veux voir Alice. Elle a tout vu, elle a dû prendre peur. Il faut que je lui explique.

    - Elle n'est plus ici ! Elle est partie cette nuit là.

    - Cette nuit-là ? Je ne comprends pas.

    - Ça fait déjà neuf jours que tu te bats pour guérir. Tu étais entre la conscience et l'inconscience.

    - Neuf jours ? Mais .... Il faut que je parte, que je rentre chez moi. Tu comprends je dois la trouver.

    - J'ai autre chose à te dire. Ton père est mourant. Il a eu une attaque et il y a de grandes chances pour qu'il ne passe pas la nuit. C'est de ton devoir de rester jusqu'à la fin. Tu as des décisions à prendre, des responsabilités.

    - Arrête tout de suite Maya. Mon père et moi c'est terminé depuis longtemps. Je pense qu'il y a assez de monde ici qui le pleurera et lui rendra hommage. Moi j'en suis incapable. La meute ? Je ne veux pas en avoir la responsabilité, il vous faudra choisir un autre chef. Et surtout je ne t'épouserais pas.

    - Alors on me rejettera du village. Je serais la honte de ma famille.

    - Maya ! Tu as le droit d'épouser qui tu veux. Il y a certainement quelqu'un que tu aimes bien ?

    - Oui. Enfin je sais qu'il m'aime bien. Mais c'est toi qui doit m'épouser c'est comme ça, ce sont nos lois.

    - Les lois sont faites pour être améliorées. Aide-moi à me lever. Je dois partir.

    - Et ton père ? Tu veux lui faire tes adieux ?

    - Mes adieux ? je les lui ai déjà faits il y a plus de deux ans. Et puis je n'ai jamais pu lui pardonner ce qu'il a fait à ma mère.

    - Il la battait elle aussi ?

    - Elle aussi ? Maya ne me dit pas que ce salaud te bat ?

    - Si. Mais que voulais-tu que je fasse ?

    - Allez voir le shérif.

    - Et tu sais bien que la meute m'en aurait empêché.

    J'essayais de me redresser mais j'en étais encore incapable. Neuf jours ! Neuf jours sans que je sache où se trouvait Alice. Etait-elle rentrée à l'appartement ? La connaissant elle n'aurait pas attendu là-bas bêtement. Pourquoi était-elle partie sans rien dire ? Elle m'avait fait une promesse ne pas partir sans me dire au revoir.

    J'étais bouleversé mais également épuisé. J'ai dû m'écrouler une fois de plus car je ne rêvais pas mais d'horribles cauchemars me réveillaient régulièrement alors que j'étais en sueur.

    Un matin je me suis sentie mieux. Je me suis enfin réveillé avec l'impression d'être frais et dispo.

    - Salut mec ! dit une voix masculine.

    - Salut ! Qu'est-ce que tu fais là ?

    - Et bien je tiens compagnie à un vieil ami. Et je pense qu'à ton réveil tu préférais me voir moi plutôt que Maya ! Je me trompe ?

    - Non ! Enfin juste sur une chose. Ce n'est pas toi non plus que j'aurais voulu voir à mon réveil.

    - Je sais.

    - Ça fait combien de temps que je suis comme ça ?

    - Deux semaines.

    - Mais Maya m'a dit neuf jours.

    - Ça c'était avant la fièvre. Tu as déliré un max. Nous n'arrivions pas à faire baisser la température.

    - Et .... Mon père ? ajoutais-je d'une voix grave.

    Nathan a froncé les sourcils prenant un air grave. Il s'est alors raclé la gorge.

    - Il est décédé. Nous avons été obligé de faire ses obsèques nous ne savions pas si tu allais guérir assez tôt pour y assister. Nous ne pouvions plus attendre tu sais pour son âme...

    - Je comprends. Et qui commande la meute depuis ?

    - Ton oncle.

    - Nathan. Il faut que je parte. Je dois la retrouver. Est-ce que tu peux aller chercher mon oncle ?

    - Il faut que tu saches quelque chose. Cette nuit-là quand je suis venu te chercher j'ai désobéi à ton père, à mon Chef, tu comprends ? Mais ce qu'il a fait était odieux, il n'avait pas le droit. Il l'a chassé ce soir là. Il l'a menacé de la livrer à son beau-père si elle ne te quittait pas. Cela faisait très longtemps que nous te surveillons. Nous avions envoyé des novices afin que tu ne te rendes compte de rien. Ton père a tout de suite fait des recherches sur ton amie lorsqu'il a su que tu te transformais pour la protéger. Il a trouvé sa famille, son beau-père principalement et à l'aide de ses contacts il a su ce qu'elle cachait.

    - Dis-moi ce que tu sais !

    - Je n'en sais pas plus. Il n'a jamais rien révélé. Mais peut-être que Maya ou ton oncle..

    - Nathan va le chercher. Laisse-moi quinze minutes pour me rendre présentable le temps presse.

    Nathan n'avait pas fait de commentaires et il était parti me laissant seul.

    J'ai pris quelques vêtements que j'ai trouvés dans mon armoire et j'ai filé sous la douche. Je sentais que j'en avais un besoin urgent.

    Je me sentais déjà mieux et je me dirigeais vers la cuisine lorsque le frère de mon père a ouvert la porte d'un air grave.

    - Matthiew ! Crois-tu être assez en forme pour te lever ?

    - Oui. Ça fait déjà trop longtemps que je suis ici. Assieds-toi.

    - Vu le ton de ta voix tu vas enfin prendre les rênes de cette bande de loup.

    - Non ! Justement. Je me décharge de ce rôle et je te nomme à ma place.

    - Ses dernières paroles ont été pour toi tu sais.

    - Ça m'est égal. Il n'était plus mon père depuis des années maintenant.

    - La mort de ta mère était accidentelle.

    - Non ! J'étais là ! Jour après jour il la battait. Jusqu'au jour où il l'a poussé si fort qu'elle s'est cogné la tête et ne s'est jamais réveillée. Tout le monde le savait et vous avez fermé les yeux.

    - C'était la parole du chef de meute contre la tienne. Les conflits se règlent entre nous. La police n'avait rien à faire dans notre village. Nous devions préserver notre secret.

    - Alors vous avez choisi le silence. Cet homme était fou. Et toi plus que quiconque le savais, tu es son frère. Et sa violence ne datait pas d'hier. Je me trompe ?

    - Non ! Mais je n'avais pas l'autorité. Il était l'aîné je n'avais pas d'autres choix que d'obéir.

    - Je ne peux pas rester ici. Ce n'est pas ma vie. Ramène la paix dans ce village, tu les connais tous et je sais que tu ne feras pas les mêmes erreurs que mon père. Fais ce qu'il faut pour regrouper tout le monde au plus vite. Faisons les choses correctement.

    - Tu es sûr de ta décision ?

    - Oui. Totalement. Ah ! Une dernière chose. Il y a quelqu'un dans la meute qui aime beaucoup Maya. Accorde-lui ce bonheur, elle le mérite.

    - Je sais de qui tu parles, c'est quelqu'un de très bien qui saura prendre soin d'elle.

    - Merci !

    Je restais seul dans cette maison que j'avais appris à détester. Cette fois-ci je partais pour de bon. Pour toujours ? Seul l'avenir nous le dira.
     
     
     
    loinrue2

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