• Loin de la rue - chapitre 21

     

    loin
     
     
    Chapitre 21
     

    Alice




    Toute cette histoire était si incroyable que j’avais encore du mal à y croire. J’avais l’impression d’être dans un état second. D’un côté c’était comme si j’avais toujours su la vérité, de l’autre comment croire que des êtres surnaturels puissent exister depuis sans doute des siècles sans que personne ne s’en soit aperçu.

    J’avais réfléchi un long moment et la première chose qui m’était venue c’était de prendre mes jambes à mon cou pour fuir ce village. Mais c’était avant. Avant que je réalise que je ne pouvais pas quitter Matthiew. Je l’aimais et j’avais trouvé la force de lui dire.

    J’avais enfin trouvé le bonheur. Une personne m’aimait et se préoccupait de mon bien-être et je ressentais la même chose pour lui. Je me suis rendue compte que même si il m’avait annoncé être le pire monstre qui existait j’aurais continué à l’aimer et je serais restée auprès de lui.

    Je savais que cela impliquait qu’on ne devait plus avoir de secrets, je devais lui parler comme il l’avait fait lui-même plus tôt dans la soirée.

    Mais je savais aussi que ce n’était pas le moment. Matthiew était si différent depuis qu’il était ici. A Seattle il était patient, calme, compréhensif, alors que dans son village natal, parmi les siens, parmi sa famille, il était nerveux, impatient, sur le qui-vive.

    Il m’avait parlé de Mya, de sa transformation en loup mais il avait omis une chose, pourquoi a-t-il tant d’animosité envers son père ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour arranger ça ?

    Je croyais avoir trouvé le moyen en marchant à côté du chef du village, au milieu de la forêt. Je ne savais pas comment me comporter. Voulait-il s’excuser ? Voulait-il en savoir plus sur les relations que j’avais avec son fils ? Le silence était pesant et j’entendais non loin de nous des branches craquées. Je ne devais pas montrer ma peur, bien que je soupçonne qu’il le sache déjà à cause de mon odeur. Les animaux ressentent la peur des humains, en était-il de même pour les métamorphes ?

    - Vous devez quitter Matthiew, me dit brusquement l’homme d’une cinquantaine d’année qui se tenait à un mètre de moi.

    - Comment ?

    - Matthiew doit reprendre sa place qui lui est dû. Il ne peut pas vous prendre pour épouse. Il doit en épouser une autre bientôt.

    - Déjà sachez que nous sommes qu’au début de notre relation. Vous ne savez rien de moi et je ne crois pas un mot sur le futur mariage de Matthiew.

    J’étais abasourdie, je n’arrivais pas à croire à ce que son père me demandait.

    - Je ne vais pas me répéter mais voilà je n’ai plus beaucoup de temps à vivre et nos lois exigent que le fils du chef doive reprendre le flambeau et la tête de la meute avec tout ce que cela implique. C'est-à-dire que comme ma femme Mya n’est pas sa mère il doit la prendre pour épouse. Elle doit faire en sorte de lui donner un héritier pour effacer l’affront de ne pas m’avoir donné un enfant de mon vivant. Est-ce que vous comprenez ?

    - Je comprends ce que vous dites je ne suis pas idiote. Mais nous ne sommes plus à la préhistoire et maintenant chacun à le droit de vivre sa vie comme il l’entend. C’est à Matthiew de prendre cette décision. Si il me dit un jour qu’il ne veut plus de moi, je m’en irais. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Je suis heureuse malgré tout d’avoir fait votre connaissance et j’aimerais rejoindre le village maintenant.

    - Puisque vous n’êtes pas idiote, je vais vous dire ce que j’ai à dire. Je sais qui vous êtes et je sais d’où vous venez. Mon fils a eu pitié de vous pauvre petite chose qui trainait sur le trottoir. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait ensuite pour qu’il vous emmène chez lui et à la rigueur je ne veux pas le savoir. Que les choses soient claires soit vous sortez immédiatement de la vie de mon fils, soit j’appelle votre oncle et je lui livre sa jolie nièce qui lui manque tant.

    - Comment connaissez-vous mon oncle ? demandais-je alors que je pleurais à chaudes larmes.

    - Vous croyez que je n’ai pas mené mon enquête lorsque j’ai su que mon fils s’était amouraché d’une trainée ?

    - Je ne suis pas une trainée, je ne vous permets pas de me juger. Vous êtes ignoble.

    Je m’écroulais sur le sol, mes jambes n’arrivaient plus à me porter.

    Les branches craquaient autour de nous mais je n’arrivais pas à distinguer quoi que ce soit dans l’obscurité. Enfin jusqu’à ce que plusieurs loups sortent de l’ombre et tournent autour de moi.

    Il m’a fallu que quelques secondes pour savoir que Matthiew ne se trouvait pas parmi eux.

    - J’ai entendu mon fils vous raconter ce que nous étions. Vous savez aussi que ce n’est pas un problème pour nous de nous débarrasser de vous mais Matthiew sentirait l’odeur de votre sang et ses congénères risqueraient de vendre la mèche en repensant à la scène. Par contre si demain matin vous êtes encore ici, mes amis ici présent n’auraient aucun mal à vous traquer et dès la première heure je prendrais un plaisir immense à annoncer à un certain monsieur que sa nièce est vivante et que nous la ramenons chez lui.

    - Il va vous détester pour ce que vous faites.

    - Vous ne lui direz rein sinon je mets mes menaces à exécution. C’est vous qu’il va détester pour l’avoir laissé tombé.

    - Il ne le croira pas.

    - Je me charge de mon fils. Les garçons montrés à cette …. Demoiselle de quoi vous êtes capables. Adieu Alice.

    Je me relevais brusquement alors que le père de Matthiew disparaissait dans le noir. J’ai fait demi-tour essayant de me rappeler où nous étions passés mais les loups grognaient légèrement, tournaient autour de moi, me barraient le passage à chacun de mes pas. Quelques uns montraient les crocs alors que mon instinct me disait de fuir très vite.

    Un grognement s’est fait plus puissant et en peu de temps un loup sautait par-dessus un buisson afin de se mettre devant moi pour me protéger.

    - Matthiew ! dis-je tout bas.

     

    loinrue2

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