• Loin de la rue - chapitre 13

     
     

    loin
     
     
    CHAPITRE 13
     

    Matthiew




    Les choses avec Alice s’étaient assez bien déroulées. Elle avait accepté de passer du temps chez moi mais je savais aussi qu’elle pourrait disparaitre à tout moment si je la pressais de trop. J’étais sur des œufs avec elle, toujours à me demander comment lui parler. Elle m’avait également précisé que cette situation n’était que provisoire.

    Je voulais qu’elle ne manque de rien et je lui avait un peu forcé la main pour une matinée shoping. Je savais aussi que pour l’instant elle n’aurait pas accepté de rentrer dans une boutique chic alors j’ai repensé à la boutique de friperies à la sortie de la ville. Ça, ça lui plairait !

    Je la trouvais déjà envoutante mais ce n’était rien comparé à ce que j’avais devant l’entrée de la cuisine. Les vêtements lui allaient à ravir et je n’ai pas pu m’empêcher de faire la comparaison avec ses vêtements d’hommes qu’elle portait habituellement.

    Cette nuit là j’ai mal dormi. Je tendais l’oreille à l’affut du moindre bruit. Mais ce que j’entendais c’était la respiration régulière de la jeune femme endormie dans la pièce à côté.

    Je regardais mon portable, il y avait encore des tonnes de messages que j’effaçais sans même les écouter. J’essayais de ne pas y penser mais en me transformant chaque nuit pour protéger Alice mon instinct de loup était réapparu. Et lorsque la nuit venait je sentais mon cœur s’accélérer jusqu’à ce que j’arrive à contrôler mes pulsations.

    Je savais que si pour une raison ou une autre je m’énervais je ne serais plus aussi fort et je me transformerais sans que je puisse y faire quelque chose.

    Je savais aussi que mes semblables partiraient à ma recherche. Ils étaient même en route. Bientôt ils viendront me chercher mais j’avais fait un choix, je ne voulais plus de cette vie.

    C’est l’odeur du café qui m’a réveillé. Je me trainais vers la cuisine attiré par l’odeur. Alice était là souriante. Elle portait un de mes tee-shirts ce qui m’a fait me rappeler subitement que je ne portais qu’un boxer. Je retournais enfiler un pantalon espérant qu’elle n’ait pas vu la réaction de mon corps devant le sien.

    En tout cas à mon retour, elle n’a rien fait paraître.

    Nous attendions gentiment sur le canapé l’arrivée de nos invités. Mr et Mme Blackwells venaient passés la soirée en notre compagnie. Alice était nerveuse et enroulait le tissu de son haut autour de ses doigts. C’était encore une étape pour elle et je la laissais gérer seule ses sentiments.

    Dès que Mme Blackwells a franchi la porte de l’appartement elle a pris Alice dans ses bras.
    La jeune fille avait quelque peu l’air effrayé mais elle se laissait néanmoins faire.

    - Comme je suis heureuse de te voir sur pied mon enfant.

    - Merci madame. Merci beaucoup pour ce que vous avez fait pour moi.

    - Ça te coûte, hein jeune fille ? me demanda Mr Blackwells en lui faisant un clin d’œil. Matthiew comment vas-tu mon garçon ?

    - Bien. Très bien même.

    Il avait compris ce que j’avais voulu dire mais un fragment de seconde il m’a paru inquiet à moins que je n’ai rêvé.

    Alice se détendait au fur et à mesure de la soirée et à chaque fois qu’elle me regardait je lui souriais pour lui donner du courage et l’apaiser.

    Alors que je préparais le dessert Mr Blackwells est venu me rejoindre.

    - Tu es amoureux mon garçon ça se sent à des kilomètres.

    - Ça se voit tant que ça ?

    - Et bien je crois qu’il n’y a qu’Alice qui n’a rien remarqué. Fait attention à elle, elle est encore fragile. Rien n’est acquis dans ce bas monde. Tu peux la perdre et crois-moi elle ne fera pas machine arrière. Elle a beaucoup souffert et elle souffre encore.

    - Je sais tout ça mais il n’y a pas qu’elle qui a souffert. J’ai eu mon lot moi aussi.

    - Mais tu n’as pas fini dans la rue toi, me coupa l’homme devant moi.

    - Vous avez raison.

    Nous sommes retournés dans la salle à manger chacun transportant deux assiettes contenant un morceau de gâteau au chocolat nappé d’un coulis de crème anglaise légèrement tiède.

    Alice me regardait, elle savait que je n’allais pas très bien. Elle posait sur Mr Blackwells et moi un regard inquiet.

    Il était déjà tard lorsque le couple a quitté notre appartement. Mr Blackwells a fait promettre à Alice de passer la voir le lendemain à la boutique parce qu’il avait un travail à lui proposer. Alice avait voulu en savoir un peu plus mais le vieil homme ne voulait pas parler de ça devant moi et sa femme. Je pense surtout qu’il voulait protéger Alice, il ne voulait pas qu’elle se sente mal à l’aise. Il ne voulait pas détruire la confiance qu’il avait instaurée avec elle depuis des années.

    - Tu as passé une bonne soirée, lui demandais-je alors que nous rangions la cuisine.

    - Oui. Mme Blackwells est une adorable femme. Je suis vraiment heureuse d’avoir fait sa connaissance. Et toi ?

    - Moi aussi. Ça faisait trop longtemps que je n’avais pas fait ça.

    - Ce n’est pas l’impression que ça m’a donné après le dessert. Mr Blackwells t’a annoncé une mauvaise nouvelle ?

    - Tu as remarqué ?

    - Evidemment.

    - Il a seulement peur que tu souffres encore une fois.

    - Oh ! Et pourquoi il t’a dit ça ? Il doit y avoir une raison.

    - Oui. Il y en a une mais je ne peux rien te dire. Du moins pas pour l’instant.

    - Je n’aime pas les cachotteries. Soit tu me dis ce qui se passe, soit je pars ce soir.

    - Et moi je déteste le chantage. Je n’ai pas dit que je ne voulais pas te le dire, je t’ai juste demandé du temps. C’est trop demandé ?

    - Non ! Excuse-moi.

    Je sentais ma colère bouillir dans mes veines, il fallait que je m’éloigne. Il fallait que je reprenne très vite le contrôle de mon corps.

    - Je finirais demain. Bonne nuit Alice.

    Je n’ai pas attendu qu’elle me réponde et je me suis précipité dans la chambre d’amis qui était devenu la mienne.

    Les pulsations de mon cœur battaient à un point que j’ai vraiment eu du mal à me contrôler. Ceux qui me cherchaient ne devaient plus être loin, à moins que ça ne soit moi qui est de plus en plus de mal à me contrôler à cause des sentiments de plus en plus fort que je ressentais pour elle.

    Mes instincts reprenaient le dessus et j’arrivais mieux à percevoir les bruits qui m’entouraient. Je pouvais l’entendre dans la cuisine, j’étais sûr qu’à mon réveil la cuisine serait rutilante. J’attendais allonger sur mon lit que ma respiration reprenne un rythme normal tout en écoutant les vas et viens d’Alice jusqu’à ce que j’entende sa propre respiration si paisible lorsqu’elle dormait.

    J’essayais de caler la mienne au même rythme que la sienne comme si nous ne faisions qu’un, et j’ai réussi à m’endormir vers une nuit pleine de cauchemars qui ne tarderaient pas à me réveiller tremblant et en sueur dans quelques heures.

     

     

    loinrue3

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