• Le pouvoir de l\'Iris - chapitre 20

     

    iris
     
     
     
    Chapitre 20




    En attendant Calum je préparais la deuxième chambre. Celle qui aurait pu être une chambre d’amis si j’en avais eu ou pour accueillir mes parents lorsqu’ils me rendraient visite. Seulement je n’avais plus de parents, ils ne se souvenaient plus de moi.

    Un coup brusque à la porte m’a fait sursauter et je me suis précipitée pour ouvrir. J’étais à la fois inquiète et rassurée de voir Calum alors que j’avais ouvert sans vérifier qui ça pouvait être. Il portait un corps que je ne voyais que dans l’obscurité et suivait cet étrange équipée jusqu’à la chambre.

    J’étais impatiente de revoir Raphaël bien qu’il ne réagissait plus à quoi que ce soit. Calum m’avait expliqué qu’il continuerait à vivre chez son ami au cas où la maison serait encore surveillée pour garder les mêmes habitudes et ne pas se faire remarquer par d’éventuels soupçons. Il m’avait demandé de faire comme chaque jour, ne pas changer mes horaires de travail, ne pas rentrer plus tôt, ne pas me faire plus belle, ni moins belle. Rester juste moi-même. J’étais prête à le faire pour sauver celui que j’aimais.

    Le sauver ? C’était le plus important mais à l’instant présent je n’avais aucune idée sur le moyen de le guérir ou du moins le faire réagir. Calum pensait qu’il ressentirait ma présence et que ça l’aiderait à aller mieux, du moins ça l’aiderait à sortir de sa léthargie.

    Il était là allongé sur ce lit sans même se rendre compte qu’il n’était plus dans sa maison. Je ne voulais pas pleurer, pas encore, pas tant qu’on ne me dira pas qu’il n’y a plus d’espoir. Je devais être forte, je devais affronter ce nouveau défit et surtout je devais, toute seule, nous protéger d’Hector.

    Calum a pris ma main pour m’entrainer dans le couloir.

    - Léna ! Merci ! Je sais que je t’en demande trop mais je crois que j’ai fait le bon choix en te le confiant. Il y a des choses que je ne peux pas t’expliquer. Des choses qui me sont étrangères mais que je ressens pour vous deux. Garde ça dans un coin de ta mémoire, vous êtes fait pour être ensemble j’en suis certain. Moi et le groupe nous ferons tout pour vous protéger tous les deux mais nous ne sommes pas infaillibles et Hector est très puissant. Sois prudente et ne fait confiance en personne. Le pouvoir de l’iris, Léna. Pense à ce qu’ils ont fait à tes parents.

    - Au fait pour mes parents et pour moi, merci d’avoir fait tout ça.

    - Ce n’est pas moi qui l’ai fait c’est Raphaël. J’ai juste fait ce qu’il m’a dit de faire, il avait vu juste au sujet de son créateur et c’est pour ça qu’il s’est éloigné de toi précipitamment. Il aurait dû lui faire la peau avant de pouvoir boire ton sang. Mais je préfère que ce soit lui qui t’en parle un jour prochain, je l’espère.

    - Tu peux me faire un promesse ?

    - C’est à voir ! Tu sais les vampires et les promesses ne font pas bon ménage.

    - Juste que si Raphaël ne s’en sort pas de me raconter toute l’histoire.

    - C’est promis ! Mais je te préviens je ne sais pas grand chose.

    Il allait partir lorsqu’il s’est retourné vers moi.

    - J’oubliais le plus important. Il faut que tu saches que tu es en danger même avec lui. Si il s’égare, il peut te faire du mal. Il peut même te tuer.

    - C’est rassurant !

    Avec un sourire au coin des lèvres il est parti si rapidement que je me demandais encore comment ils pouvaient faire cela. J’avais envie de regarder par la fenêtre mais c’est une chose que je ne faisais plus depuis des mois et je ne devais pas me faire remarquer.

    Je me retrouvais seule avec un vampire malade et incontrôlable et pourtant je m’approchais inévitablement de sa chambre pour le voir.

    Il était encore plus pâle qu’à son habitude. Et pour la plupart il pouvait passer pour mort. Je me suis assise près de lui et j’ai pris sa main. Elle était inerte comme le reste de son corps mais la chaleur de ma peau lui redonnerait de l’espoir.

    - Raphaël, c’est moi Léna ! Je suis là avec toi. Réveille-toi mon amour, j’ai besoin de toi.

    Rien à faire ! Aucune réaction.

    Je me levais et allais éteindre la lumière de ma chambre comme si j’allais me coucher. Oui j’allais me coucher mais pas dans cette pièce dans l’autre avec lui. J’étais folle, je savais que je ne devais pas. Et s’il se réveillait sentant l’odeur alléchante de mon sang alors que ça fait des mois qu’il ne s’est pas nourri. Il me tuerait sur le champ sans même comprendre que celle qui vidait de son sang c’était moi.

    Je m’en moquais, j’avais besoin d’être près de lui. Je me suis allongée à côté de son corps, ma tête tournée vers lui et j’ai pris sa main.

    J’ai dormi d’une traite alors que j’entendais mon réveil sonner dans l’autre pièce. Au moins j’étais encore en vie. Je ne savais pas si ça devait me rendre heureuse ou non.

    Je me suis préparée et avant de partir je suis allée encore une fois voir mon colocataire clandestin.

    - Je reviens ce soir mon amour, lui dis-je en lui déposant un léger baiser sur ses lèvres.

    Sur le chemin du travail je regardais dans mon rétroviseur et je crois bien avoir remarqué qu’on me suivait, à moins qu’avec toute cette histoire je ne sois devenue parano.

    Chaque jour depuis deux semaines c’était la même routine, je dormais contre Raphaël, je lui parlais, je lui déposais des baisers lorsque j’arrivais ou lorsque je partais. Je comprenais ce que devais vivre les personnes qui ont des êtres chers dans le coma sans savoir si un jour ils se réveilleront. Sauf que moi j’avais une épée de Damoclès au dessus de ma tête en plus, je vivais avec un vampire dans le coma et il n’y avait aucun antécédent à ce fait.

    Je réfléchissais souvent à un moyen de le faire réagir, de lui faire boire du sang. Mais Calum lors de sa dernière visite m’a dit qu’il avait tout essayé, tous les groupes sanguins, même du sang animal, du sang de vampire… Raphaël ne les supportait pas, il les rejetait même.

    Un soir j’ai eu une idée. Oh bien sûr pas la meilleure, la plus dangereuse je devrais dire. Je voulais voir si il supporterait mon sang. Mais je jouais avec le feu. Si il le supporterait je le mettrais en appétit et il m’attaquerait. Tant pis ! Je n’avais pas le temps de réfléchir, il fallait que j’essaie.

    Je me suis installée près de lui et je me suis entaillée le doigt avec un couteau de cuisine. Le plus gros celui qui me sert pour la viande. Le sang est apparu et j’ai mis mon doigt sur ses lèvres. Je voyais ce tout petit filet entrer dans l’entrée étroite de sa bouche. Aucune réaction. Au bout de cinq minutes j’ai retiré mon doigt et je suis allée me désinfecter dans la salle de bain et me mettre un pansement.

    Lorsque je suis retournée dans la chambre, j’ai vraiment eu l’impression que Raphaël avait repris des couleurs. Mais c’était sans doute mon imagination car il ne bougeait toujours pas d’un pouce.

    J’ai répété mon geste pendant trois jours. Je savais que ça lui faisait du bien car pour la première fois depuis très longtemps il n’avait pas rejeté le si peu qu’il avalait.

    La fin de la semaine arrivait et j’étais enfin en weekend. Calum était en face de moi alors que je buvais un café à la table de la cuisine.

    - Tu es folle ou quoi ? criait-il alors que je venais de lui dire ce que j’avais fait.

    - Il fallait que j’essaie tu comprends. Le voir comme ça sans aucune réaction je n’en peux plus. Je me suis rendue compte que ma vie ne serait plus comme avant si je le perdais à tout jamais.

    - Tu avais réussi à te reconstruire pourtant. J’ai tout gâché je n’aurais pas dû l’emmener ici. Je vais le ramener chez lui, ce serait plus prudent.

    - Non ! Je t’en supplie ! Ne me l’enlève pas une nouvelle fois.

    - Mais il va te tuer. Tu ne comprends pas qu’il va être d’une extrême violence à son réveil. Un vampire a des besoins, il est comme un animal qui traque sa proie lorsqu’il est envahi par la soif et l’odeur du sang.

    - Je m’en moque. Plus rien ne me retiens ici de toute façon. Si je n’avais pas été si lâche je me serais tuée il y a des mois maintenant.

    - Il ne l’aurait pas supporté tu sais.

    - Quoi ? Que je meure ?

    - Oui. Enfin si tu n’avais plus été toi. Si Hector ….

    - Si Hector m’avait fait une esclave sans âme et à sa merci ?

    - Oui. C’est déjà ce qui était arrivée la première fois, pour Bérénice.

    - Bérénice ?

    - Ce n’est pas à moi de te le dire. Surtout que je ne l’ai jamais connu. C’était il y a des dizaines et des dizaines d’années. Je ne sais pas exactement.

    - Il m’a parlé d’un amour perdu c’était elle ?

    - Oui. Hector lui a fait ce qu’il tentait de faire mais c’était différent.

    - Comment ça différent ? Explique-moi s’il te plait !

    - Je ne sais pas si c’est à moi de te raconter et puis je ne sais pas l’histoire dans sa totalité. Tout ce que je peux te dire c’est qu’avec toi son amour est plus intense, plus vrai. Est-ce à cause de cette légende ? J’ai cherché tu sais.

    - Et tu as trouvé ? Tu sais de quoi elle parle cette légende.

    - Non. Rien ! C’est bizarre quand même. Il y a un lien entre toi et Raphaël qui est incompréhensible pour des personnes comme moi. Jamais je n’ai vu ni entendu un cas pareil. Je sais je me répète souvent mais ça me laisse vraiment perplexe. Tu sais je suis quelqu’un de très brute. Pas brute dans le sens violent mais brute dans le sens animal. Est-ce que tu saisis la différence ?

    - Pas trop mais je crois comprendre. Je ne peux pas te dire ce qu’il y a entre moi et Raphaël mais je sais que c’est fort, très fort. Je ressentais son regard sur moi-même si je ne le voyais pas. Il pouvait me faire passer ses sentiments les plus intimes sans même me toucher. Je sens un énorme vide depuis qu’il m’a quitté. La douleur est plus grande encore que la perte de mes parents.

    - Est-ce qu’il t’a expliqué pourquoi il devait te quitter ?

    - Il ne me l’a jamais expliqué. Je ne sais pas pourquoi et cette douleur est encore plus intense justement pour ces raisons là.

    - Est-ce indiscret si je te demande ce qui s’est passé juste avant son départ ?

    - Oui. Mais je ne suis plus à ça près maintenant. Nous venions de faire l’amour, c’était un instant si magique, si fort, que je ne l’ai pas repoussé lorsqu’il a …. Bu mon sang, mais ça tu le sais déjà.

    - Oui. Et il en a bu beaucoup ?

    - Non. Il s’est repris juste à temps. Enfin je suppose. Il avait l’air si désespéré et lorsque je me suis réveillée il n’y avait plus de trace de lui dans la demeure. Il avait pris tous ses vêtements, je restais seule sans comprendre ce qui m’arrivait. J’ai attendu mais personne n’est venu sauf lorsque je suis sortie et que je suis tombée nez à nez avec Hector et sa bande de gardes du corps.

    Le silence avait repris place dans la pièce. Je sirotais mon café qui était pratiquement froid. Calum avait éteint la lumière car il avait peur que l’on trouve bizarre que je passe autant de temps dans ma cuisine.

    Calum ne disait rien, il avait l’air de réfléchir. Je me tenais silencieuse également bien que mon plus cher désir était de m’allonger auprès de mon vampire à l’agonie.

    - Je vais rester cette nuit si tu n’y vois pas d’inconvénient.

    - Mais….

    - Les autres membres du groupe sont chez Raph, ils me couvrent. Seulement tu lui as donné ton sang et j’ai bien peur qu’il ne réagisse à un moment donné. Et je sais qu’il me pourchasserait pendant des siècles si il t’arrivait quelque chose à cause de lui.

    - J’ai un truc à te dire.

    - Pas la peine. J’ai senti ton odeur sur l’oreiller, tu dors avec lui c’est ça ?

    - Oui.

    - Tu es vraiment inconsciente. Mais j’aime ta bravoure, il n’y a pas à dire il y a vraiment quelque chose chez toi d’étranges.

     

     

    05.wir.skyrock.net

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :