• Dans le ciel de Londres - Chapitre 5

     

     

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    CHAPITRE 5

     

    Je me réveillais doucement encore toute retournée de ce fichu cauchemars. Ma tête me faisait mal et je touchais une légère bosse. J’ai pris tout d’un coup conscience que ce n’était peut-être pas un rêve, je me souvenais de l’agression maintenant. Mais comment m’en étais-je sortie ?

    J’ai voulu me lever mais avec trop de précipitation et j’ai senti le besoin de me rassoir. J’essayais de reprendre mes esprits lorsque j’entendis les ronronnements proches de mon colocataire. Il était sur mon lit et me regardait.

    -          - Je vois que quelqu’un t’a déposé là. Merci d’avoir pris soin de moi, lui dis-je en lui grattant la tête.

    Me sentant plus forte, j’ai refait un essai et me suis relevée plus doucement cette fois. Je me demandais si la personne qui m’avait sauvé de cette agression se trouvait toujours dans mon appartement ou bien si une fois sortie de ma chambre je trouverais les pièces vides de tous mes meubles. Apparemment rien n’avait changé. Je marchais sans faire de bruit et à l’affût. On ne sait pas sur qui je vais tomber. Mais il est peut-être déjà parti en voyant que j’allais mieux et en sécurité chez moi. J’avançais vers le clic clac lorsque j’ai entendu un bruit. Quelqu’un bougeait sur mon canapé. Je m’approchais encore et je vis un homme endormi à moitié assis à moitié couché dans une posture assez inconfortable d’ailleurs. Il avait l’air paisible et dormait d’un profond sommeil. Je me baissais afin de voir son visage car ce corps, ce physique, cette couleur de cheveux me disait quelque chose. Simon ! Mais oui c’était bien lui, mon inconnu de la quincaillerie, le menuisier de la boutique de déco chic.

    Je ne savais même pas qu’il habitait dans mon quartier. Je pouvais enfin le regarder plus intensément sans honte. Il avait les traits fins mais marqués à certains endroits, ses cheveux avait l’air bien entretenus et soyeux, ses yeux étaient fermés mais pas crispés, apaisés. Sous ce tee-shirt devait se cacher un corps doux et musclés, mais pas trop. Si on m’avait demandé de décrire l’homme idéal, l’homme de mes rêves je crois que sans le savoir c’est exactement lui que j’aurais décrit. Mais il avait l’air trop parfait pour que ce soit vrai, il devait certainement y avoir quelque chose qui clochait. Un mauvais caractère ? Je ne crois pas il m’avait semblé doux et gentil à la boutique à moins que ce ne soit qu’une façade, un rôle qu’il tient pour attirer les jeunes femmes dans sa toile et qu’il ne soit trop tard pour qu’elles s’aperçoivent que ce n’est qu’un pervers.

    Je me suis dirigée vers la cuisine et j’allais préparer du café lorsque j’ai aperçu dans l’évier une poche de glace. Machinalement je touchais ma tête à l’endroit même où se trouvait une minuscule bosse. Il ne s’était pas contenté de me ramener il s’était occupé de moi. Je souriais légèrement et décidais qu’il n’était pas un pervers.

    J’étais allée chercher mon chat et le ramenait à la cuisine afin de lui donner à manger ainsi que ses médicaments.

    L’odeur du café commençait à se répandre dans l’appartement et je mis une brioche à réchauffer dans le four.

    -          - Bonjour, je vois que tu vas beaucoup mieux.

    J’ai sursauté avant de me retourner et de voir mon sauveur dans l’encadrement de la porte.

    -          - Oh pardon, je ne voulais pas te faire peur. L’odeur du café m’a réveillé et je voulais savoir si tu allais bien.

    -          - Je vais bien, merci. J’ai eu un peu de vertiges en me levant mais maintenant ça va mieux. Je voulais te remercier pour hier soir…. Enfin… pour cette nuit. Sans toi je serais peut-être à l’hôpital ou même à la morgue à l’heure qu’il est.

    -          - Ce n’est rien. Je passais par là. Il y a des nuits où j’ai des insomnies et me ballader dans le silence de la ville m’aide beaucoup. On va dire que j’ai eu la chance d’être là au bon moment. Je vais te laisser. Maintenant que j’ai la certitude que tu vas bien je vais rentrer chez moi.

    -          - Attends ! Ne pars pas, j’ai du café et de la brioche chaude. Reste pour le petit déjeuner, je te dois bien ça.

    Je lui fis mon plus beau sourire pour le persuader de rester et lorsqu’il m’a fait un signe d’acquiessement de la tête il a dû remarquer que mes yeux brillaient de joie. Je ne savais pas si j’avais raison mais je voulais en savoir plus sur lui, je voulais apprendre à le connaitre. Je voulais savoir pourquoi mon cœur battait si fort en sa présence et pourquoi son odeur  m’attirait au point que je désirais me blottir dans ses bras. Je ne le connaissais pas et on s’était vu seulement deux fois. Mais c’est comme si je le connaissais depuis toujours, comme une certitude de l’avoir déjà connu auparavant. Et pourtant si j’avais déjà croisé ce regard, ces yeux, je m’en serais souvenu pour le reste de ma vie.

    Je lui ai servi un bol de café et mis sur un plateau brioche, confiture, miel, sucre afin d’aller nous installer dans le salon.

    -          - J’ai vu les photos dans le magazine, me dit-il subitement.

    -          - Oh ! Oui ! Il va sortir dans quelques jours mais nous avons un exemplaire par le journal. Elles te plaisent ?

    -          - Oui, elles sont magnifiques. Je te suis très reconnaissant pour avoir mis en valeur mon travail.

    -          - Tu es menuisier ?

    -          - Oui. Enfin depuis peu de temps. Je bricole, je rends des services, je répare, je raffistole, enfin bref je suis mon propre chef.

    -          - Oh ! ça doit être dur, lui dis-je gênée.

    -          - Je ne suis pas un vagabond, j’ai un logement et je suis à jour dans mes factures, me dit-il sèchement en se levant.

    -          - Je ne voulais pas te blesser. Je suis désolée, j’ai manqué de tact. Je ne voulais pas être désagréable, j’ai un boulot fixe et j’ai des fois du mal à faire des projets. Oh bien sûr ça ne fait que quelques semaines que je suis à Londres mais les temps sont durs et il faut avoir une bonne mutuelle et un peu d’argent de côté pour survivre ici.

    -          - Excuse-moi, je ne voulais pas m’énerver. Mais je ne sais pas pourquoi j’ai besoin que tu ne pense pas ça de moi.

    J’avais encore ses paroles dans ma tête, il avait besoin que je pense qu’il est quelqu’un de bien. Cet attirance était-elle réciproque ?

    -          - Je crois que quelqu’un s’impatiente dans la cuisine, me dit-il en me regardant dans les yeux.

    -          - Je l’avais oublié. Je ne suis pas encore habituée, je ne suis sa propriétaire que depuis hier. Je l’ai sauvé d’une mort certaine, on voulait l’emmener à la fourrière.

    Je le ramenais et l’ai installé entre nous deux.

    -          - Tu es un peu comme son ange gardien, me dit-il d’une voix douce, tout en caressant l’animal.

    -          - Sans doute. Un peu comme toi, tu es le mien, lui dis-je sans oser le regarder.

    J’ai senti tout de fois qu’il se crispait à l’énoncé de ma dernière phrase. Sa main s’était même arrêtée un moment avant de reprendre le va et vient des caresses que j’aurais aimé sur mon corps plutôt que sur celui de mon chat.

    -          - Comment s’appelle-t-il ?

    -          - Qui ? Oh oui, le chat, lui demandais-je en rougissant.

    C’est vrai que je n’y avais pas encore songé et c’est comme une évidence lorsque j’ai laissé échapper un son de ma bouche.

    -          - Angel, il s’appelle Angel.

    -          - Pourquoi Angel ? Qu’est-ce qui t’a fait choisir ce nom ?

    -          - Et bien je dois te l’avouer je n’en avais pas encore trouvé un lorsque tu me l’as demandé mais ça m’est venu comme ça parce que c’est comme ça qu’il doit s’appeler.

    Il gardait le silence et caressait toujours l’animal et lorsque j’ai voulu moi aussi lui gratouiller le cou nos mains se frolèrent. Une chaleur a parcouru mon corps en partant de mes doigts jusqu’à la pointe de mes orteils. Lui aussi avait dû le ressentir car il regardait sa main en la tenant de l’autre. Que c’était-il passé ? Etait-ce ça le coup de foudre ? Car je venais de réaliser que depuis que j’avais croisé ce regard ce serait lui et personne d’autres. Je n’avais pas vu les signes mais maintenant j’avais retrouvé mes esprits et désirais plus que tout au monde partir à l’autre bout de la planète avec lui, seulement lui.

    Il se leva, pris son blouson et se dirigea vers la porte.

    Pourquoi s’éloignait-il de moi ?

    -          - Tu es vraiment obligé de partir tout de suite ?

    -          - Oui. C’est mieux comme ça.

    -          - Je…. Je te reverrais ?

    -          - Je ne sais pas. Je ne dois pas te revoir.

    -          - Pourquoi ? lui dis-je les larmes aux yeux.

    -          - Parce que tu aurais des ennuis et tu ne mérites pas ça.

    Il essuya une de mes larmes avec son pouce et m’embrassa tendrement sur la joue avant de descendre rapidement les escaliers sans même un regard dans ma direction.

    Je restais là un moment sur le palier sans comprendre ce qui m’arrivait, sans comprendre ses paroles.

     

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    .....ooOoo.....

     

     

    POV de SIMON

     

    J’arrivais à l’atelier que me servait aussi d’appartement assez essoufflé d’avoir couru tout le long du chemin.

    J’avais du mal à reprendre une respiration calme afin que mon cœur ait un rythme plus normal. Je savais que j’aurais dû la laisser cette nuit lorsque j’ai compris qu’elle allait bien. Pourquoi n’étais-je pas parti avant qu’elle ne sache que c’était moi qui l’avais sauvé de ces deux types.

    Pourquoi cette erreur ? Par égoïsme je suppose.

    Me réveiller par l’odeur du café, la regarder avant qu’elle ne sente ma présence avait été un pur bonheur. Mais ce qui m’avait fait chavirer le cœur c’est d’avoir enfin connu la joie de la vie à deux en partageant un petit déjeuner avec l’amour de sa vie. Une vie de couple je n’en avais pas le droit, ce bonheur m’était interdit.

    Qu’avais-je fait de si grave ? Pourquoi une telle punition ? Me faire payer mes fautes m’avait déjà couté bien cher. Ce n’était pas juste, je ne le méritais pas.

    Je sentais encore la chaleur que j’avais éprouvé en frôlant ses doigts, elle se répandait encore dans chaque partie de mon corps. Je n’avais jamais ressenti cela de toute mon existence.

    J’avais tellement désiré la prendre dans mes bras, sentir la chaleur de son corps, le parfum de ses cheveux mais je n’y avais pas droit.

    Je touchais du bout des doigts mes lèvres qui l’avaient embrassé pour une unique et seule fois. Elle n’a pas dû comprendre ma réaction. Elle était restée là devant sa porte, les yeux remplis de larmes.

    Je pris un objet qui se trouvait là et je l’ai envoyé fortement contre le mur.

    Je souffrais tellement, m’éloigner d’elle serait la première chose que je devais faire même si mon cœur se le refusait.

     

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