• Dans le ciel de Londres - Chapitre 22

     

     

    ciel

     

    CHAPITRE  22

     

    Je ne connaissais Aurora que depuis quelques jours et j’avais l’impression que nous étions plus proches que je ne l’avais été avec n’importe qui jusqu’à présent. Elle était facile à vivre, toujours joyeuse, curieuse d’apprendre la vie dans mon monde.

    Elle était fascinée par tout ce qu’elle voyait et pourtant elle avait la capacité de savoir se servir de chaque objet comme si elle les connaissait. Sa bonne humeur me faisait du bien et pourtant mon cœur était bel et bien brisé.

    Ce matin il fallait que j’aille faire des photos sur l’inauguration d’un parc. Rien de bien intéressant et surtout on ne savait pas encore si il allait y avoir un article sur ce sujet.

    Je préparais mon matériel avec précaution en vérifiant que je n’oubliais rien. Aurora me posait des questions sur mon travail, sur l’utilité qu’il y avait à faire ce que je faisais. J’avais l’impression de me remettre en question et de me donner des raisons de continuer ce métier.

    -          - Pourquoi tu y vas alors que tu n’aimes pas faire ce genre de photos ? me dit-elle subitement.

    -          - Je n’ai pas dit que je n’aimais pas.

    -          - Mais je l’ai senti au son de ta voix. Qu’est-ce que tu aimes faire, raconte-moi.

    -          - Je ne sais pas. Rien de particulier. Enfin si j’aime prendre les gens, leurs expressions, les paysages, les changements de saison, de temps.

    -          - Et tu ne le fais pas actuellement ?

    -          - Ce n’est pas pareil on m’impose mes photos, les inaugurations ce sont des évènements officiels, les personnes présentes ne sont pas totalement eux-mêmes. C’est un peu comme si ils jouaient un rôle.

    -          - Vous êtes tellement compliqués. Quitte ton travail et fait ce qui te plait, qu’est-ce qui t’en empêche ?

    -          - L’argent ma belle. Tout simplement l’argent. Ici sur Terre il nous faut travailler pour payer le loyer, la nourriture, l’assurance maladie, et toutes les autres factures.

    -          - Et tu n’as pas d’argent ? me dit-elle surprise.

    -          - Non je n’ai pas d’argent.

    Je regardais subitement autour de moi. Je me rappelais que le loft m’appartenait et que le joli compte en banque bien rempli que Simon m’avait laissé me permettrait de réaliser beaucoup de mes rêves.

    Je levais les yeux vers ma nouvelle amie.

    -          - Enfin j’ai de l’argent mais je ne veux pas m’en servir il est à Simon.

    -          - Fais comme tu veux mais….

    Subitement elle se leva. Angel était à la porte de l’appartement et avait le poil dressé tout en grognant et crachant. Des frissons ont parcourus mon corps, je savais ce que ça voulait dire. Il y avait un démon à l’extérieur.

    Aurora me fit signe d’approcher.

    -          - Est-ce lui ? me dit-elle tout bas.

    Je regardais discrètement à l’extérieur et lui fit un signe d’acquiescement.

    -          - Ça y est nous y sommes. Es-tu prête à l’affronter ?

    -          - Oui je crois. Mais j’ai peur. Seras-tu avec moi ?

    -          - Oui mais pour l’instant il ne pourra pas me voir. Toi non plus d’ailleurs mais tu me sentiras tout autour de toi. Ne t’inquiètes pas j’ai quelque ressource pour te protéger.

    -          - Est-ce que les démons savent que des êtres comme toi existent ?

    -          - Oui bien sûr. Mais ils n’ont jamais à faire à nous. Il y a les anges pour ça. C’est vraiment une première pour moi et pour mon espèce. Maintenant plus de question il faut y aller.

    Elle avait été cherchée mon matériel en un éclair et me poussait légèrement vers la sortie. Je tremblais de la tête au pied. Guillaume s’en rendrait compte et penserait que je suis vulnérable. Et il aurait raison je le suis. Sans Simon à mes côtés comment avancer vers un avenir incertain.

    Une douce chaleur tournait autour de moi. Aurora avait disparu mais j’ai su que c’était elle qui m’entourait de sa protection.

    J’essayais d’être normale. Ne pas oublier de fermer la porte, de respirer profondément et de prendre la direction de ma voiture.

    -          - Bonjour Kathleen.

    Il avait pris cette voix mielleuse qu’il avait pris la première fois que je l’avais rencontré.

    -          - Bonjour ! lui répondis-je sèchement.

    -          - Je voulais savoir si tu allais bien. Ça doit être dur de se faire abandonner comme ça.

    Il prenait un plaisir certain à me blesser.

    -          - Je n’ai pas été abandonné et tu le sais très bien. Ne tournons pas autour du pot. Je sais ce que tu es et je sais ce que tu as fait à Judith alors ce n’est pas la peine de prendre tes airs bourgeois et bien élevés avec moi.

    Je sentais que ma colère prenait le pas sur ma peur. Je devais cependant rester sur mes gardes. J’avais en face de moi quelqu’un de puissant, quelqu’un qui d’un geste pouvait me tuer. Aurora était toujours aussi présente autour de moi. Elle me donnait la force que j’avais besoin pour poser la question qui me brulait les lèvres depuis un moment déjà.

    -          - Pourquoi moi ? Pourquoi tu me veux absolument ? Et ne me dis pas que c’est parce que je t’ai résisté.

    -          - Et pourtant c’est une partie de la vérité.

    -          - Oh ! Arrête ! J’ai le droit de savoir.

    -          - Tu es spéciale Kathleen. Les gens de mon espèce te convoitent depuis un moment. Beaucoup veulent t’obtenir.

    -          - M’obtenir ? Mais pourquoi ?

    -          - Tu as été sauvé par un ange. Tu es un peu comme un pot de miel pour un ours. C’est plus fort que nous, nous sommes attirés par toi.

    -          - Mais beaucoup de monde sont sauvés par les anges.

    -          - Oui mais aucun d’eux n’est tombé amoureux de celle qu’ils ont sauvé. Surtout qu’il ne devait pas le faire, il n’était pas ton ange gardien. Et c’est ce qui te rend particulière. T’avoir dans nos rangs sera une victoire. Une victoire contre le bien. Et nous rêvons de ce moment depuis longtemps. Elle ouvrira une brèche pour  que la bataille finale soit en notre faveur. Alors quand je t’ai vu avec Judith je me suis dit que c’était ma chance. La chance d’avoir de plus grandes responsabilités, un plus grand pouvoir. Et je ne laisserais pas échapper ma chance. Alors que tu le veuilles ou non tu seras mienne.

    -          - Jamais,  plutôt mourir.

    -          - Mais tu vas mourir très chère. Mais seulement après que je me sois amusé un peu avec toi bien sûr.

    -          - Alors je me tuerais avant. Je n’appartiens qu’à un seul homme et cet homme s’appelle Simon.

    Mes points étaient fermés tellement fermés que j’en avais mal. J’étais en colère, elle bouillonnait et ne demandait qu’à exploser. Mais la douce chaleur qui m’enveloppait m’aidait à m’apaiser.

    Guillaume riait mais d’un rire mauvais.

    -          - Tu ne reverras jamais cette pourriture. On te l’a enlevé pour toujours. Tu n’as pas choisi la bonne personne. Avec eux tu ne peux pas aimer, alors qu’avec nous, avec moi tu peux réaliser tous tes rêves de luxure. Personne ne viendra m’arracher à toi.

    -          - Est-ce que tu comprends ce que je dis ? Ja…. Mais ! Je ne t’aime pas et même si je parais en colère contre…. Enfin bref. Je ne serais pas à toi.

    Il s’approcha brusquement de moi et me prit le bras brutalement. J’avais mal et serrais les dents. Mais d’un coup Guillaume me lâcha, il criait et de sa main s’échappait de la fumée.

    -          - Tu es encore protégée ? Mais par qui ? Je ne comprends pas, ils se sont détournés de toi.

    En un éclair il avait disparu me laissant là ahuri. Sous une pluie d’étoiles apparut Aurora. Son sourire avait disparu et elle m’enveloppait de ses bras.

     

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