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    Chapitre 22
     

    Matthiew




    Je tournais en rond dans ma chambre, je trouvais le temps long en attendant Alice. J’aurais dû les suivre mais je savais qu’Alice m’en aurait voulu de ne pas avoir confiance. Je saurais dès qu’elle franchirait la porte si mon père avait été odieux avec elle. Elle ne pourrait pas me le cacher, je le lirais dans ses yeux.

    - Matthiew ! Matthiew !

    Je me précipitais dans la pièce principale et je suis tombé nez à nez avec celui que je croyais être mon ami.

    - Nathan, qui y’a-t-il ? C’est Alice c’est ça ?

    - Oui, viens vite. La meute est en train de lui faire peur. Je suis désolé mais là je n’avais pas le choix, ils vont beaucoup trop loin, je ne veux pas participer à ça.

    - Où sont-ils ? Et mon père pourquoi ne les a-t-il pas arrêtés ?

    - Matthiew !

    - Ne me dis pas que ce sont les ordres de ce vieux fou ?

    - Ne perdons pas de temps.

    Je sentais le sang bouillonner en moi. Il ne m’a fallu que quelques secondes pour me transformer sous ma condition de loup. Il m’était plus facile sous cette forme de retrouver Alice et surtout j’allais beaucoup plus vite.

    Je n’arrivais pas à croire ce que j’avais devant les yeux. Alice était terrifiée. Les loups tournaient autour d’elle alors qu’un se détachait du lot pour la bousculer mais sans pour autant la faire tomber.

    J’ai fait un bond afin de me retrouver à l’intérieur du cercle, juste devant Alice afin de la protéger.

    J’essayais tant bien que mal d’entrer dans les pensées de mes congénères. Ils avaient eu des ordres. Pour eux Alice devait partir, elle n’était pas de notre monde et ne ferait jamais partie de la meute.

    Ils sont complètement cinglés. C’était comme si on avait embrouillé leur cerveau. Je ne les reconnaissais plus, il me semblait que petit à petit ils redevenaient sauvages. C’était clair pour moi qu’ils n’étaient plus aussi humains qu’auparavant. Mon père était responsable de leur état. Je savais depuis longtemps qu’il était dur et exigeant mais sa soif de pouvoir, de suivre à la lettre les anciennes religions, les anciennes lois de nos aïeux le rendant intransigeant et lui avait fait perdre l’esprit.

    Je grognais suffisamment fort afin que tout le monde puisse comprendre mes intensions.
    Certains ont reculé pour disparaitre enfin derrière des bosquets, d’autres ont tenté d’avancer vers moi, vers Alice, mais c’était sans compter mon regard qui en disait long.

    Ils ont fini par céder eux aussi et c’est alors que j’ai remarqué qu’il ne me restait qu’un seul adversaire Kurt bien sûr.

    J’ai poussé Alice afin qu’elle comprenne qu’elle devait se mettre à l’abri.

    - Non Matthiew ! Je t’en supplie ne fais pas ça. Il va te tuer. S’il te plait je ne pourrais pas le supporter.

    Je savais qu’elle disait vrai et que je ne devais pas me laisser guider par la colère. Je me suis tourné vers elle et elle s’est accroupie afin de me prendre dans ses bras enfin disons qu’elle avait passé ses bras autour de mon cou et elle avait posé sa tête contre la mienne.

    Elle avait gagné je l’incitais à se lever et à me suivre sur le chemin du village.

    Kurt en avait décidé autrement et m’a sauté dessus par derrière propulsant Alice sur le côté dans un cri. Je me débattais alors que je voyais Alice se relever péniblement. Elle n’avait rien de grave c’était le principal.

    Une bagarre entre loup est quelque chose d’assez spectaculaire. Chaque adversaire enfonce ses crocs dans la chair de l’autre, s’agrippant, roulant sur le sol. Tout va très vite et en général c’est assez violent. J’essayais de ne pas penser à Alice. Je savais qu’à la moindre faiblesse de ma part Kurt aurait l’avantage. Et je ne devais en aucun cas lui faire ce plaisir. Et puis j’avais quelques comptes à rendre avec lui.

    Je ne savais pas depuis combien de temps nous nous battions. Aucun de nous ne voulait lâcher prise. J’avais mal partout et je perdais beaucoup de sang. Je savais à l’odeur que Kurt était bien plus mal en point que moi mais je savais aussi qu’il n’abandonnerait pas pour quelques blessures.

    Et puis j’ai eu de la chance, enfin si on peut dire Kurt avait lâché mon cou afin de prendre un peu plus de prise. C’est alors que je me suis débattu fortement le propulsant de mes pattes arrière. J’ai réussi à me relever avec du mal et j’ai vu son corps gisant sur le sol car il avait repris sa forme humaine. Je me suis approché. Poussant le corps de mon museau, j’ai su qu’il était mort, je l’avais tué.

    Je me suis alors tourné vers l’endroit où devait se trouver Alice. Je l’avais presque oublié pendant le combat. Mais malgré la nuit claire et la lune brillante je ne la voyais pas, elle n’était plus là.

    J’allais courir vers le village mais je devais être plus faible que je ne le pensais car ma vue se brouillait et j’ai sans aucun doute perdu connaissance alors que des hurlements me parvenaient aux oreilles.

     

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    Chapitre 21
     

    Alice




    Toute cette histoire était si incroyable que j’avais encore du mal à y croire. J’avais l’impression d’être dans un état second. D’un côté c’était comme si j’avais toujours su la vérité, de l’autre comment croire que des êtres surnaturels puissent exister depuis sans doute des siècles sans que personne ne s’en soit aperçu.

    J’avais réfléchi un long moment et la première chose qui m’était venue c’était de prendre mes jambes à mon cou pour fuir ce village. Mais c’était avant. Avant que je réalise que je ne pouvais pas quitter Matthiew. Je l’aimais et j’avais trouvé la force de lui dire.

    J’avais enfin trouvé le bonheur. Une personne m’aimait et se préoccupait de mon bien-être et je ressentais la même chose pour lui. Je me suis rendue compte que même si il m’avait annoncé être le pire monstre qui existait j’aurais continué à l’aimer et je serais restée auprès de lui.

    Je savais que cela impliquait qu’on ne devait plus avoir de secrets, je devais lui parler comme il l’avait fait lui-même plus tôt dans la soirée.

    Mais je savais aussi que ce n’était pas le moment. Matthiew était si différent depuis qu’il était ici. A Seattle il était patient, calme, compréhensif, alors que dans son village natal, parmi les siens, parmi sa famille, il était nerveux, impatient, sur le qui-vive.

    Il m’avait parlé de Mya, de sa transformation en loup mais il avait omis une chose, pourquoi a-t-il tant d’animosité envers son père ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour arranger ça ?

    Je croyais avoir trouvé le moyen en marchant à côté du chef du village, au milieu de la forêt. Je ne savais pas comment me comporter. Voulait-il s’excuser ? Voulait-il en savoir plus sur les relations que j’avais avec son fils ? Le silence était pesant et j’entendais non loin de nous des branches craquées. Je ne devais pas montrer ma peur, bien que je soupçonne qu’il le sache déjà à cause de mon odeur. Les animaux ressentent la peur des humains, en était-il de même pour les métamorphes ?

    - Vous devez quitter Matthiew, me dit brusquement l’homme d’une cinquantaine d’année qui se tenait à un mètre de moi.

    - Comment ?

    - Matthiew doit reprendre sa place qui lui est dû. Il ne peut pas vous prendre pour épouse. Il doit en épouser une autre bientôt.

    - Déjà sachez que nous sommes qu’au début de notre relation. Vous ne savez rien de moi et je ne crois pas un mot sur le futur mariage de Matthiew.

    J’étais abasourdie, je n’arrivais pas à croire à ce que son père me demandait.

    - Je ne vais pas me répéter mais voilà je n’ai plus beaucoup de temps à vivre et nos lois exigent que le fils du chef doive reprendre le flambeau et la tête de la meute avec tout ce que cela implique. C'est-à-dire que comme ma femme Mya n’est pas sa mère il doit la prendre pour épouse. Elle doit faire en sorte de lui donner un héritier pour effacer l’affront de ne pas m’avoir donné un enfant de mon vivant. Est-ce que vous comprenez ?

    - Je comprends ce que vous dites je ne suis pas idiote. Mais nous ne sommes plus à la préhistoire et maintenant chacun à le droit de vivre sa vie comme il l’entend. C’est à Matthiew de prendre cette décision. Si il me dit un jour qu’il ne veut plus de moi, je m’en irais. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Je suis heureuse malgré tout d’avoir fait votre connaissance et j’aimerais rejoindre le village maintenant.

    - Puisque vous n’êtes pas idiote, je vais vous dire ce que j’ai à dire. Je sais qui vous êtes et je sais d’où vous venez. Mon fils a eu pitié de vous pauvre petite chose qui trainait sur le trottoir. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait ensuite pour qu’il vous emmène chez lui et à la rigueur je ne veux pas le savoir. Que les choses soient claires soit vous sortez immédiatement de la vie de mon fils, soit j’appelle votre oncle et je lui livre sa jolie nièce qui lui manque tant.

    - Comment connaissez-vous mon oncle ? demandais-je alors que je pleurais à chaudes larmes.

    - Vous croyez que je n’ai pas mené mon enquête lorsque j’ai su que mon fils s’était amouraché d’une trainée ?

    - Je ne suis pas une trainée, je ne vous permets pas de me juger. Vous êtes ignoble.

    Je m’écroulais sur le sol, mes jambes n’arrivaient plus à me porter.

    Les branches craquaient autour de nous mais je n’arrivais pas à distinguer quoi que ce soit dans l’obscurité. Enfin jusqu’à ce que plusieurs loups sortent de l’ombre et tournent autour de moi.

    Il m’a fallu que quelques secondes pour savoir que Matthiew ne se trouvait pas parmi eux.

    - J’ai entendu mon fils vous raconter ce que nous étions. Vous savez aussi que ce n’est pas un problème pour nous de nous débarrasser de vous mais Matthiew sentirait l’odeur de votre sang et ses congénères risqueraient de vendre la mèche en repensant à la scène. Par contre si demain matin vous êtes encore ici, mes amis ici présent n’auraient aucun mal à vous traquer et dès la première heure je prendrais un plaisir immense à annoncer à un certain monsieur que sa nièce est vivante et que nous la ramenons chez lui.

    - Il va vous détester pour ce que vous faites.

    - Vous ne lui direz rein sinon je mets mes menaces à exécution. C’est vous qu’il va détester pour l’avoir laissé tombé.

    - Il ne le croira pas.

    - Je me charge de mon fils. Les garçons montrés à cette …. Demoiselle de quoi vous êtes capables. Adieu Alice.

    Je me relevais brusquement alors que le père de Matthiew disparaissait dans le noir. J’ai fait demi-tour essayant de me rappeler où nous étions passés mais les loups grognaient légèrement, tournaient autour de moi, me barraient le passage à chacun de mes pas. Quelques uns montraient les crocs alors que mon instinct me disait de fuir très vite.

    Un grognement s’est fait plus puissant et en peu de temps un loup sautait par-dessus un buisson afin de se mettre devant moi pour me protéger.

    - Matthiew ! dis-je tout bas.

     

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    Chapitre 20

     

    Mon père, si il m’avait dit la vérité, était proche de la mort et au lieu de se réconcilier avec son unique fils, de bénir sa vie nouvelle, il recommençait à géré ma vie. Mais j’ai lutté une fois, je recommencerais.

    Pour l’instant je n’avais qu’une hâte rejoindre Alice.

    Elle était encore dans ma chambre et dans sa main un de mes loups sculptés.

    -         - J’ai entendu des cris, qu’est-ce qui s’est passé ?

    -         - La meute n’a pas apprécié que je veuille parler à mon père.

    -         - Et ?

    -         - Et on part demain matin. Je te ramène à Seattle.

    -         - Tu reviens ici après ?

    -         - Non ! Je ne remettrais plus jamais les pieds ici. Du moins tant qu’ils n’ont pas accepté de vivre avec leur temps.

    -         - Ton père, je vais le rencontrer avant que l’on parte ? J’aimerais le voir au moins une fois.

    -         - On assistera au repas si tu le désires.

    -         - Merci.

    Elle s’est retournée afin de regarder par la fenêtre tenant toujours dans sa main le petit loup en bois.

    -         - Alice, j’ai besoin de toi.

    -         - Je sais, dit-elle en soupirant. Je peux te poser une question ?

    -         - Oui.

    -         - Est-ce que je peux craindre pour ma vie avec ce que tu es ?

    -         - Alice, est-ce que tu t’es senti en danger avec le loup chaque nuit ?

    -         - Non, c’était plutôt le contraire, je ne m’étais jamais senti aussi protégée.

    -         - C’est ce que je suis. Mon caractère ne va pas changer d’une forme à une autre.

    -         - Est-ce que je te verrais te transformer ?

    -         - C’est possible si je dois te protéger en urgence mais j’ai appris à me maitriser, à contrôler mon côté animal. Donc je peux te dire avec certitude que si tu veux voir ma transformation c’est parce que nous l’aurons décidé ensemble.

    -         - Oh ! Matthiew ! me dit-elle en se jetant dans mes bras. J’ai voulu te détester, j’ai voulu avoir peur de toi. Mais je n’y arrive pas. Je t’aime.

    -         - Qu’est-ce qu.. Qu’est-ce que tu as dit ? lui demandais-je en mettant un doigt sous son menton afin de lui faire lever la tête pour que nos regards se croisent.

    -         - Je t’aime Matthiew, répétait-elle tout en versant des larmes qui roulaient sur son visage.

    -         - Oh mon amour ! Si tu savais depuis combien de temps j’attends ses paroles, rajoutais-je en l’embrassant tendrement.

    Il faisait nuit lorsque nous avons été convié à partager le repas avec tout le monde. Alice s’accrochait à ma main anxieuse.

    Nous nous avancions vers la lumière d’une autre bâtisse où tout le monde était déjà attablé.

    Mon père mangeait sans lever la tête vers nous alors que Mya venait à notre rencontre.

    -         - Je vois que les choses ont évoluées entre vous, nous dit-elle en regardant nos doigts enlacés.

    -         - Je ne vois pas en quoi ça te concerne, lui dis-je un peu sur le qui-vive et surtout je me demandais si elle savait ce que mon père avait exigé.

    -         - Matthiew reste poli s’il te plait, me priait Alice, ne gâche pas cette soirée.

    Je lui ai fait un sourire et je lui ai déposé un baiser sur la tempe alors que nous suivions Mya jusqu’à notre place.

    Je savais que c’était mon père qui avait décidé où nous serions installés. Il n’avait pas perdu ses habitudes. C’est à cette place qu’il mettait tous ceux qu’il voulait surveiller, analyser afin de trouver leurs points forts ou leurs points faibles. Nous en étions donc arrivés là.

    Je serrais les dents, j’étais prêt à exploser. Alice me tenait la main et de son pouce caressait ma paume afin que je sache qu’elle était avec moi.

    J’étouffais, je voulais partir d’ici. C’était trop dur à supporter. Je détestais cet homme qui était mon père.

    A l’intérieur de mon corps je sentais les changements, mon sang bouillonnait, il fallait que je me contrôle, il le fallait.

    Le repas s’est enfin terminé sans que je réussisse à avaler quoi que ce soit. Alice s’était montrée forte et j’étais fière d’elle.

    -         - Matthiew ! appelait mon père.

    -         - Qu’est-ce qu’il y a ?

    -         - Attends ! Bonjour mademoiselle, dit mon père en se tournant vers Alice. J’aimerais faire quelques pas avec vous, il fait bon ce soir pour nous permettre une promenade digestive. Enfin si vous le voulez bien sûr.

    -         - Il n’en est pas question. Alice n’ira nulle part avec toi. Avec ce que tu lui as fait tu aurais dû t’excuser en premier lieu.

    -         - Matthiew ! Ne t’inquiète pas pour moi. Je te rejoins tout à l’heure. S’il te plait.

    -         - Mmmm…. Mais n’aies aucune confiance en lui, reste sur tes gardes.

    -         - Promis.

    Je la regardais s’enfoncer dans la forêt avec mon père. Cette entrevue ne me disait rien qui vaille. Mon père était trop calme, trop sûr de lui, il préparait quelque chose j’en étais persuadé.

     

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    Chapitre 19

     

    Nous avions le souffle court et nos lèvres étaient brûlantes et gonflées à force de nos baisers.

    J’avais le cœur qui battait très vite et mes yeux étaient rivés aux siens.

    -         - J’ai quelque chose à te révéler mais je ne sais pas comment te le dire sans te faire peur, lui dis-je en restant fixés à ses grands yeux expressifs. J’aurais aimé avoir plus de temps pour le préparer à ce terrible secret mais je préfère que tu l’apprennes de ma bouche par d’autres tu prendrais ça comme une trahison.

    -         - Tu commences à me faire peur. Il y a pire sur ta famille ? Sur toi ?

    -         - Les deux, lui dis-je tout en bas en baissant la tête.

    -         - Parle-moi. J’ai besoin de savoir.

    -         - Je t’aime Alice. Je t’aime depuis le jour où mon regard s’est posé sur toi et j’ai peur que tu ne veuilles plus me voir, j’ai peur que tu me fuis.

    -         - Pourquoi ?

    -         - Parce que je suis un monstre, un être abject, je suis contre nature.

    -         - Je ne comprends pas, me dit-elle d’une voix inquiète en s’écartant de moi.

    -         - Regarde mes yeux Alice. A qui te font-ils penser ? Essayes de deviner. Fais un effort, c’est trop dur.

    -         - Tes yeux ? dit-elle d’une voix tremblante. C’est vrai que tes yeux m’ont toujours fait penser à …

    -         - Oui Alice, vas-y, continue. Je t’en supplie !

    -         - Mais c’est impossible.

    -         - Si Alice c’est possible, vas au bout de ta pensée.

    -         - Tu as les mêmes yeux que mon loup. La même couleur, le même éclat, les mêmes expressions. Tu ne veux quand même pas me faire croire que…

    -         - Que je suis…. Ton….. loup ? Si, c’est exactement ce que je suis. Je t’ai sauvé cette nuit là parce que j’étais déjà avec toi.

    -         - Arrête ! dit-elle en se levant brusquement. Je ne peux pas croire en tes paroles. C’est impossible, les loups-garous n’existent pas.

    -         - Je ne suis pas un loup-garou. Rappelle-toi la conversation que nous avons eu au sujet de mon manuscrit.

    J’essayais de m’approcher d’elle doucement et de prendre ses mains mais elle reculait toujours et gardait ses mains contre son corps. J’essayais d’accrocher ses yeux comme nous le faisions il y a encore peu de temps mais j’y voyais la peur et la colère alors je n’ai pas insisté.

    -         - C’était l’histoire d’un homme que se transformait en animal et qui tombait amoureux d’une simple humaine. Tu avais dit que c’était un métamorphe. Alors tout est vrai ? Tu me parlais de notre histoire ?

    -         - Oui mon amour. Tout est vrai, lui dis-je en m’asseyant sur mon lit complètement désespéré mais tellement soulagé de ne plus avoir de secret pour elle.

    -         - Je ne peux pas encore te dire que j’accepte le fait que tu te transformes en loup. J’avoue que ça me fait peur mais je comprends mieux certaines choses. J’aimerais que tu me racontes tout maintenant.

    J’essayais tant bien que mal à tout lui expliquer. Elle restait loin de moi et évitait de me regarder. Elle était attentive et me posait des questions. Au moment où je terminais mon récit on a frappé à la porte de ma chambre.

    -         - Matthiew ! C’est l’heure ! Ton père et les autres t’attendent pour le conseil.

    -         - Mya va t’en d’ici ! Et dis à mon père d’aller se faire voir.

    Toute ma colère montait en moi et je n’avais qu’une envie de me transformer et de courir à travers bois jusqu’à ce que je sois plus calme. Mais je n’étais pas seul, je devais veiller sur Alice. Je voulais rentrer chez moi avec elle, reprendre là où on s’était arrêté. J’avais envie de m’endormir près d’elle et de me réveiller avec l’odeur de ses cheveux et la chaleur de son corps.

    -         - Matthiew ! Tu dois parler à ton père, dit Alice subitement me faisant sortir de mes rêveries brusquement. C’est peut-être ta dernière chance de t’expliquer avec lui.

    -         - Je ne veux pas te laisser seule. Et puis ils t’ont enlevé et amené ici. Je ne leur pardonnerais jamais pour ce qu’ils t’ont fait.

    -         - Nous en reparlerons plus tard. Vas ! J’ai besoin d’être seule, de réfléchir sur toi, sur nous.

    -         - S’il te plait ne t’enfuis pas dès que j’aurais le dos tourné. Même si tu ne veux plus de moi je veillerais à ce que tu retournes à Seattle auprès de Mr et Mme Blackwells et si tu me le demandes je sortirais de ta vie.

    -         - Je te jure de ne pas m’enfuir.

    Je franchissais la porte en prenant soin de la refermer derrière moi. J’étais anéantie et j’en voulais à mon père, à la meute, pour avoir gâché ma vie depuis de longues années maintenant.

    J’ai traversé les quelques bâtisses du village et me dirigeais vers un bâtiment un peu plus grand que les autres, l’endroit même où mon père avait l’habitude de réunir la meute.

    A mon entrée tous les hommes et les adolescents qui se trouvaient là se sont tues et m’ont regardé avancer vers leur chef.

    -         - Fils ! Assieds-toi ! Tu es en retard pour le conseil.

    -         - Je ne viens pas assister au conseil. Je viens vous dire que je quitte la meute et ce village dès demain. J’emmène avec moi la jeune fille que tu as fait enlever et je compte bien ne jamais revenir.

    -         - De quel droit oses-tu parler ainsi à notre chef ? me dit Kurt d’une voix éraillée et pleine de colère et de rage.

    -         - De quel droit ? C’est peut-être votre chef mais pour moi il est mon père, criais-je en regardant Kurt comme si j’allais d’un instant à l’autre lui sauter dessus.

    -         - Calmez-vous ! suggéra un vieil homme au fond de la salle. Je savais sans même me retourner à qui appartenait cette voix. Mon oncle avait été un allier mais les années avaient passées sans que je sache si les choses avaient changé ou non. Je pense que Matthiew a besoin de parler seul à seul à son père. Je te suggère donc d’ajourner le conseil jusqu’à demain.

    Mon père acquiesça de la tête et tout le monde s’est levé afin de nous laisser seul un moment mais c’était sans compter Kurt qui m’a bousculé en passant près de moi.

    -         - Veux-tu qu’on reste ici ou bien qu’on rentre chez nous ? me demandait mon père.

    -         - Ici ça fera l’affaire. Alors commençons. Pourquoi veux-tu absolument que je revienne ?

    -         - Parce que ta place est ici.

    -         - Non ! Je veux la vérité tout de suite.

    -         - A quoi bon, de toute façon tu pars demain.

    -         - Et je t’ai trouvé un peu trop calme sur ce coup-là.

    -         - Je vois que tu me connais bien. Parle-moi de la jeune fille, tu l’aimes ?

    -         - Cela ne te regarde pas. Tu n’avais pas le droit non plus de m’envoyer presque toute ta meute pour me ramener. J’ai fait une croix sur toi et sur ce village le jour où je suis parti il y a un peu plus de deux ans.

    -         - Tu devais épouser Mya, son père avait accepté cette union.

    -         - Nous ne sommes plus au moyen âge. J’ai le droit de décider de ma vie, d’épouser qui je veux.

    -         - Comme cette fille ?

    -         - Oui comme cette fille. Alors ne t’avise pas à te mettre en travers de ma route.

    -         - Tu m’en veux encore pour ta mère ?

    -         - Laisse ma mère reposer en paix. Tu ne la méritais pas et elle en est morte.

    -         - Tu n’as pas le droit de me juger. Je suis le chef et je dois prendre certaines décisions.

    -         - Je m’en vais, on ne pourra jamais avoir une conversation normale.

    Je tournais les talons et je filais vers la sortie lorsque la voix de mon père m’a stoppé net.

    -         - Je suis malade Matthiew. Je n’ai plus beaucoup de temps à vivre.

    -         - C’est encore un moyen de pression ? Tu veux me prendre par les sentiments, lui demandais-je amèrement.

    -         - Non ! Je te dis la vérité. Il est temps pour toi de prendre ma place.

    -         - Quoi ? Il n’en est pas question. Je ne veux pas de ce rôle et tu le sais très bien.

    -         - Tu n’as pas le choix, tu es mon fils, mon héritier et puis tu dois prendre Mya comme épouse à ma mort, c’est nos lois.

    -         - A voilà ! Nous y sommes ! Tu as tout calculé. Je n’aime pas Mya et je ne l’aimerais jamais.

    -         - Mais qui te dis de l’aimer. C’est comme ça que ça doit se passer, un membre de la famille doit la prendre comme épouse.

    -         - Alors choisis quelqu’un d’autre.

    -         - Non ! Tu obéiras je t’en fais le serment.

    -         - C’est une menace ?

    -         - Prends-le comme tu l’entends.

     

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